National | Communiqué de presse

Les organisations agricoles familiales des États-Unis et du Canada s’opposent à la signature du nouvel ALENA

L'accord remanié entre les États-Unis, le Canada et le Mexique néglige les demandes des organisations agricoles

MINNEAPOLIS – L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) initial a été dévastateur pour les fermières familiales des États-Unis, du Canada et du Mexique. Elle a favorisé les intérêts de l’agro-industrie mondiale au détriment des fermières et a contribué à l’érosion économique et sociale des communautés rurales. Plutôt que de répondre aux demandes des groupes d’agriculteurs familiaux de toute l’Amérique du Nord de remplacer l’ALENA par un accord entièrement nouveau qui favorise des systèmes alimentaires équitables et durables, la signature vendredi de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (ACEUM) est une occasion manquée. Parmi ces demandes négligées :

  • Rétablir la souveraineté locale et nationale en matière de politique agricole et alimentaire
    Dans le cadre du nouvel ALENA, les pays renonceront à leurs droits d’utiliser des mesures de sauvegarde qui protègent les marchés clés contre la volatilité des prix ou de l’offre, ce qui met en péril le plan ambitieux du Mexique visant à rétablir l’autosuffisance alimentaire. Le programme canadien de gestion de l’offre de produits laitiers, qui a fait ses preuves, sera affaibli par l’ouverture des marchés intérieurs aux importations. Les demandes de la société civile américaine visant à rétablir l’étiquetage du pays d’origine pour la viande ont été ignorées.
  • Halte aux cadeaux aux entreprises dans les accords commerciaux
    Bien que le nouvel ALENA restreigne positivement le mécanisme controversé de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS) entre les États-Unis et le Mexique, et l’élimine à terme pour les affaires entre les États-Unis et le Canada, il ouvre une nouvelle voie à l’ingérence des entreprises : Les dispositions relatives à la réglementation permettent aux entreprises de retarder et de contester les règles nouvelles et existantes destinées à protéger la santé publique et l’environnement. Il exige également que le Mexique signe et mette en œuvre un traité sur les variétés végétales qui limite la capacité des fermières à conserver et à partager les semences.
  • Assurer la viabilité économique et la résilience des communautés rurales
    Les fermières d’Amérique du Nord sont prises au piège dans un cercle vicieux de prix bas, de surproduction et de concentration des entreprises dans l’agriculture. Le nouvel ALENA n’apporte aucune solution nouvelle pour empêcher le dumping de marchandises à travers les frontières à des prix inférieurs aux coûts de production.
    Les organisations agricoles familiales des États-Unis et du Canada continuent de réclamer un nouvel accord entre les nations nord-américaines qui respecte les préoccupations des fermières, des travailleurs et de l’environnement.

Karen Hansen-Kuhn, directrice du commerce et de la gouvernance mondiale, Institut pour l’agriculture et la politique commerciale
« Ce nouvel ALENA est une énorme occasion manquée. Les groupes d’agriculteurs familiaux des trois pays ont insisté pour que de nouvelles règles soient adoptées afin de reconstruire les économies rurales et les systèmes alimentaires. Au lieu de cela, nous avons un accord qui verrouille un grand nombre des anciennes règles qui ont poussé les fermières à quitter l’agriculture depuis plus de deux décennies. Mais ce n’est pas fini. La signature de ce nouvel ALENA n’est qu’une étape de plus dans un processus qui n’est pas bon. Les assemblées législatives des trois pays devraient insister pour que les négociateurs retournent à la planche à dessin ou qu’ils rejettent ce nouvel ALENA en bloc. »

Cam Goff, premier vice-président (politique), Nationale des Fermiers Canada
« Depuis 1969, la gestion de l’offre a accordé aux fermiers canadiens des secteurs du lait et de la volaille une rémunération équitable pour avoir produit une qualité et une quantité suffisantes sans surproduction. Le nouvel ALENA s’attaque à ce système, alors que partout dans le monde, y compris aux États-Unis, les fermières laitières se tournent vers le système canadien pour sortir du désespoir causé par la surproduction, les prix bas et l’endettement excessif. Le nouvel accord s’attaque également au système canadien de contrôle de la qualité des exportations de céréales et de semences, en donnant aux multinationales une influence indue et en favorisant une stratégie d’exportation à grand volume et à bas prix. Le nouvel ALENA aide les entreprises et nuit aux fermières au Canada et à l’échelle internationale. »

Rick Arnold, président du groupe commercial, section Northumberland du Conseil des Canadiens
« Ce que le Canada propose de signer le 30 novembre est un accord commercial qui pourrait décimer des secteurs clés de la communauté agricole du Canada, ignorer les préoccupations liées au genre ou aux autochtones, et ne contenir aucune mention du changement climatique, de l’Accord de Paris ou du réchauffement de la planète. Il ne devrait pas être signé, et le Parlement devrait le rejeter. »

Jim Goodman, Président, National Family Farm Coalition (Coalition nationale de l’agriculture familiale)
« Cette dernière version de l’ALENA, comme les accords commerciaux précédents, non seulement permet, mais protège, les menaces que le pouvoir des entreprises fait peser sur les gouvernements et les peuples. Le nouvel ALENA garantira le profit des entreprises, quel que soit le coût pour les fermières, les ouvriers agricoles, les femmes, les minorités et les autochtones des trois nations. Il compromet les politiques de gestion de la production du Canada et l’accès aux semences au Mexique, tout en favorisant des prix agricoles bas aux États-Unis. La santé et la sécurité publiques, la viabilité des communautés rurales et la protection de l’environnement ne seront rien de plus qu’une réflexion après coup dans le cadre du nouvel ALENA. »

Contact : Chris Palmquist, 712-242-6090
cpalmquist@iatp.org