Le COVID-19 interrompt la moitié de l’approvisionnement en viande bovine du Canada
Une épidémie de COVID-19 dans une usine Cargill à High River, en Alberta, a entraîné l’arrêt de près de la moitié de l’approvisionnement en viande bovine du Canada, laissant de nombreux fermiers sans endroit où vendre leur bétail. La quasi-totalité de la viande bovine produite au Canada est transformée dans trois usines de conditionnement de viande à haut volume et à haut débit : L’usine Cargill de High River, l’usine JBS de Brooks, en Alberta, et la plus petite usine Cargill de Guelph, en Ontario. Les deux usines de l’Alberta représentent 85 % de la capacité d’abattage de viande bovine du Canada et sont toutes deux confrontées à des épidémies de COVID-19. Si ce point d’étranglement confère à la société américaine Cargill et à la société brésilienne JBS un pouvoir considérable sur les prix du bétail payés aux fermières et sur les prix de la viande de bœuf payés par les consommateurs dans les épiceries, les épidémies de pandémie montrent qu’il constitue également l’un des maillons les plus faibles du système alimentaire canadien.
Cette semaine, un important foyer de COVID-19 dans l’usine Cargill de l’Alberta et un foyer moins important dans l’usine JBS ont nécessité des ralentissements dans l’usine JBS et une fermeture de l’usine Cargill afin de protéger la santé des travailleurs de l’usine et de l’ensemble de la communauté. Cela a également un effet domino sur le système alimentaire. La demande de bétail s’est effondrée et si l’offre diminue, les prix de détail de la viande bovine augmenteront probablement. Sans intervention, la différence entre le prix du bétail et celui de la viande de bœuf vendue dans les épiceries finira par nuire aux fermières et aux consommateurs tout en augmentant les profits déjà importants de JBS et Cargill.
« La concentration excessive de la propriété et la centralisation de la transformation du bœuf, soutenues et encouragées par nos gouvernements fédéral et provinciaux, mettent désormais en péril la santé des travailleurs, l’approvisionnement en bœuf et les moyens de subsistance de milliers de fermiers », a déclaré Iain Aitken, membre de l’Union Nationale des Fermiers (UNF) et producteur de bœuf manitobain. « Nous présentons nos sincères condoléances aux proches de la travailleuse de Cargill qui a perdu la vie à cause du COVID 19 ».
« Les fermiers ont besoin d’une aide d’urgence pour pouvoir s’occuper de leur bétail jusqu’à ce que les plantes redémarrent. La santé et la sécurité passent avant tout, mais vous ne pouvez pas dire aux vaches d’arrêter de manger et de grandir tant que la crise n’est pas terminée », a déclaré Ian Robson, fermiere Deleau Manitoba et membre du conseil d’administration de l’UNF. « Nous avons besoin d’un prix plancher pour nous assurer que Cargill et JBS ne profitent pas de cette crise pour réduire les prix. Le gouvernement actuel ne doit pas commettre le même genre d’erreur que lors de la crise de l’ESB et de la vache folle, lorsque les géants de l’emballage ont empoché l’argent du programme de soutien et mis des centaines d’exploitations familiales en faillite.
L’UNF demande également un soutien d’urgence pour jeter les bases d’un secteur de la viande plus résilient et plus équitable au Canada.
« La vision de l’UNF est celle d’une politique alimentaire fondée sur la souveraineté alimentaire », a déclaré Tim Dowling, producteur de bœuf nourri à l’herbe de la région de Kingston, en Ontario. « Notre système alimentaire soutiendrait alors plus de fermières familiales fournissant plus de nourriture à plus de Canadiens en se concentrant sur le renforcement de notre capacité à servir les marchés locaux et régionaux à travers le pays. »
En 2008, l’UNF a publié une étude complète sur l’industrie bovine canadienne, analysant le développement de la concentration des entreprises de conditionnement de la viande, les impacts sur les prix des bovins pour les fermières, et proposant des solutions qui réorienteraient le système vers un secteur bovin plus résilient. Ses recommandations sont plus que jamais d’actualité.
« La crise du COVID-19 est un signal d’alarme et une occasion de reconstruire notre économie de manière à ce qu’elle fonctionne pour les gens et qu’elle ait la capacité de gérer les conditions de crise qui ne manqueront pas de se produire à l’avenir », a conclu M. Aitken.
– 30 –
Pour plus d’informations :
Iain Aitken, membre de l’UNF : (204) 537 2620
Ian Robson, membre du conseil d’administration de l’UNF, région 5 (Manitoba) : (204) 858-2479
Tim Dowling, membre de l’UNF : (613) 840-5271
Pour une fiche d’information plus détaillée, veuillez consulter le site suivant La concentration du conditionnement de la viande rend le système alimentaire canadien vulnérable
Pour consulter l’intégralité du Rapport de l’UNF sur le secteur bovin, veuillez vous rendre sur le site suivant
La crise agricole et le secteur bovin : Vers une nouvelle analyse et de nouvelles solutions