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Lettre – Il est temps de reconstruire notre système de transformation de la viande

Les récentes fermetures d’usines de transformation de la viande en Alberta, au Québec et dans plusieurs États américains en raison de la pandémie de Covid-19 mettent en lumière les dépenses considérables liées à ce type d’opération massive de transformation de la viande. Les coûts supportés par les travailleurs des usines sont les plus élevés de tous, leur santé étant gravement menacée, ce qui a même entraîné la mort de deux travailleurs de Cargill en Alberta. Mais les dépenses ne s’arrêtent pas là : les consommateurs devraient voir les prix de la viande augmenter, les fermiers ont vu les prix payés pour leurs animaux chuter de plus de 30 % et les contribuables finiront par payer le prix pour aider à renflouer ce secteur.

Il y a plusieurs décennies, lorsque l’on a commencé à fermer les petits abattoirs au profit de la construction d’énormes usines à entité unique, on a expliqué que cela permettrait de réaliser d’énormes gains d’efficacité. Les études de la Nationale des Fermiers ont montré que les gains d’efficacité promis, à savoir une viande moins chère pour les consommateurs et un revenu décent pour les fermiers, ne se sont tout simplement pas concrétisés. L’écart entre ce que les fermières reçoivent pour leurs animaux et ce que les consommateurs paient pour la viande s’est creusé. Les conditions de travail dans les usines où des milliers d’animaux sont abattus chaque jour sont stressantes dans le meilleur des cas et carrément dangereuses aujourd’hui. Les fermiers n’ont soudain plus d’endroit où vendre leurs animaux et les consommateurs commencent à voir moins de viande dans les rayons.

Il est temps d’examiner comment nous pouvons construire un système de transformation de la viande qui ne causera pas ces problèmes massifs. La construction d’abattoirs plus petits et plus sûrs dans chaque province permettrait de disperser les menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire. Nous pourrions assurer l’approvisionnement en viande des fermes locales pour répondre à la demande locale. La fermeture d’une usine ne perturberait pas la chaîne alimentaire de l’ensemble du pays. Il est tout à fait possible de fournir aux consommateurs locaux des aliments sûrs provenant d’exploitations agricoles locales sans mettre en danger les travailleurs du secteur de l’emballage des viandes. Nous avons certainement appris que le plus grand n’est pas toujours le meilleur.

Vicki Burns, Winnipeg MB
Fred Tait, Rossendale MB