National | Communiqué de presse

L’UNF et La Via Campesina revendiquent les droits des paysans MAINTENANT

Le17 avril de chaque année, La Via Campesina (LVC), le mouvement international regroupant 200 millions de paysans, de petits et moyens exploitants, de sans-terre, de femmes et de jeunes ruraux, d’indigènes, de migrants et de travailleurs agricoles du monde entier, commémore le massacre de paysans sans terre à Eldorado dos Carajás, au Brésil, en 1996. Les paysans ont été massacrés alors qu’ils luttaient pour une réforme agraire et foncière et faisaient partie du Mouvement des travailleurs sans terre (MST) du Brésil (pour en savoir plus sur le massacre et l’impunité persistante
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). Cette date a été établie comme une journée de commémoration, d’action et de protestation pour les organisations membres – l’UNF étant l’un des 182 membres au niveau mondial – afin de lutter pour des changements dans les politiques publiques en faveur des zones rurales.

Cette année, la Journée internationale de la lutte paysanne est marquée par un nouvel espoir : la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP – lire le texte
ici
). Le 18 décembre 2018, l’Assemblée générale à New York a adopté l’UNDROP, une déclaration unique dans sa formation et son processus. La Via Campesina – un véritable mouvement social mondial de base sans direction d’État ou d’ONG – a mené la discussion et défini les articles en utilisant son propre langage. Il vise à déterminer comment les paysans accèdent à la terre, aux semences, à l’eau et aux ressources naturelles et comment ils les contrôlent. Aujourd’hui, l’UNF et La Via Campesina North America reconnaissent les luttes paysannes à l’échelle mondiale et dans nos contextes régionaux, et exigent des changements politiques radicaux qui favorisent la réforme agraire et la justice sociale sous l’égide de l’agroécologie et de la souveraineté alimentaire.

Le Canada n’est pas à l’abri des politiques agricoles et sociales axées sur les entreprises et le commerce qui sapent notre capacité à vivre de manière durable. En tant que fermières et fermiers familiaux et/ou à petite échelle et travailleurs agricoles de l’UNF, nous sommes solidaires de nos frères et sœurs du monde entier dans la lutte pour les droits des paysans. Nous demandons instamment au gouvernement canadien de ratifier la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales et de démontrer son engagement envers les fermières et les fermiers avant les intérêts des entreprises.

Voici quelques exemples de la manière dont l’UNF lutte activement pour des politiques justes et équitables dans le cadre de l’UNDROP :

Article 19.2 : Les paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales ont le droit de conserver, de contrôler, de protéger et de développer leurs propres semences et connaissances traditionnelles.

19.5 : Les États reconnaissent le droit des paysans à utiliser leurs propres semences ou d’autres semences disponibles localement de leur choix et à décider des cultures et des espèces qu’ils souhaitent cultiver.

Seed Synergy, le lobby de l’industrie semencière, souhaite que le gouvernement fédéral adopte une nouvelle réglementation dans le cadre de la loi canadienne sur la protection des obtentions végétales afin de mettre en place un système qui obligerait les fermiers qui plantent de nouvelles variétés à payer une redevance chaque année, même lorsqu’ils plantent des semences de ferme. La politique de l’UNF demande que les fermiers conservent le droit de conserver et d’utiliser leurs propres semences et que des fonds publics soient alloués à la sélection végétale. La campagne Save our Seed s’engage dans des actions visant à faire pression sur le gouvernement pour qu’il abandonne la politique oppressive des semences, dominée par les entreprises, et qu’il s’oriente vers la souveraineté des semences. Pour en savoir plus et agir, cliquez ici

Article 14 1. Les paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, qu’ils soient travailleurs temporaires, saisonniers ou migrants, ont le droit de travailler dans des conditions sûres et saines, de participer à l’application et à la révision des mesures de sécurité et de santé, de choisir des représentants pour la sécurité et la santé et des représentants dans les comités de sécurité et de santé, de participer à la mise en œuvre de mesures visant à prévenir, réduire et contrôler les dangers et les risques, d’avoir accès à des vêtements et équipements de protection adéquats et appropriés et à une information et une formation adéquates sur la sécurité au travail, de travailler à l’abri de la violence et du harcèlement, y compris le harcèlement sexuel, de signaler les conditions de travail dangereuses et malsaines et de se soustraire au danger résultant de leur activité professionnelle lorsqu’ils ont une conviction raisonnable qu’il existe un risque imminent et grave pour leur sécurité ou leur santé, sans faire l’objet de représailles liées au travail pour l’exercice de ces droits.

Article 22.2 : Les États prennent, en fonction de leur situation nationale, les mesures appropriées pour promouvoir l’exercice du droit à la sécurité sociale de tous les travailleurs migrants dans les zones rurales.

Le sous-comité sur les travailleurs migrants est un élément actif du Comité des Programmes Internationaux (CIP) de l’UNF. La sous-commission se réunit régulièrement et soutient la campagne pancanadienne pour la mobilité, la voix et l’égalité des travailleurs migrants, qui demande une modification du programme canadien pour les travailleurs étrangers temporaires afin de permettre aux travailleurs agricoles (probablement des paysans dans leur propre pays) de devenir des résidents permanents dans un pays où ils peuvent avoir été employés de manière saisonnière pendant de nombreuses années.

Article 17.6 : S’il y a lieu, les États prennent les mesures appropriées pour mener à bien des réformes agraires afin de faciliter l’accès large et équitable à la terre et aux autres ressources naturelles qui est nécessaire pour assurer aux paysans et aux autres personnes travaillant dans les zones rurales des conditions de vie satisfaisantes, et pour limiter la concentration et le contrôle excessifs des terres, en tenant compte de leur fonction sociale. Les paysans sans terre, les jeunes, les petits pêcheurs et les autres travailleurs ruraux devraient être prioritaires dans l’attribution des terres publiques, des pêcheries et des forêts.

Article 17.7 : Les États prennent des mesures visant à la conservation et à l’utilisation durable des terres et des autres ressources naturelles utilisées pour leur production, y compris par le biais de l’agroécologie, et assurent les conditions nécessaires à la régénération des capacités et des cycles biologiques et autres capacités et cycles naturels.

L’accaparement des terres est une pratique de plus en plus courante au Canada, et l’Île-du-Prince-Édouard en fait l’expérience à un rythme alarmant. La loi sur la protection des terres de l’Île-du-Prince-Édouard est toutefois unique et devrait, en théorie, protéger les communautés rurales contre le transfert de vastes étendues de terres à des investisseurs étrangers et à des entreprises. Cependant, le gouvernement n’a pas réussi à faire respecter la loi en tant que moyen de protéger les terres au nom des communautés rurales. Au cours de l’année écoulée, l’UNF de l’Île-du-Prince-Édouard a consacré une grande partie de son attention à l’intensité de l’accaparement des terres sur l’île. Découvrez leurs efforts dans l’édition du printemps 2019 de l’Union Fermière Trimestrial.

Article 2.3 : Sans préjudice de la législation spécifique relative aux populations autochtones, avant d’adopter et de mettre en œuvre des lois et des politiques, des accords internationaux et d’autres processus décisionnels susceptibles d’affecter les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, les États consultent les paysans et les autres personnes travaillant dans les zones rurales et coopèrent avec eux de bonne foi par l’intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, en s’engageant auprès des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales qui pourraient être affectés par les décisions, en recherchant leur soutien avant que ces décisions ne soient prises, et en répondant à leurs contributions, en tenant compte des déséquilibres de pouvoir existant entre les différentes parties et en garantissant la participation active, libre, effective, significative et informée des individus et des groupes aux processus de prise de décision associés.

L’UNF s’engage à agir en solidarité avec les peuples autochtones. En tant que fermiers colonisateurs, nous sommes tenus de nous informer et d’approfondir notre compréhension de la souveraineté alimentaire autochtone, en reconnaissant que les politiques que nous cherchons à modifier au niveau national ont un impact sur les territoires et les droits des peuples autochtones. Dans un effort pour mieux agir en solidarité, l’UNF a formé un groupe de travail spécial pour favoriser l’espace d’auto-éducation et l’établissement de relations avec les peuples autochtones : le groupe de travail sur la solidarité autochtone (également un sous-comité de l’IPC) a été lancé en 2015. Le groupe de travail a lancé en 2019 une série de webinaires axés sur l’approfondissement de notre compréhension du colonialisme de peuplement et sur la recherche de moyens d’agir en solidarité avec les peuples autochtones pour la souveraineté alimentaire. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Le 17 avril, l’UNF et La Via Campesina reconnaissent la nécessité de réaliser les droits des paysans. Nous continuerons à lutter pour des sociétés justes et équitables où les fermières et les communautés rurales sont valorisées. Les droits des paysans sont des droits de l’homme.

Les droits des paysans MAINTENANT ! Avec la réforme agraire et la justice sociale !

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Pour plus d’informations, veuillez contacter

Jessie MacInnis – National Farmiers Union Region 1 (Atlantic) Représentant du Comité des Programmes Internationaux, UNF Youth Vice President : jessiemacinnis@gmail.com