National | Lettre

Les responsables politiques français ne devraient pas ratifier l’AECG

L’UNF a approuvé la lettre ouverte suivante envoyée aux politiciens français le 15 juillet 2019 avant le vote de l’Assemblée nationale sur la ratification de l’AECG. La liste complète des organisations ayant apporté leur soutien figure sous la lettre.

Alors que la France entame son processus de ratification de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne, nous, organisations de la société civile et individus de tout le Canada et du Québec, faisons écho à l’appel lancé par nos homologues français aux membres de l’Assemblée nationale et du Sénat pour qu’ils votent contre cet accord. L’AECG n’offre pas de garanties suffisantes et appropriées pour lutter contre les problèmes sociaux majeurs du 21ème siècle : le changement climatique et les inégalités sociales.

Au contraire, l’accord actuel favorise la déréglementation et donne encore plus de pouvoir aux sociétés transnationales. L’AECG crée un système de tribunaux pour les investisseurs (ICS) qui permet aux entreprises de poursuivre les États lorsque des réglementations affectent prétendument leurs profits. L’ICS existe malgré la forte opposition des élus et de la population. Bien que le tribunal ait subi des changements cosmétiques pour le rendre plus acceptable, la nature essentiellement anti-démocratique de ces tribunaux reste intacte.

L’AECG contient un chapitre sur la coopération réglementaire (chapitre 28) qui affaiblit effectivement les normes de sécurité alimentaire, de santé publique et de protection des consommateurs, en les ramenant au plus petit dénominateur commun. C’est dans l’intérêt des entreprises qui souhaitent réduire leurs coûts, et non dans l’intérêt du public, dont la santé et la sécurité pourraient être compromises.

L’antenne met en place un forum de coopération qui se réunit régulièrement. Ce forum réunit des représentants de haut niveau du Canada et de l’Union européenne, ainsi que d' »autres parties », principalement des lobbyistes d’entreprise. Leur tâche consiste à « examiner les initiatives réglementaires prévues » afin de les rendre conformes aux souhaits des entreprises concernées.

L’AECG favorise l’agro-industrie axée sur l’exportation, ce qui va à l’encontre de l’impératif de soutenir une production locale durable sur le plan environnemental. C’est pourquoi le Canada a choisi, par exemple, d’avantager ses producteurs de porc et de bœuf au détriment de ses fromagers artisanaux.

Sur le plan agricole, les deux parties sont perdantes. Les gouvernements subiront des pressions pour accepter des produits fabriqués dans le cadre de réglementations plus souples. Par exemple, les Européens pourraient-ils refuser le saumon OGM canadien si son pays d’origine n’est pas indiqué sur l’étiquette ? Et quel en sera le bénéfice ? Au Canada, le déficit commercial s’est déjà creusé depuis la mise en œuvre de l’accord.

L’ouverture des marchés publics est également préoccupante. Comment l’économie locale se portera-t-elle lorsque les grandes entreprises pourront soumissionner pour des contrats à tous les niveaux de gouvernement ? Les seuils d’ouverture à la concurrence internationale sont peu élevés, ce qui empêche les petites entreprises, les coopératives et les entreprises de l’économie sociale de rivaliser avec les grandes multinationales.

L’AECG ne contient pas d’outils efficaces pour contrer les problèmes environnementaux actuels. Les chapitres « Commerce et environnement » et « Commerce et développement durable » ne prévoient pas de mécanisme contraignant pour obliger les pays à protéger l’environnement lors de la mise en œuvre de l’accord. En revanche, elle favorise le maintien d’une économie basée sur l’exportation à grande échelle de production qui nécessite une forte consommation de carburant.

De plus, elle empêche les gouvernements de se donner les moyens d’assumer l’indispensable transition écologique par des investissements publics, des nationalisations et des réglementations qui soutiennent les économies locales durables. Honteusement, les dispositions environnementales de l’AECG n’obligent pas les pays à mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat et il n’existe aucun mécanisme permettant de suspendre l’AECG si une partie décide de ne plus se conformer aux obligations de l’accord de Paris.

Il existe donc de nombreuses raisons de renoncer à l’AECG. L’AECG, qui se présente comme un « accord commercial progressiste », ne parvient pas à remettre en question le modèle commercial fondamentalement défectueux, malgré les nouveaux défis qui se présentent à nous.

Le Canada et l’Union européenne devraient continuer à soutenir un type d’économie qui ne profite pas qu’à quelques privilégiés. Au Canada, l’AECG a été ratifié rapidement sans débat véritablement démocratique ni véritable engagement de la société civile. Si les responsables politiques français refusent de ratifier l’AECG, cela représenterait un pas important vers une nouvelle approche économique prenant en compte les citoyens, la qualité de vie et rien de moins que la survie de notre planète.

– 30 –

Les supporters canadiens

  • Conseil des Canadiens
  • Maude Barlow, présidente honoraire du Conseil des Canadiens
  • Union Nationale des Fermiers (UNF)
  • Syndicat national des employés publics et généraux (NUPGE)
  • Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC)
  • Fondation Sierra Club Canada
  • Tony Clarke, Président, Institut Polaris
  • Réseau pour la justice commerciale
  • Trade Justice Île-du-Prince-Édouard
  • Métallurgistes unis du Canada

Les partisans du Québec

  • Michèle Asselin, directrice, Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
  • Pierre Beaudet, professeur, Développement international, Université du Québec en Outaouais
  • Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
  • André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
  • Pascal Bergeron, porte-parole, Environnement Vert Plus
  • Christiane Bernier, citoyenne
  • Jean-François Boisvert, secrétaire, Coalition Climat Montréal
  • Denis Bolduc, président, Syndicat canadien de la fonction publique – Québec (SCFP-Québec)
  • Stéphane Brousseau, Enjeux Énergies et Environnement
  • Dominic Champagne, porte-parole, Pacte pour la transition
  • Nika Deslauriers, présidente de Québec solidaire
  • Bruno Detuncq, membre, Mobilisation Environnement Ahuntsic-Cartierville
  • Carolle Dubé, présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  • Irène Dupuis, porte-parole, Lotbinière en transition
  • Sonia Éthier, présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  • François Geoffroy, porte-parole, La Planète s’invite au Parlement
  • Léa Ilardo, porte-parole, La planète s’invite à l’Université
  • Pierre-Yves Guay, professeur, Université de Montréal
  • Amir Khadir, médecin, ancien membre de l’Assemblée nationale du Québec
  • Line Lamarre, présidente, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
  • Denise Laprise, porte-parole, Montmagny en transition
  • France Latreille, directrice, Union des consommateurs
  • Alain Marois, vice-président, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
  • Katherine MacDonald, présidente de Vigilance OGM
  • Nima Machouf, médecin et candidate du Nouveau Parti Démocratique dans Laurier-Sainte-Marie
  • Robert McBryde, Conseil des Canadiens – Montréal
  • Diane Perron, Groupe solidarité alimentaire pour la transition
  • Abdul Pirani, Conseil des Canadiens- Montréal
  • Pascal Priori, coordinateur, Alliance pour l’interdiction des pesticides systémique
  • Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
  • Joyce Renaud, porte-parole, Mobilisation climat Trois-Rivières
  • Michèle Rioux, directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM)
  • Germaine Roy, Citoyens Écolos
  • Odette Sarrazin, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)
  • Simon-Pierre Savard-Tremblay, écrivain et colomniste, candidat du Bloc québécois
  • Anne Schlenker, Conseil des Canadiens – Montréal
  • Jonathan Théorêt, directeur du Groupe de recherche appliquée en macroécologie (GRAME)
  • Alexandre Thibodeau, DéclarationsClimatiques.ca
  • Luc Vachon, président, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
  • Claude Vaillancourt, président, ATTAC-Québec