Gestion de l’offre
La Nationale des Fermiers soutient fermement le système canadien de gestion de l’offre en tant qu’institution importante de la souveraineté alimentaire. La gestion de l’offre est une institution canadienne unique qui nous permet d’éviter les fluctuations importantes de l’offre et des prix, sans nécessiter de subventions publiques massives pour soutenir les revenus des fermières dans ces secteurs.
La gestion de l’offre est une institution canadienne unique qui assure la stabilité de cinq secteurs de denrées périssables en contrôlant les quantités produites, en évitant les pénuries et en empêchant que des importations à des prix inférieurs ne soient déversées sur notre marché. Par conséquent, le Canada ne connaît pas d’importantes fluctuations de l’offre et des prix et notre système ne nécessite pas de subventions publiques massives auxquelles d’autres pays ont recours pour soutenir les revenus des fermières dans ces secteurs.
Le système canadien de gestion de l’offre s’applique aux produits laitiers, aux poulets de chair, aux poules pondeuses, aux dindes et aux œufs à couver dans tout le pays. Chaque produit est régi par sa propre commission de commercialisation provinciale élue, conformément à la législation et à la réglementation provinciales. La diversité des conseils et leur autonomie permettent de varier la manière dont la gestion de l’offre est mise en œuvre dans le cadre national.
La gestion de l’offre a été conçue au Canada pour résoudre de multiples problèmes. Les fermières dont les produits sont périssables, comme le lait, étaient à la merci des transformateurs qui savaient qu’ils pouvaient faire pression sur les fermières pour qu’elles acceptent des prix plus bas, car l’alternative était un produit avarié qui ne valait rien. Si les fermières tentent de compenser la faiblesse des prix en produisant davantage, il en résulte une surabondance sur le marché qui fait encore baisser les prix. Souvent, la solution consistait à jeter l’excédent de lait et à le gaspiller. Les transformateurs pourraient menacer de refuser la livraison et faire baisser les prix en encourageant la concurrence entre les producteurs, ce qui permettrait au fermiere le plus désespéré de fixer le prix. Les consommateurs étaient soumis à la volatilité des prix, à des approvisionnements irréguliers et à des pénuries saisonnières. En outre, il est difficile de garantir une qualité constante lorsque les fermières ne peuvent pas compter sur un juste retour de leurs efforts et de leurs investissements.
La gestion de l’offre est une solution innovante, développée pour le secteur laitier en Ontario et au Québec dans les années 1960, lorsque les fermières se sont organisées et ont pris des mesures politiques pour résoudre les problèmes qui entraînaient à la fois des pénuries de lait, une surproduction et un gaspillage, ainsi qu’une volatilité des revenus. Les prix du lait fluctuent selon les saisons et sont souvent inférieurs au coût de production – et il arrive que les transformateurs refusent les fermières. Ailleurs au Canada, l’approvisionnement en lait frais a été irrégulier, voire inexistant. En 1969, en échange d’un engagement de tous les fermiers laitiers à appliquer une discipline de production, les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont mis en place une régulation de la gestion de l’offre pour les produits laitiers. D’autres provinces ont rapidement suivi.
Le système de gestion de l’offre pour les poulets et les œufs a été mis en place en Colombie-Britannique en 1961 en raison de problèmes similaires entraînant une volatilité inacceptable des prix. L’Ontario et le Québec, puis la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse ont suivi avec des programmes provinciaux. Toutefois, les importations en provenance des États-Unis et des provinces non participantes ont entraîné une baisse des prix et affaibli ces nouveaux systèmes. En 1971, le gouvernement fédéral a adopté la loi sur les offices de commercialisation des produits agricoles, qui a intégré toutes les provinces dans le système, et en 1979, le contrôle des importations a été mis en place. À partir de 1973, la gestion de l’offre pour les dindes a suivi les traces des produits laitiers, des poulets et des œufs.
Le système de gestion de l’offre repose sur trois piliers qui doivent tous fonctionner ensemble :
- Discipline de production – garantit que les fermières ne produisent ni plus ni moins que ce dont le marché a besoin ;
- La tarification au coût de production – garantit que les fermières reçoivent un revenu équitable ; et
- Contrôle des importations – assurer un approvisionnement prévisible et adéquat.
La discipline de production est assurée par l’utilisation de quotas, qui autorisent et obligent le fermier à produire un volume spécifique de produit. L’offre totale nécessaire pour chaque produit est déterminée chaque année sur la base des tendances de consommation de l’année précédente, et une part du quota total est allouée à chaque office provincial de commercialisation pour être distribuée aux fermières individuelles. Chaque commission de commercialisation décide également des exemptions de quotas et des quantités minimales de quotas pour sa propre province.
La fixation du prix en fonction du coût de production se fait en appliquant une formule pour fixer le prix minimum que les transformateurs doivent payer aux fermières pour couvrir les coûts de fonctionnement d’une exploitation efficace. Le mécanisme de fixation des prix en fonction du coût de production ne s’applique qu’aux prix pratiqués à la ferme, et non aux prix pratiqués dans les magasins d’alimentation.
Le contrôle des importations se fait au moyen de “contingents tarifaires” (CT) qui autorisent un nombre limité d’importations au Canada à des taux tarifaires faibles ou nuls, mais au-delà du seuil des CT, des droits de douane très élevés sont appliqués, ce qui rend toute nouvelle importation non rentable. Les règles de l’Organisation mondiale du commerce permettent aux pays de restreindre ou d’interdire les importations d’un produit s’ils le font pour appliquer des restrictions gouvernementales à la production nationale du même produit ou d’un produit similaire.
Les produits laitiers dans un contexte mondial
Les produits laitiers sont produits et consommés dans le monde entier. La plupart des pays produisent principalement pour leur propre population ; il n’y a que cinq grands exportateurs de produits laitiers : L’UE, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Argentine. Dans de nombreux pays du Sud, la plupart des produits laitiers sont produits par de petites fermières et distribués sur des marchés informels organisés au niveau local. Pour plus d’informations, consultez le document de GRAIN intitulé ” Le grand vol de lait “.
La gestion de l’offre est une cible dans les négociations d’accords commerciaux. Les accords commerciaux tels que l’AECG et le CPTPP ont affaibli le pilier du contrôle des importations en donnant aux pays exportateurs un accès accru à notre marché et en réduisant le volume que nos fermières pourront produire et vendre. Dans le cadre des renégociations de l’ALENA, les États-Unis cherchent à démanteler purement et simplement notre système de gestion de l’offre. Avec des accords commerciaux qui nous privent d’une partie ou de la totalité de notre propre marché, le Canada aura moins de fermières et moins de dollars consacrés à l’alimentation resteront au pays pour soutenir nos économies locales et régionales.
Paradoxalement, le coup de projecteur de l’ALENA, de l’AECG et du CPTTP sur le système de gestion de l’offre du Canada a permis de sensibiliser la communauté internationale à ses avantages. Les fermières des États-Unis et d’Europe demandent maintenant à leur pays d’adopter notre système.
Défis domestiques. Il existe au Canada un mouvement croissant de petites fermières qui développent des marchés de niche et se concentrent sur la vente directe aux consommateurs locaux. En éliminant les intermédiaires, ces fermières obtiennent une plus grande part de la valeur de leurs produits. La différenciation de leurs produits et la constitution d’une clientèle fidèle leur assurent une certaine stabilité économique. Dans certains cas, ils aimeraient se lancer dans la production de lait, de volaille ou d’œufs, ou l’étendre, afin de diversifier leurs exploitations mixtes et de mieux servir leurs clients, mais ils ne peuvent pas le faire, ou perdent de l’argent s’ils le font, en raison de la réglementation sur les quotas minimums et/ou des seuils d’exemption de quotas peu élevés dans leur province. L’UNF estime que le système de gestion de l’offre est capable de répondre aux aspirations de ces fermières d’une manière constructive qui améliorera le système alimentaire canadien.
La Nationale des Fermiers soutient fermement le système canadien de gestion de l’offre en tant qu’institution importante de la souveraineté alimentaire. Pour que la gestion de l’offre reste forte à l’avenir, l’UNF souhaite que les gouvernements fédéral et provinciaux, les offices de commercialisation et leurs associations.. :
- Maintenir et défendre les trois piliers de la gestion de l’offre : la discipline de production, la fixation des prix en fonction des coûts de production et le contrôle des importations.
- Faire avancer les politiques qui favorisent la décapitalisation des quotas dans l’intérêt de la prochaine génération de fermières des secteurs soumis à la gestion de l’offre.
- Mettre en œuvre des politiques visant à attribuer les nouveaux quotas dus à la croissance des marchés, ainsi que les quotas libérés par les fermiers partant à la retraite, aux nouveaux entrants et aux systèmes de production alternatifs afin de promouvoir le renouvellement, la résilience et la réponse aux désirs de diversité des consommateurs.
- Envisager de créer, au sein des structures de gouvernance des offices provinciaux de commercialisation, un rôle pour les producteurs enregistrés et/ou agréés de produits de commercialisation directe hors quota et/ou des organismes consultatifs multipartites d’intérêt public.
- Ouvrir des discussions avec les autorités sanitaires fédérales et provinciales concernant la vente de lait non pasteurisé pour la consommation humaine, en tant que première étape vers l’évaluation des possibilités d’innovation en réponse au segment de marché qui recherche du lait cru.
- Développer une approche “triple bottom line” pour les formules de tarification des coûts de production afin de s’assurer que les coûts environnementaux et sociaux ne sont pas externalisés.
Développements récents dans la campagne de gestion de l’offre
Articles
- Connexions transfrontalières sur la politique laitière (PDF)
- Que dit l’ALENA sur la gestion de l’offre ? (PDF)
- Signature du TPP, consultations en cours (PDF)
- L’attaque du TPP contre la gestion de l’offre : une stratégie du chacun pour soi (PDF)
Rapports
- Renforcer la gestion de l’offre – Défendre le contrôle canadien de notre espace de marché et faire progresser la souveraineté alimentaire
- Renforcer la gestion des approvisionnements – Article du bulletin d’information (PDF)
- Protocole pour la vente légale de lait frais non pasteurisé dans le cadre du système de gestion de l’offre
- Les consommateurs et les fermiers canadiens sont-ils mieux lotis avec le modèle canadien ? (PDF) par Export Action Global