Op Ed – L’arriéré céréalier est lié à l’arriéré démocratique
par Jan Slomp
Croyez-le ou non, il existe un lien entre l’arriéré des céréales des prairies et la « loi sur les élections équitables ». Voici comment.
Alors que les fermières des Prairies attendent avec impatience que le retard dans le transport des céréales soit résorbé et que les prix couvrent au moins les coûts de production, le ministre Ritz et ses amis continuent de se réunir avec dévotion dans le sanctuaire de la « free-dumb ». Les fermières des prairies ne peuvent plus se permettre ces idées bizarres de Ritz et Cie.
L’une des solutions proposées consiste à lever le plafond des recettes des compagnies ferroviaires, qui sont tenues par la loi de transporter les céréales. En tant que système contraint et monopolisé, les chemins de fer réaliseraient des bénéfices encore plus importants s’ils étaient autorisés à créer une guerre des offres qui ferait payer aux fermières des tarifs de fret encore plus élevés.
Il a toujours été clair que les montagnes et les longues distances jusqu’aux ports empêchaient les fermières des Prairies de recevoir le plein prix de leurs céréales sur le marché mondial. Au début des années 1900, l’indignation, l’autochtone et la frustration des fermiers de l’Ouest face au pouvoir monopolistique du CPR, des négociants en grains et des meuniers les ont incités à exiger une participation au jeu, à s’organiser et à travailler en coopération pour former les pools des Prairies. La Commission canadienne des grains (CCG), créée en 1912, avait le pouvoir d’appliquer les règlements régissant le transport des grains de la ferme au point de chargement. Lorsque les fermières ont exigé des prix justes et stables et une protection contre l’exploitation par les négociants en grains, le gouvernement fédéral a créé la Commission canadienne du blé. Les fermiers ont exercé de fortes pressions pour conserver le tarif du Nid-de-Corbeau afin de maintenir l’équité des coûts de transport des céréales. Ces mécanismes, ainsi que d’autres, ont permis aux fermières des prairies enclavées d’être compétitives sur le marché mondial. La colère et la frustration des Occidentaux augmentent à nouveau car, à part une CCG fortement diminuée, ces institutions durement acquises ont été démolies par le ministre Ritz et ses semblables.
Le chaos actuel dans le transport des céréales est dû à la perte de la coordination de la CCB dans les terminaux portuaires, ainsi qu’à l’absence d’application de l’obligation légale pour les compagnies ferroviaires de transporter les céréales des Prairies. La Commission canadienne du blé, avec son autorité unique sur les ventes , les chemins de fer et les installations portuaires, a veillé à ce que le système soit ordonné et fonctionne efficacement afin d’obtenir des prix élevés pour les céréales et de minimiser les coûts de transport pour les fermiers des Prairies pendant plus de 75 ans.
Pourquoi devrions-nous croire que les personnes qui ont démantelé un système qui fonctionnait bien auraient les connaissances et les moyens de le réparer ?
Venons-en maintenant à la « Loi sur les élections honnêtes » et à son lien avec le transport des céréales : Le directeur général des élections du Canada, qui rend actuellement compte directement au Parlement, a révélé l’ingérence contraire à l’éthique des conservateurs au cours de la période précédant les dernières élections fédérales, ce qui leur a valu une sévère réprimande. Il n’est pas surprenant que la « loi sur les élections équitables » des conservateurs prive le directeur général des élections de ses pouvoirs d’enquête en les confiant à un commissaire nommé par le directeur des poursuites publiques. Ce commissaire rendra compte au Premier ministre et non plus au Parlement dans son ensemble.
Le comportement antidémocratique du gouvernement à l’égard de la nouvelle loi électorale est une chose que les fermières des Prairies ont déjà vue. Bien que les fermiers des Prairies aient élu à plusieurs reprises une majorité d’administrateurs favorables à la Commission canadienne du blé à guichet unique, les conservateurs ont ignoré de manière flagrante les dispositions de la loi sur la Commission canadienne du blé prévoyant un vote des producteurs et ont démantelé unilatéralement le guichet unique. Le conseil d’administration élu par les fermières a été supprimé. De même, le directeur général des élections, protecteur des processus démocratiques du Canada, a été dépouillé de ses pouvoirs et son autorité a été confiée à une marionnette du Premier ministre. Il n’est pas clair comment la responsabilité envers les citoyens canadiens sera traitée – si elle l’est.
Si le ministre Ritz voulait améliorer le transport et les prix des céréales pour les fermiers, il consulterait Allen Oberg et d’autres anciens administrateurs du conseil d’administration de la CCB élu par les agriculteurs, qui non seulement ont bien fait circuler les céréales, mais ont également réussi à vendre plusieurs classes de blé pour des primes qui ont depuis disparu. Il s’adresserait également à Adrian Measner, l’ancien directeur général de la CCB, qui a été muselé et renvoyé de force par les conservateurs – mis au pas de la même manière que l’a été le directeur général des élections.
Selon le projet de budget 2014/15, le gouvernement fédéral utilise 349 millions de dollars pour aider à vendre ce qui reste de la CCB au commerce privé des céréales. Les conservateurs se sont également approprié environ 200 millions de dollars d’actifs de la CCB appartenant aux fermiers lorsqu’ils ont mis fin au guichet unique.
Que se passerait-il si Ritz and Co. donnait aux fermiers ces 549 millions de dollars pour créer une agence contrôlée par les fermiers afin de coordonner le transport des céréales des prairies – avec le pouvoir de discipliner les chemins de fer – et d’acheter ou de construire des installations portuaires pour exporter les céréales des prairies ? Imaginez un peu !
Jan Slomp est le président du site et un fermiere laitier de l’Alberta.