Lettre au ministre Popham – Stop Site C
Monsieur le Ministre Popham,
Je vous écris pour vous faire part d’une importante résolution adoptée par les membres de la Nationale des Fermiers lors de notre congrès annuel qui s’est tenu en ligne en novembre et qui, je le sais, sera utile pour encourager vos collègues à sauver la vallée de la rivière de la Paix :
IL EST RÉSOLU QUE L’UNION NATIONALE DES FERMIERS, Région 8 (C.-B.) demande à l’honorable John Horgan, premier ministre de la C.-B. (premier@gov.bc.ca) et à l l’honorable Bruce Ralston, ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières de la Colombie-Britannique (EMPR.minister@gov.bc.ca) à :
- Instituer une enquête publique formelle, dotée d’un pouvoir d’assignation, pour entendre des témoignages sous serment et soumis à un contre-interrogatoire, afin de déterminer :
- a) si le barrage du site C est constructible ;
- b) si elle constitue une menace pour la sécurité publique ; et
- c) le coût de l’opération.
- Arrêter immédiatement tous les grands travaux sur le site du barrage C dans l’attente des résultats de cette enquête.
Wendy Holm, auteur de « Damming the Peace : The Hidden Costs of the Site C Dam », a pris la parole lors des conventions annuelles de la région 8 et de la convention nationale, et a informé nos membres de ce qu’elle a appelé une catastrophe géotechnique survenant sur le site du barrage du site C. Wendy a évoqué le fait que les schistes et les loams profonds n’offrent aucune assise solide pour le barrage, le déversoir et la centrale, ce qui fait que l’on ne sait plus combien coûtera le barrage du site C, ni s’il sera un jour sûr. La dette des contribuables résultant de la pandémie de Covid-19 signifie que nous ne pouvons plus nous permettre le gouffre financier que le site C est devenu. Le Covid-19 a également mis à jour les inquiétudes en matière de sécurité alimentaire en annonçant que le coût des denrées alimentaires au Canada augmentera cet hiver de 4,5 à 6,5 %, ce qui, dans un système hautement concentré, ne se traduira pas par une augmentation pour les fermiers.
Aujourd’hui plus que jamais, les coûts sociaux et économiques de l’insécurité alimentaire – en particulier dans le nord du Canada, cité comme une priorité par Ottawa depuis plus de deux décennies mais jamais abordé – doivent être ajoutés aux coûts que nous demandons aux contribuables et aux communautés d’aujourd’hui et de demain de supporter.
En tant que ministre de l’agriculture, vous connaissez l’importance agricole de ces terres. En pleine production, les sols alluviaux profonds et le microclimat unique de la vallée de la Paix ont la capacité de répondre aux besoins nutritionnels de plus d’un million de personnes par an, pour toujours. Mère Nature peut encore guérir cette terre. Il n’est pas trop tard pour arrêter le site C !
Nous vous demandons d’envisager une stratégie qui verrait les universités et les collèges de la Colombie-Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et de l’Alberta former une coopérative d’apprentissage, acquérir les terres et offrir des stages de deux ans aux étudiants diplômés, avec la possibilité de rejoindre une coopérative d’homesteading à la fin de leur formation. Un centre d’apprentissage panuniversitaire sur le site pourrait fournir un soutien à l’apprentissage et à la vulgarisation de la part des fermières nordiques locales et des professeurs/étudiants de troisième cycle de l’université. Cette vision s’aligne sur les travaux menés par l’Université polytechnique de Kwantlen pour renforcer les liens à travers la province et proposer un programme complet de vulgarisation biologique/régénératrice pour la Colombie-Britannique. La vallée de la rivière de la Paix pourrait faire partie intégrante d’un service de vulgarisation et d’un lieu de formation collaboratifs, durables, biologiques et régénératifs, afin de soutenir le passage à une agriculture respectueuse du climat et de devenir le fer de lance de la lutte contre le changement climatique.
Le programme Northern Co-hort de l’équipe d’action pour l’environnement du Nord a permis de mettre en place des programmes dirigés par des fermières, notamment une étude de faisabilité d’un centre alimentaire communautaire pour la paix. Ce Food Hub à financement alternatif, qui vise à remodeler notre système alimentaire régional, est envisagé comme un réseau destiné à orienter davantage d’achats de produits alimentaires locaux vers des aliments locaux, accessibles, abordables et nutritifs de la région de la paix. La connexion avec des consommateurs plus importants tels que les épiceries, les maisons de retraite, les écoles et les hôpitaux du Nord, grâce à une source rationalisée de produits agricoles agrégés et traçables, fournira le seuil économique nécessaire pour développer des lignes coopératives de lavage, de classement, de tri et d’emballage, d’étiquetage et d’apposition de codes-barres. La présence de ces installations favoriserait la diversification des cultures en rotation dans la région de la paix afin de soutenir le développement de la santé des sols, ce qui constituerait non seulement une solution climatique, mais aussi une solution pour l’économie des exploitations familiales et les emplois ruraux. Grâce à cette vision, une nouvelle génération de fermiers soucieux de l’environnement pourrait gérer les profonds gisements minéraux de la vallée de la rivière de la Paix et produire des cultures horticoles et des produits à valeur ajoutée afin d’assurer la sécurité alimentaire du Nord et au-delà.
En tant que jeune fermiere, j’ai exploré la production horticole dans le microclimat de la vallée de la rivière de la Paix et j’ai consacré les dix dernières années à la recherche de solutions climatiques dans l’agriculture. Conscient qu’ils dépendent de systèmes alimentaires régionaux robustes et diversifiés, je sais qu’une telle vision est nécessaire pour soutenir rapidement le changement que nous voulons voir dans nos systèmes alimentaires, il faut simplement un champion. Monsieur le Ministre Popham, je sais que votre nom figure sur le piquet jaune dans la cour d’Arlene et de Ken Boon pour une bonne raison. J’espère que cet appel de la Nationale des Fermiers attisera votre passion pour sauver notre belle vallée de la Paix, former la prochaine génération de fermiers respectueux du climat et assurer la sécurité alimentaire des Canadiens du Nord.
Bess Legault
Présidente des femmes Nationale des Fermiers Union Fermière