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Les fermières ont besoin de plus de lumière, moins de chaleur, dans le débat sur la proposition fiscale

Le gouvernement fédéral propose de modifier la loi relative à l’impôt sur le revenu afin de percevoir des recettes auprès des sociétés qui utilisent certaines mesures comme des échappatoires pour mettre leurs bénéfices à l’abri de l’imposition au même taux que les revenus des autres Canadiens.

Ces propositions fiscales font l’objet d’un débat très animé au sein de la communauté agricole, en grande partie parce que certaines organisations et les médias en général n’ont pas analysé les propositions, ont omis des détails essentiels ou n’ont pas mentionné le fait que le gouvernement organise des consultations publiques. Les actions des acteurs très riches qui abusent des dispositions destinées à aider les propriétaires de petites entreprises ont attiré l’attention sur les pratiques d’évasion fiscale, ce qui a conduit à la proposition du gouvernement.

Le système démocratique canadien vit de la grâce d’une fiscalité équitablement perçue et d’une gestion prudente des dépenses publiques. Il est d’une importance vitale que les échappatoires fiscales soient supprimées. Les changements proposés sont clairement établis dans ce but.

Le gouvernement s’intéresse à trois types spécifiques de fraude fiscale :

  • le saupoudrage des revenus (lorsque des sociétés versent des dividendes à des membres de leur famille qui ne contribuent pas à l’entreprise, dans le seul but d’échapper à l’impôt).
  • Investissement passif (lorsqu’une personne fortunée utilise sa société privée pour investir dans des fonds communs de placement, des marchés boursiers, des obligations, etc. au lieu d’investir en son nom propre, ce qui lui permet de payer moins d’impôts et d’accroître plus rapidement sa fortune privée).
  • Convertir des revenus en plus-values (créer des sociétés écrans et utiliser les revenus de la société pour acheter et vendre des actions de ces sociétés, ce qui permet de comptabiliser les profits de ces transactions comme des plus-values au lieu des revenus de la société, et donc de les taxer à un taux plus bas).

La majorité des revenus des familles d’agriculteurs au Canada provient d’emplois non agricoles, qui sont imposés d’emblée. Les modifications proposées ne s’appliquent pas à l’ensemble des revenus, mais uniquement aux bénéfices nets, c’est-à-dire à l’argent qui reste après le paiement de toutes les dépenses (y compris les salaires). Les modifications proposées n’affectent pas non plus la disposition existante prévoyant une exonération à vie des plus-values d’un million de dollars en cas de transmission de l’exploitation à la génération suivante.

Les données du recensement de 2016 indiquent que seulement 25 % des fermes canadiennes sont constituées en société, de sorte que pour 75 % des fermières, cette conversation sur les échappatoires fiscales n’a pas lieu d’être. Plusieurs fermières constituées en société ( ) ont demandé l’avis de leur comptable sur les conséquences pour leur exploitation et toutes ont reçu l’assurance que la législation proposée n’aurait pas d’impact négatif pour elles. Seule une très petite partie des exploitations agricoles constituées en sociétés sont suffisamment rentables pour justifier le coût des honoraires des comptables chargés de mettre en place des dispositifs d’échappatoire.

La Fédération canadienne des contribuables a pris la tête de ce mouvement avec beaucoup de succès. Nous devrions tous savoir maintenant qu’ils, ainsi que l’Institut Fraser et les autres groupes de réflexion financés par les entreprises, ont à cœur les intérêts des 1 %. Ils savent comment rallier les masses, créer un battage médiatique à la Trump caractérisé par une rhétorique superficielle, un manque de substance et des déclarations purement trompeuses. Les médias y ont contribué en rapportant ce battage médiatique et en négligeant de procéder à une analyse approfondie. Le 1% sait qu’il n’est pas la majorité, alors il habille sa liste de souhaits comme s’il s’agissait d’une bonne chose pour la société.

La population agricole est souvent la cible de manipulateurs d’opinion et de démagogues au service de l’élite. Au Canada, la confiance dans les fermières est très élevée. Les Canadiens connaissent les difficultés que rencontrent les fermières et savent à quel point ils dépendent des agriculteurs pour se nourrir. Les Canadiens se sentent concernés lorsque les fermières s’indignent publiquement. Le 1% utilise ces informations et, dans ce cas, mobilise l’indignation des fermières pour maintenir des niches fiscales lucratives pour elles-mêmes, comme si elles aidaient également les fermières.

Il est possible d’aider les fermières en proposant des modifications positives de la loi relative à l’impôt sur le revenu. Les fermières ont du mal à vivre de leur exploitation. La dette agricole n’a jamais été aussi élevée. Une population agricole vieillissante s’efforce de maintenir la sécurité de ses revenus lorsqu’elle aide à l’installation d’une nouvelle génération sur l’exploitation. La valeur des terres agricoles est disproportionnée par rapport au revenu agricole, ce qui complique encore la transmission de l’exploitation à la génération suivante.

Voici quelques mesures pratiques pour aider les fermières :

  • Augmenter l’exonération unique des plus-values afin de maintenir le revenu des fermiers qui partent à la retraite et de faciliter les transferts à la génération suivante.
  • Encourager et faciliter la tâche des fermières débutantes grâce à de nouvelles mesures d’incitation et à des allègements fiscaux.
  • Taxer les propriétaires fonciers absentéistes et spéculatifs afin de ramener la valeur des terres agricoles au niveau des revenus agricoles et de faciliter l’accès à la terre pour la prochaine génération de fermiers.
  • Utiliser des incitations fiscales pour faciliter la formation de fiducies foncières.

Nous devons percevoir les impôts lorsqu’ils sont dus et nous devons utiliser les possibilités de consultation offertes par le gouvernement fédéral pour plaider en faveur du type de mesures fiscales dont les fermières ont réellement besoin et qui sont bénéfiques pour le public canadien.

Pour plus d’informations sur cette question, veuillez consulter la note d’information du site , « Separating the Grain from the Chaff regarding Tax Reform Proposals » (Séparer le grain de l’ivraie en ce qui concerne les propositions de réforme fiscale)

Jan Slomp
About the author

Jan Slomp

Jan Slomp and his spouse, Marian, have been dairy farmers since 1979, first in their native Netherlands and from April 1989 until 2015, in Alberta. They recently moved to BC and set up a new farm on Vancouver Island.

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