Article d’opinion : Régénérer le secteur canadien de la viande bovine en s’attaquant à la concentration des entreprises
Par Iain Aitken
Dans un récent rapport de la Canadian Cattlemen’s Association (CCA), son président Bob Lowe a déclaré que le secteur de la viande bovine avait absolument besoin de meilleurs outils de gestion des risques commerciaux. Outre l’amélioration de la couverture des éleveurs de vaches et de veaux par la suppression de la limite de la marge de référence, il demande le relèvement du plafond de paiement actuel de 3 millions de dollars, qui ne suffit apparemment pas à couvrir les pertes individuelles des parcs d’engraissement.
Il est ironique que la CCA, partisane de l’économie de marché, demande un financement public pour soutenir les éleveurs de bovins incapables de gagner leur vie sur le marché, alors que, dans le même temps, de nombreux consommateurs contribuables paient des prix records pour la viande de bœuf. Manifestement, le marché libre ne fonctionne pas comme annoncé !
Alors que le cheptel national de vaches continue de diminuer à un rythme alarmant, il est certainement nécessaire que le gouvernement prenne des mesures. Le modèle actuel n’est manifestement pas viable lorsque les parcs d’engraissement qui élèvent des milliers d’animaux ne parviennent pas à dégager une marge bénéficiaire suffisante au fil des ans pour leur permettre de survivre en cas de récession, et lorsque le secteur des vaches et des veaux qui vendent des animaux aux engraisseurs est devenu si peu rentable que les éleveurs qui élèvent plusieurs centaines de vaches en viennent à vendre des moitiés de bœuf à leurs voisins pour survivre. Ces derniers mois, les bénéfices réalisés par les conditionneurs sur le marché des vaches de réforme ont dépassé la somme totale réalisée par l’éleveur qui vend une vache bien engraissée !
Compte tenu de l’aggravation de la crise climatique, nous devons réduire les émissions de GES et séquestrer davantage de CO2 sur les terres agricoles grâce à des pratiques de pâturage régénératrices. La destruction des pâturages et le remplacement du bétail par des cultures en rangs à forte intensité de combustibles fossiles est un choix d’utilisation des terres désastreux pour l’environnement à l’époque où nous vivons. Un cheptel national de taille suffisante est nécessaire pour atteindre ces objectifs. Pour ce faire, nous devons modifier l’économie du secteur de l’élevage et faire en sorte qu’il soit financièrement rentable.
Malgré l’incapacité apparente de la CCA à la voir, la solution se cache à la vue de tous, comme c’est le cas depuis plus de vingt ans. La chaîne de production de viande bovine génère manifestement suffisamment de bénéfices pour permettre aux éleveurs, aux propriétaires de parcs d’engraissement, aux conditionneurs et aux détaillants de gagner leur vie – si seulement ces bénéfices étaient répartis plus équitablement !
La CCA et ses homologues provinciaux devraient exhorter le gouvernement à s’attaquer à la concentration des entreprises au-delà de l’exploitation agricole. C’est ce qui empêche la répartition équitable de la richesse créée par la production de viande bovine. Le gouvernement dispose à la fois des outils et de l’autorité nécessaires pour s’attaquer à ce problème, mais il manque de volonté politique. Cette solution doit être proposée par les organisations de producteurs de bétail. Pour que le secteur canadien de l’élevage bovin ait un avenir viable, nous devons cesser de traiter les symptômes et nous attaquer à la racine du problème une fois pour toutes.
Iain Aitken exploite un troupeau de bovins à Belmont, dans le Manitoba, avec sa femme et sa fille. Ils produisent des animaux reproducteurs de race Luing, des bovins d’engraissement et du bœuf nourri à l’herbe.