Le suicide dramatique de Lee Kyung Hae reste une source d’inspiration pour l’action mondiale
À l’occasion de la Journée internationale d’action contre l’OMC et les accords de libre-échange, l’UNF demande des systèmes commerciaux internationaux justes et équitables.
Le 10 septembre 2023 marque le 20e anniversaire du martyre de la fermiere
Lee Kyung Hae
lors de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun, au Mexique. M. Lee, leader paysan coréen, fermiere primé et mentor de jeunes agriculteurs, qui avait dénoncé à plusieurs reprises les effets de l’OMC sur l’agriculture coréenne, s’est suicidé en signe de protestation contre les politiques de libéralisation du commerce de l’OMC.
Il a laissé derrière lui une lettre décrivant les conséquences des importations de denrées alimentaires bon marché sur la Corée : la diminution de la population dans les campagnes et l’asphaltage des terres agricoles fertiles, la souffrance des paysans incapables de gagner leur vie et confrontés à la perte des terres que leurs familles cultivaient depuis des générations. Sa lettre se termine par un message prophétique :
« Mon avertissement s’adresse à tous les citoyens : les êtres humains sont en danger. Les multinationales incontrôlées et un petit nombre de grands membres de l’OMC sont à la tête d’une mondialisation indésirable, inhumaine, dégradant l’environnement, tuant les fermières et antidémocratique. Il faut y mettre un terme immédiatement. Sinon, la fausse logique du néolibéralisme anéantira la diversité de l’agriculture mondiale et sera désastreuse pour tous les êtres humains ».
Aujourd’hui, la Nationale des Fermiers (UNF) se joint à tous les membres de La Via Campesina – organisations de paysans, de fermiers, de travailleurs agricoles et de peuples indigènes du monde entier – pour se souvenir de M. Lee et de son message à l’occasion de la Journée internationale d’action contre l’OMC et les accords de libre-échange.
La Via Campesina a été fondée en 1996 par l’UNF et d’autres organisations agricoles, sur la base de leur opposition commune au rôle de l’OMC, qui consiste à retirer du pouvoir aux gouvernements en confiant un pouvoir de décision essentiel aux multinationales. L’OMC et les autres accords commerciaux renforcent le pouvoir et l’influence des sociétés agro-industrielles transnationales au détriment des moyens de subsistance des paysans et des fermiers familiaux, des conditions de vie et de travail des ouvriers agricoles, en sapant les droits de l’homme et les droits des paysans et des peuples indigènes, et en détruisant les marchés locaux. Les accords comprennent des mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS) qui empêchent les gouvernements d’adopter de nouvelles lois et réglementations pour protéger la santé humaine et l’environnement. Les investisseurs canadiens dans les secteurs minier, pétrolier et gazier sont à l’origine du plus grand nombre d’affaires ISDS au Canada – 70 % ! Celles-ci ciblent de manière disproportionnée les politiques environnementales des pays en développement. L’avertissement que nous a laissé M. Lee est d’autant plus pertinent que le Mexique lutte actuellement pour défendre sa souveraineté alimentaire en interdisant le maïs génétiquement modifié pour la consommation humaine.
En ce 10 septembre 2023, l’UNF s’unit à nos alliés de La Via Campesina pour réclamer des systèmes commerciaux internationaux justes et équitables. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de règles commerciales contraignantes qui placent les intérêts des personnes et de la nature au-dessus des profits, afin que nos systèmes alimentaires nationaux puissent être basés sur la souveraineté alimentaire, la diversité, l’équité, et promouvoir le bien-être de nos communautés rurales.