National | Communiqué de presse

Les fonds d’urgence de COVID peuvent contribuer à la mise en place d’un système alimentaire plus solide

(Saskatoon) – Le 5 mai, le premier ministre Trudeau a annoncé des mesures initiales d’aide d’urgence pour le secteur agricole totalisant 252 millions de dollars. Bien que tous les détails ne soient pas encore disponibles, la Nationale des Fermiers (UNF) apprécie l’aide apportée aux fermiers touchés par les perturbations créées par COVID 19. La pandémie met en lumière les vulnérabilités de notre système alimentaire et offre la possibilité d’utiliser les aides d’urgence pour jeter les bases d’un système alimentaire plus robuste et plus résistant.

Ce financement tient compte de l’impact des fermetures de grandes usines de conditionnement sur les éleveurs de bovins, de porcs et d’autres animaux de rente. Les réductions spectaculaires de la capacité de traitement ont entraîné l’effondrement du marché. Il faut garder plus d’animaux à la ferme, les nourrir et les soigner beaucoup plus longtemps que prévu. Les prix de vente ont chuté comme une pierre, laissant les fermières avec des coûts plus élevés et des revenus gravement réduits.

L’UNF soutient la santé et la sécurité des travailleurs et se réjouit également de l’aide qui permettra de protéger les travailleurs du secteur de la transformation alimentaire et d’adapter les processus afin de garantir la sécurité sur le lieu de travail tout en renouvelant la capacité de transformation axée sur notre marché intérieur. Le soutien et la reconstruction des petits abattoirs et des capacités de transformation de la viande dans toutes les provinces rendront notre système alimentaire plus résistant. Actuellement, moins de 5 % de la viande canadienne est transformée par des petites et moyennes entreprises ; leur expansion permettra de créer une transformation régionale qui réduira la dépendance à l’égard des géants industriels internationaux.

Les critères de financement d’urgence doivent exclure Cargill et JBS, car ces deux entreprises ont imprudemment mis en danger la vie des travailleurs et des membres de la communauté en ne mettant pas en œuvre les mesures de sécurité appropriées dans les exploitations de High River et de Brooks. Ces sociétés sont deux des entreprises les plus riches et les plus puissantes du monde. L’insuffisance des mesures de sécurité prises jusqu’à présent n’est pas due à un manque d’argent.

L’UNF se réjouit que les fonds d’urgence destinés aux éleveurs de bovins, de porcs et autres fermiers soient administrés par le programme de gestion des risques de l’entreprise Agri-relance, sans qu’il soit nécessaire de s’inscrire à Agri-stabilité. L’UNF a insisté auprès du ministre sur le fait que les changements apportés à Agri-stabilité en 2012 ont rendu le programme inapplicable pour la plupart des fermiers familiaux, en particulier les agriculteurs mixtes, et a insisté pour qu’il ne soit pas le principal vecteur de distribution des paiements d’urgence COVID 19.

Le montant total annoncé aujourd’hui pour soutenir les éleveurs, 125 millions de dollars, ne suffira pas à compenser les pertes subies par les fermières. L’UNF demande instamment l’application d’un prix plancher afin de garantir que les fermières reçoivent au moins le coût de production lorsqu’elles vendent du bétail à des conditionneurs, des parcs d’engraissement et des fiches d’information inspectés par le gouvernement fédéral. Ce prix plancher est nécessaire pour empêcher les entreprises de conditionnement de la viande de tirer des bénéfices exceptionnels de cette crise aux dépens des fermières et des consommateurs.

Le risque pour notre système alimentaire d’une consolidation excessive de la transformation du bétail est une préoccupation de longue date de l’UNF. Outre les fonds d’urgence débloqués aujourd’hui, l’UNF demande instamment au gouvernement fédéral d’aider les provinces à élaborer des réglementations appropriées en matière d’inspection des viandes qui permettront aux petites et moyennes entreprises d’abattage d’assurer leur réussite à long terme. La création d’un cadre pour le succès à long terme des systèmes alimentaires régionalisés serait un héritage positif de la réponse du Canada à la pandémie, rendant le secteur de l’élevage plus résilient et l’approvisionnement alimentaire du Canada plus sûr.

Les 200 millions de dollars de crédits supplémentaires accordés à la Commission canadienne du lait pour accroître sa capacité de stockage et les 50 millions de dollars destinés à un programme d’achat des excédents alimentaires sont les bienvenus, car ils permettront d’aider les personnes dans le besoin et d’éviter le gaspillage des denrées alimentaires que les fermières ont travaillé dur pour produire.

Nous constatons que nos fermières laitières et avicoles ont géré les perturbations liées à la pandémie en utilisant les outils du système de gestion de l’offre pour partager les charges et élaborer des solutions ensemble. L’augmentation de la capacité de stockage épargnera aux fermières le stress financier et émotionnel lié à la mise en décharge du lait.

Nous attendons avec impatience les prochaines annonces qui viendront en aide aux fermières et fermiers propriétaires, aux producteurs de plantes ornementales, de fruits et légumes et de champignons, tous également en difficulté à cause du COVID 19, ainsi qu’aux céréaliers canadiens confrontés à des baisses de prix liées à la pandémie et à des perturbations du marché dans l’arène du commerce international.

L’UNF s’est toujours attachée à promouvoir un système alimentaire plus solide, au service des fermiers, des travailleurs et des consommateurs. En 2017, nous avons présenté notre vision et nos recommandations politiques dans le cadre du processus de consultation sur la politique alimentaire pour le Canada. Aujourd’hui, la pandémie incite fortement à aligner les interventions d’urgence sur une vision à plus long terme de la stabilité, de la résilience et de la sécurité alimentaire.

 

Pour plus d’informations :

Mémoire de l’UNF – Une politique alimentaire pour le Canada

Lettre au ministre de l’agriculture – Demande de l’UNF de modifier le programme Agri-stabilité

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