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Les politiques alimentaires du Canada en bouteille – Ce que le débat sur le ketchup dit de l’avenir de l’agriculture

J’ai suivi avec intérêt le récent battage médiatique sur les réseaux sociaux à propos du ketchup de French. Il met en évidence ce dont le site () parle depuis des années : la souveraineté alimentaire est importante. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’origine de leurs aliments. En tant que fermiers, nous serions stupides de ne pas remarquer cette tendance.

Au cas où vous auriez manqué l’événement, le géant de la distribution Loblaws a menacé de supprimer le ketchup French’s, tout en conservant Heinz. Le concentré de tomates pour French’s est produit à Leamington, en Ontario, dans l’usine et avec les tomates que Heinz a abandonnées en 2014 lorsqu’elle a transféré sa production de ketchup hors du Canada. Les consommateurs canadiens ont utilisé les médias sociaux pour exprimer haut et fort leur mécontentement, et Loblaws est revenu sur sa décision.

Tout le monde aime les histoires de David et Goliath et, soyons honnêtes, les fermiers canadiens sont les petits gars. En tant que fermiere canadienne, je me demande pourquoi nous n’avons pas de politique pour nous soutenir. Il existe des lois sur le contenu canadien pour la télévision. Pourrions-nous avoir des lois sur le contenu canadien pour les détaillants et les restaurants ? Les mangeurs canadiens ne devraient pas avoir à se rallier à Facebook pour avoir accès à des aliments canadiens.

Le site , tant en Ontario qu’à l’échelle nationale, réclame depuis des années des politiques alimentaires qui soutiennent la viabilité financière des fermières et garantissent l’accès des consommateurs aux aliments canadiens. Dans notre contribution à la consultation pré-budgétaire fédérale, nous avons noté que les prix des denrées alimentaires augmentent « parce que les épiciers doivent acheter des produits importés en utilisant des dollars américains coûteux ». Les fermières, les travailleurs agricoles, les entreprises de transformation alimentaire et les consommateurs canadiens bénéficieraient tous d’un réinvestissement dans la capacité de production et de transformation des fruits, des légumes et du bétail/de la viande au Canada, qui serait réparti sur l’ensemble du territoire. Le site souhaite que le prochain budget comprenne des mesures visant à préserver l’espace de production alimentaire nationale à long terme ».

L’importance des produits alimentaires fabriqués au Canada ne se limite pas au ketchup qui se trouve sur l’étagère de l’épicerie. Comme le souligne Sécurité alimentaire Canada dans sa publication de 2015 intitulée Remettre les pendules à l’heure : Une politique alimentaire populaire pour le Canada, les petites fermes canadiennes sont souvent l’endroit où les jeunes et nouveaux fermiers se lancent. À l’heure où les prix agricoles se comptent en millions de dollars, si nous ne soutenons pas les petites et moyennes exploitations, nous perdrons la prochaine génération de fermiers. Le rapport Losing Our Grip : 2015 Update ( ) met en évidence la perte de terres agricoles financièrement accessibles en raison de l’achat de terres par des sociétés et des investisseurs dans le cadre d’une stratégie d’investissement. Cette tendance a également été identifiée par la Société d’évaluation foncière des municipalités (MPAC).

La bataille entre Loblaws et le ketchup de French’s montre que les consommateurs canadiens veulent acheter des produits alimentaires cultivés au Canada, que les produits alimentaires locaux ont besoin de familles d’agriculteurs locaux ayant un accès équitable aux terres agricoles et que les consommateurs ont besoin de moyens clairs et transparents pour identifier l’origine de leurs produits alimentaires. Face à ce message clair des consommateurs et des fermiers, le gouvernement doit écouter et axer les politiques agricoles du Canada sur le soutien interne – l’avenir de la production alimentaire dans ce pays en dépend.