Déclaration ouverte sur l’ALENA, l’environnement et le climat
Depuis la signature de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) il y a plus de vingt ans, notre prise de conscience du changement climatique a considérablement évolué et le temps dont nous disposons pour y remédier s’est réduit. L’ALENA et d’autres accords qui font partie du régime commercial mondial ont été utilisés pour saper les actions essentielles nécessaires pour répondre à la crise climatique, qui aident à reconstruire les économies locales, à réglementer les entreprises et à mettre fin aux projets d’extraction dommageables.
Nous devons changer radicalement notre façon d’aborder le commerce, en accordant la priorité aux besoins des personnes et de la planète.
Le Canada a fait part de son intention d’intégrer la question du climat dans les négociations de l’ALENA. En tant qu’organisations de premier plan dans les domaines de l’environnement, du climat, de la santé, du travail et de la foi, nous demandons instamment au gouvernement fédéral de s’attaquer aux lacunes environnementales de l’ALENA dans le cadre du processus de renégociation à venir.
Nous demandons au gouvernement fédéral de prendre les mesures suivantes :
1. Supprimer les dispositions du chapitre 11 de l’ALENA relatives au règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS). Ce chapitre donne aux investisseurs privés le droit de poursuivre le gouvernement d’un autre pays s’il introduit de nouvelles lois, réglementations ou pratiques – qu’elles concernent l’environnement, la santé ou les droits de l’homme – qui font perdre de l’argent aux entreprises sur leurs investissements.
Le Canada a fait l’objet de 38 actions en justice intentées par des investisseurs et des États en vertu du chapitre 11 de l’ALENA, dont les deux tiers concernaient des lois sur la protection de l’environnement. Il s’agit notamment d’interdire les additifs nocifs pour l’environnement dans l’essence, les exportations de PCB et de pesticides dangereux pour les pelouses, ainsi qu’un moratoire sur la fracturation hydraulique. Le Canada est actuellement confronté à neuf plaintes dans le cadre de l’ISDS, dans lesquelles des investisseurs étrangers réclament au gouvernement canadien plus de 6 milliards de dollars de dommages et intérêts.
2. Éliminer le chapitre de l’ALENA consacré à l’énergie. La crise climatique exige des gouvernements qu’ils disposent d’une gamme complète d’options politiques et réglementaires pour réduire la pollution climatique aussi rapidement et équitablement que possible. La clause de partage proportionnel du chapitre sur l’énergie oblige le Canada à exporter un pourcentage fixe de sa production d’énergie vers les États-Unis, ce qui limite la capacité du Canada à restreindre les combustibles fossiles polluants pour le climat, notamment le pétrole brut des sables bitumineux.
Les règles de l’ALENA font obstacle à la recherche de solutions à la crise climatique. Les règles de traitement national de l’ALENA menacent les options politiques telles que les normes de portefeuille d’énergies renouvelables, les normes de carburants à faible teneur en carbone et d’autres réglementations énergétiques respectueuses du climat perçues comme un obstacle à l’activité des entreprises étrangères de combustibles fossiles. Les règles de l’ALENA en matière de marchés publics limitent la capacité des gouvernements à appliquer des exigences en matière d' »achats verts » qui garantissent que les marchés publics soutiennent les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les biens durables.
Au lieu de protéger les intérêts des entreprises dans l’exploitation continue des combustibles fossiles, les accords commerciaux devraient protéger les politiques d’intérêt public. Les accords commerciaux doivent créer des conditions de concurrence équitables en exigeant de chaque pays participant qu’il adopte, maintienne et mette en œuvre des politiques visant à garantir le respect des lois environnementales nationales et des accords internationaux importants en matière d’environnement et de travail. Il s’agit notamment de l’accord de Paris sur le climat et des traités protégeant les droits des autochtones, tels que la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Des normes strictes et applicables en matière d’environnement et de travail devraient faire partie du texte de base de l’ALENA.
La lettre ouverte est signée par plus de 30 organisations canadiennes représentant des centaines de milliers de personnes.
350.org
Association canadienne des médecins pour l’environnement (CAPE)
Association canadienne du droit de l’environnement (ACDE)
Fédération canadienne des étudiants (FCE)
Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP)
Les unitariens canadiens pour la justice sociale (CUSJ)
Société d’intendance de l’Athabasca central
Réseau Action Climat Canada (CAN-Rac Canada)
Le changement climatique en point de mire
Frontières communes
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Conseil des Canadiens
Centre d’action écologique
Écologie Ottawa
Pour nos petits-enfants
Les Amis de la Terre Canada
Fondation Glasswaters
Grand Riverkeeper Labrador, Inc.
Réseau de l’économie verte
Greenpeace Canada
KAIROS : Initiatives œcuméniques canadiennes pour la justice
LeadNow
Terres sauvages du Manitoba
Observatoire de l’exploitation minière
Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC)
Montréal pour tous
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Syndicat national des employés publics et généraux (NUPGE)
Alliance des rivières de l’Ontario
Mouvement populaire pour le climat (Canada)
Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (RNAO)
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)
Sierra Club BC
Fondation Sierra Club Canada
Réseau pour la justice commerciale (TJN)
Transition Initiative Kenora (TIK)
Le saut
Unifor
Société d’éducation à l’environnement du bassin versant (WSES)
Centre écologique Windfall