Lettre au ministre de l’agriculture – demande de l’UNF de modifier le programme Agri-stabilité
Monsieur le Ministre Bibeau,
La Nationale des Fermiers (UNF) a participé aux tables rondes organisées trois fois par semaine avec Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Nous vous remercions d’accueillir ces appels, car ils permettent d’obtenir des informations intersectorielles indispensables et d’établir un contact direct avec votre gouvernement.
Les secteurs de la société qui subissaient déjà des pressions ressentent de manière disproportionnée les nouvelles pressions causées par le COVID-19, et il en va de même pour le secteur agricole du Canada. Le secteur agricole canadien est soumis à de graves difficultés financières depuis 35 ans, les fermières ne conservant que 5 % de la valeur des 1 500 milliards de dollars de denrées alimentaires qu’elles ont produites.
Au cours de ces tables rondes, AAC a clairement indiqué qu’il était plus facile de travailler avec les programmes existants dans la mesure du possible. L’amélioration et/ou l’adaptation de ces programmes peut soulager la pression financière de certains fermiers à court terme, mais il faut reconnaître qu’il est nécessaire de reconstruire et de repenser en profondeur les programmes de gestion des risques de l’entreprise (GRE) existants afin d’améliorer la sécurité alimentaire du Canada et de remédier aux vulnérabilités mises en évidence par les problèmes liés au COVID-19.
Dans cette optique, nous demandons que le programme Agri-stabilité soit reconfiguré selon les paramètres utilisés avant 2013 — avant que le gouvernement Harper ne réduise drastiquement les avantages potentiels pour les fermières qui utilisent le programme. Le fait d’exiger une baisse de revenu plus importante (auparavant de 15 % et maintenant de 30 %) pour déclencher les paiements au titre du programme et de plafonner la marge de référence au montant le moins élevé entre la marge de référence historique et la moyenne des dépenses admissibles a entraîné l’abandon du programme par de nombreux fermiers, de sorte qu’aujourd’hui, moins d’un tiers des agriculteurs du Canada y adhèrent. Les fermières canadiennes qui sont inscrites au programme Agri-stabilité sont donc plus exposées aux difficultés financières causées par les problèmes liés au COVID-19. Le retour à un seuil de déclenchement de la perte de marge de 15 % et à un plafond de marge de référence sont des améliorations qui peuvent être réalisées et mises en œuvre rapidement sans attendre que les détails d’autres programmes soient élaborés.
Nous décourageons également toute modification du programme Agri-stabilité qui encouragerait les fermiers à recourir à des régimes d’assurance privés à but lucratif. Encourager ou obliger les fermières à faire appel à des assureurs privés continuerait à éroder le revenu agricole net des fermières au-delà de ses niveaux déjà insupportables.
L’UNF a remarqué que le gouvernement de la Colombie-Britannique a pris des mesures au début du mois de février 2020 pour augmenter le programme Agri-stabilité de la manière que nous suggérons. Ces mesures aideront dans une certaine mesure les fermières de la Colombie-Britannique, mais la reconstruction d’Agri-stabilité à l’échelle nationale améliorerait rapidement le programme et s’inscrirait dans le droit fil des récentes annonces visant à assouplir les exigences en matière de crédit pour les fermières du Canada.
Les positions politiques de l’UNF développées au cours des 50 dernières années promeuvent toutes un système de production alimentaire stable pour le Canada, basé sur le bien-être des familles agricoles du pays. COVID-19 aide désormais tous les Canadiens à comprendre la valeur d’un secteur agricole familial fort. Nous espérons que tous les gouvernements prendront maintenant des mesures pour permettre aux exploitations agricoles familiales du Canada de prospérer et de planifier leur avenir.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués,
Stewart Wells
Vice-président (Opérations)
Union Nationale des Fermiers