La Nationale des Fermiers (UNF) est heureuse de contribuer aux consultations du gouvernement fédéral en vue de l’élaboration d’une stratégie nationale pour la main-d’œuvre agricole. Nous sommes particulièrement bien placés pour apporter un point de vue qui reconnaît les intérêts communs des fermières et des travailleurs agricoles et pour proposer des solutions qui augmenteront la durabilité économique, sociale et écologique de notre système alimentaire et agricole en se concentrant sur l’amélioration des conditions et des rendements du travail.
Depuis des décennies, le nombre d’exploitations agricoles au Canada diminue, leur taille augmente et, par conséquent, de plus en plus d’exploitations agricoles ont recours à des travailleurs salariés. La perte continue d’exploitations agricoles et la pénurie actuelle de main-d’œuvre agricole ont la même cause profonde : une compression des coûts et des prix qui entraîne une rémunération insuffisante du travail agricole, qu’il soit effectué par les exploitants ou par les travailleurs agricoles. Le fait de payer des prix élevés pour les intrants et de recevoir des prix bas pour les produits de base conduit les fermières à subventionner leur exploitation par des emplois non agricoles, à faire pression pour que les salaires des travailleurs agricoles restent bas, à ce que les personnes qualifiées quittent le secteur pour des sources de revenus plus rémunératrices et moins précaires, et à ce qu’il n’y ait pas de nouveaux arrivants pour remplacer les fermières qui partent à la retraite.
Pourtant, de nombreux jeunes aimeraient faire de l’agriculture l’œuvre de leur vie. Ils souhaitent avoir de bons emplois dans les exploitations agricoles et/ou exploiter leur propre exploitation. Le Canada est un pays riche et a la capacité de leur assurer des carrières gratifiantes – si nous disposons d’une stratégie de main-d’œuvre agricole conçue pour garantir que la main-d’œuvre agricole est correctement rémunérée, sûre et digne.
Nous rejetons une vision qui cherche à réduire les coûts de main-d’œuvre en maximisant l’utilisation de la technologie (robots, automatisation, tracteurs autoguidés, etc.) et en adoptant une approche “juste à temps” de l’emploi des travailleurs étrangers temporaires. La stratégie nationale pour l’emploi agricole du Canada doit reconnaître la pleine humanité des fermières et des travailleurs agricoles, le rôle et la signification du travail dans leur vie, et les multiples contributions à une société saine qui résultent de la dignité du travail. En d’autres termes, les personnes qui travaillent dans leur propre exploitation ou en tant qu’employés dans des exploitations agricoles ne sont pas simplement des “unités de production” qui permettent aux entreprises d’intrants, aux négociants en matières premières et aux transformateurs de denrées alimentaires de maximiser leurs profits.
La crise de la main-d’œuvre agricole va au-delà d’une pénurie de main-d’œuvre qui menace la capacité de production alimentaire du Canada. C’est aussi une sonnette d’alarme que le Canada doit entendre avant de perdre les compétences et les connaissances essentielles des personnes qui font le travail de l’agriculture.
L’UNF estime que nous avons besoin d’une stratégie pour le travail agricole qui respecte et valorise le travail agricole, qu’il soit effectué par les fermières ou par les travailleurs agricoles.
Les pénuries de main-d’œuvre ont-elles un impact négatif ? L’incapacité du secteur agroalimentaire à rémunérer la main-d’œuvre a entraîné la perte d’exploitations agricoles et l’incapacité du secteur agricole et agroalimentaire à attirer et à retenir de manière fiable les travailleurs dont il a besoin. Cette situation aggrave la crise des revenus agricoles, accélère l’exode rural et contribue à la détérioration de la qualité de vie des habitants des zones rurales. Ces facteurs entraînent un cercle vicieux de déclin. Lorsque les fermiers des petites et moyennes exploitations agricoles durables ne sont pas en mesure de s’assurer un revenu décent, ils ne peuvent pas embaucher des travailleurs agricoles à des salaires compétitifs. La perte à long terme de fermiers épuise le vivier de personnes locales possédant les compétences requises. Les fermières et fermiers retraités sont devenus une source de main-d’œuvre importante, mais limitée dans le temps, dans les Prairies où la taille des exploitations a augmenté de façon spectaculaire. S’il n’y a personne à embaucher, le travail n’est pas fait, ce qui entraîne des risques plus élevés, plus de stress dans les exploitations, une baisse de la production, des coûts plus élevés et des revenus plus faibles. Le manque de main-d’œuvre empêche également les exploitations agricoles d’adopter ou de poursuivre des pratiques qui sont meilleures pour la terre mais qui prennent plus de temps.
Les pénuries de main-d’œuvre signifient également que les travailleurs existants (y compris les propriétaires d’exploitations agricoles) travaillent plus longtemps et doivent accomplir un plus grand nombre de tâches. Les tensions qui en résultent incitent souvent les travailleurs agricoles qualifiés et sous-payés à quitter le secteur, ce qui aggrave encore la perte de productivité des exploitations.
L’offre et la demande de travailleurs agricoles ont-elles évolué au cours des dernières années ? À l’exception des secteurs soumis à la gestion de l’offre, les marchés agricoles canadiens sont structurés de manière à maintenir les prix payés aux fermières à un niveau aussi bas que possible. Cette situation est principalement due au pouvoir monopolistique des principales sociétés agro-industrielles qui achètent les produits de base, et elle est renforcée par les accords commerciaux et les politiques d’exportation qui obligent les produits canadiens à concurrencer, sur le territoire national et à l’étranger, ceux qui sont produits dans des pays où les salaires sont beaucoup plus bas et les normes du travail moins strictes. La “demande” de main-d’œuvre est étroitement liée à la capacité de payer. Ainsi, la fuite de l’argent du Canada consacré à l’alimentation vers des sociétés multinationales étrangères réduit le montant des revenus disponibles dans notre propre système alimentaire, qui pourrait soutenir un plus grand nombre de fermières et de travailleurs agricoles.
L’offre de main-d’œuvre agricole au Canada est limitée par les bas salaires et les conditions de travail, ce qui décourage les jeunes de poursuivre une carrière dans l’agriculture. Alors que les accords commerciaux permettent au Canada d’importer facilement des produits agricoles à bas prix, la mobilité des travailleurs pour venir ici et pour se déplacer à l’intérieur du Canada est étroitement contrôlée à la frontière et par les règles régissant les travailleurs étrangers temporaires (TET). En outre, les restrictions à la mobilité des TET et leur manque de droits contribuent à la sous-évaluation générale de la main-d’œuvre agricole.
Comment mieux soutenir le recrutement et la rétention des groupes sous-représentés ? De nombreux travailleurs agricoles sont racisés et/ou issus de communautés défavorisées qui sont sous-représentées dans les secteurs de l’économie les mieux rémunérés. La stratégie sur la main-d’œuvre agricole doit renforcer l’équité au sein du secteur, et entre l’agriculture et les autres secteurs de l’économie, grâce à des politiques qui garantissent que les fermières et les travailleurs agricoles sont en mesure de gagner un revenu décent.
Il conviendrait d’étudier la possibilité d’améliorer la conception du programme de gestion des risques de l’entreprise afin de garantir que les exploitations à forte intensité de main-d’œuvre bénéficient d’un soutien adéquat, et de mettre en place un programme de revenu de base garanti qui tienne compte des spécificités du travail agricole, afin que tous les producteurs agricoles puissent continuer à s’acquitter de la tâche essentielle qui consiste à produire des aliments pour les Canadiens.
Les travailleurs agricoles doivent bénéficier de la protection du droit du travail et du droit à la syndicalisation dans tout le Canada. Plusieurs provinces excluent certains travailleurs agricoles de la réglementation sur le salaire minimum, des périodes de repos garanties et d’autres protections importantes pour les travailleurs. En Alberta et en Ontario, les travailleurs agricoles n’ont pas le droit d’adhérer à un syndicat, et au Québec, certains types de travailleurs agricoles ne peuvent pas se syndiquer. Tous les travailleurs agricoles du Canada devraient bénéficier de la couverture dont ils ont besoin en vertu des lois provinciales et territoriales sur le travail, y compris le droit de s’associer et de former un syndicat.
Comment pouvons-nous contribuer à maintenir les travailleurs dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire ? Tous les travailleurs agricoles étrangers temporaires devraient avoir droit au statut de résident permanent. De nombreux TET viennent au Canada de manière saisonnière depuis plus de 30 ans. Si nous voulons garder ces travailleurs dans le secteur agricole et agroalimentaire et attirer encore plus de travailleurs étrangers qualifiés et de haut niveau, nous devons veiller à ce qu’ils aient accès à tous les droits et protections accordés aux travailleurs canadiens et qu’ils puissent en bénéficier.
La mondialisation a créé un déséquilibre entre les prix des produits agricoles et le niveau de salaire vital requis pour les travailleurs agricoles au Canada. Un revenu de base garanti et/ou des modifications du système d’assurance-emploi sont nécessaires pour résoudre ce problème. Le programme d’assurance-emploi devrait reconnaître le caractère saisonnier du travail agricole et la nécessité pour les travailleurs agricoles de disposer d’un revenu décent tout au long de l’année. Avec un revenu décent tout au long de l’année, les personnes employées comme travailleurs agricoles pourraient continuer la tâche essentielle de produire des aliments pour les Canadiens sans s’inquiéter de la perte de revenus saisonniers, des perturbations liées au changement climatique (sécheresse, incendies, etc.) et sans augmenter le coût des aliments pour les consommateurs.
Outre les bas salaires, nos membres travailleurs agricoles expriment régulièrement que le manque de logements de qualité, abordables et bien situés est un facteur dissuasif majeur pour rester dans le secteur. Le Canada doit investir dans le logement public rural, les écoles rurales, les transports publics ruraux et les structures de garde d’enfants. Il est également nécessaire d’investir davantage dans les soins de santé en milieu rural et d’offrir aux exploitants et aux travailleurs agricoles un accès plus abordable aux prestations complémentaires en matière de santé et de soins dentaires, ainsi qu’à l’assurance contre les accidents du travail.
Les petites et moyennes entreprises du secteur de la transformation alimentaire locale devraient bénéficier en priorité de subventions leur permettant de moderniser leurs installations et d’améliorer les conditions de travail afin d’attirer et de retenir des travailleurs qualifiés. Les avantages d’un tel soutien vont au-delà de la réussite des entreprises elles-mêmes, car les petites exploitations réparties sur l’ensemble du territoire canadien ont généralement un impact net plus important sur les économies locales et la sécurité alimentaire régionale en fournissant à la fois des emplois dans la communauté et des revenus à valeur ajoutée pour les producteurs locaux.
La plupart des travailleurs possèdent-ils les compétences nécessaires pour réussir ? Certains emplois dans le domaine de la production et de la transformation agricoles ne sont pas pourvus parce qu’il n’y a pas assez de personnes ayant la formation nécessaire. L’amélioration des programmes de formation, le financement de la formation sur l’exploitation et la reconnaissance des compétences acquises dans des situations de travail antérieures contribueraient à combler cette lacune. C’est particulièrement vrai pour les petites et moyennes entreprises du secteur de la transformation alimentaire, telles que les abattoirs titulaires d’une licence provinciale. Par exemple, en Colombie-Britannique, le seul programme de formation pour les bouchers obtient 12 à 14 nouveaux bouchers par an. Cet établissement d’enseignement supérieur (Thompson Rivers University) signale qu’au bout de cinq ans, seuls deux de ces diplômés travailleront encore dans l’industrie. Une étude récente de la BC Abattoirs Association estime qu’il faut 200 dépeceurs de viande formés dans l’immédiat et 400 autres dans les deux ans à venir.
Rapport de l’UNF Ontario,
Recadrer la crise de la main-d’œuvre agricole en Ontario
note que les fermières ont identifié le besoin d’une formation en gestion des ressources humaines, plus de 60 % d’entre elles déclarant qu’elles n’avaient pas le temps ou les connaissances nécessaires pour fournir une variété de politiques de ressources humaines à leur personnel. Dans le même rapport, les travailleurs agricoles ont identifié un certain nombre de compétences agricoles de premier ordre, qu’il s’agisse de compétences matérielles ou immatérielles. Les principales compétences agricoles qu’ils souhaitaient acquérir comprenaient une formation sur la santé des sols et les amendements, l’identification des mauvaises herbes et des maladies, l’horticulture et les soins aux cultures, l’irrigation et les soins au bétail. Les compétences techniques comprenaient une formation à la construction et aux infrastructures, à l’utilisation de tracteurs et d’équipements lourds, ainsi qu’au marketing et au service à la clientèle.
Comment l’agriculture peut-elle contribuer à garantir que les travailleurs possèdent les compétences nécessaires pour passer à une économie plus résiliente et plus adaptable ? Le Canada a besoin d’un soutien financier public pour passer à des méthodes agricoles plus respectueuses du climat, y compris la recherche de méthodes agronomiques qui ne dépendent pas des intrants et l’embauche d’agronomes pour fournir des services de vulgarisation gratuits et fiables afin de promouvoir les meilleures pratiques de gestion. L’UNF recommande la création d’une nouvelle
Agence canadienne de résilience agricole
pour coordonner la recherche et la vulgarisation afin de soutenir une transition juste vers une adaptation climatique rentable et à faibles émissions.
La stratégie pour l’emploi agricole devrait également prévoir un soutien financier pour la formation sur l’exploitation. La plupart des fermières et des fermiers apprennent à cultiver des aliments pendant qu’ils sont à la ferme. Le soutien financier des pouvoirs publics aux employeurs agricoles en tant que “formateurs” et aux travailleurs agricoles en tant que “stagiaires” pour la formation/éducation sur l’exploitation permettra aux fermières de partager les meilleures pratiques agricoles en matière d’environnement.
Avec l’automatisation croissante et l’utilisation de la technologie numérique dans les machines agricoles, le gouvernement doit promouvoir l’innovation dans les exploitations agricoles en aidant les fermiers et les travailleurs agricoles à accéder à des informations de source ouverte, à partager leurs propres connaissances, compétences et créativité pour créer et utiliser des technologies appropriées tout en renforçant les relations sociales au sein de leurs entreprises et de leurs communautés.
Les technologies d’automatisation et d’économie de main-d’œuvre sont-elles utilisées de manière adéquate ? Les fermiers prennent en considération de nombreux facteurs lorsqu’ils décident d’adopter ou non de nouvelles technologies. Il serait plus judicieux de se demander si les options d’automatisation répondent aux besoins exprimés par les fermières. L’automatisation accrue avec des machines plus grandes risque d’augmenter le compactage des sols, de réduire l’infiltration de l’eau et la capacité de rétention des sols, et de rendre les exploitations agricoles moins résistantes aux conditions météorologiques extrêmes que nous connaissons aujourd’hui régulièrement en raison de la crise climatique. Les fermiers accordent une grande importance à leur autonomie en tant que décideurs, autonomie que les technologies automatisées peuvent entraver. Par exemple, les systèmes informatiques propriétaires rendent la fermiere dépendante des techniciens des concessionnaires pour effectuer les réparations, ce qui augmente les coûts et les délais qui peuvent avoir des conséquences importantes.
Existe-t-il des obstacles au développement et à l’adoption de l’automatisation et des technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre ? Les coûts d’investissement élevés de l’automatisation peuvent dépasser les économies potentielles pour les petits et moyens producteurs et transformateurs. L’automatisation peut réduire la capacité des fermières à adapter leurs activités en fonction de situations ou de conditions inattendues. Le recours à l’intelligence artificielle et aux algorithmes programmés dans les machines peut entraîner des erreurs, des dangers, des dommages et des pertes au niveau du paysage lorsque le système automatisé ne parvient pas à comprendre la complexité de la situation et applique les mauvaises solutions.
Les coûts énergétiques et les émissions dues à l’automatisation peuvent augmenter les émissions de GES lorsqu’il s’agit de remplacer l’énergie humaine par de l’énergie fossile ; les méthodes d’agriculture durable nécessitent souvent plus, et non moins, de main-d’œuvre.
L’automatisation peut être utilisée pour la surveillance des travailleurs et des fermiers, avec des conséquences inacceptables pour la vie privée, l’équité et l’autonomie. Par exemple, la plus grande entreprise de machines agricoles au monde, John Deere, investit également massivement dans les applications de big data et a conclu des partenariats avec des sociétés de négoce de semences et de matières premières qui exacerbent le déséquilibre de pouvoir entre les fermières et les entreprises avec lesquelles elles traitent.
En 2020, l’Union des travailleurs de l’alimentation et du commerce (UFCW) a publié un rapport sur les outils technologiques utilisés par les employeurs de serres pour surveiller les travailleurs agricoles migrants sur les chaînes de montage. L’UFCW a observé que les travailleurs de la chaîne de montage qui n’atteignent pas leur quota sont privés de salaire ou voient leur temps de travail réduit. Le recours à la surveillance pour accroître la productivité des travailleurs agricoles constitue un niveau de contrôle inacceptable. Non seulement elle est incompatible avec la dignité des travailleurs, mais elle peut également engendrer des problèmes de santé et de sécurité au travail en raison des efforts répétitifs et de la surcharge de travail, comme cela a été constaté dans les entrepôts d’Amazon.
Existe-t-il des obstacles à l’expansion de l’automatisation et des technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre dans le secteur de la transformation ? Résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans les abattoirs est extrêmement important pour les fermières, mais l’automatisation accrue ne peut pas remplacer les travailleurs qualifiés et formés. Plutôt que d’investir dans les technologies d’automatisation, nous avons besoin que le gouvernement investisse dans l’expansion des programmes de formation en boucherie et dans le soutien aux petits abattoirs locaux et régionaux.
Nous avons besoin d’un programme d’emploi et d’immigration qui permette aux éleveurs de bétail, aux bouchers et aux découpeurs de viande d’avoir accès à des travailleurs étrangers temporaires qui bénéficient d’une voie d’accès à la résidence permanente, afin que les abattoirs et les éleveurs de bétail puissent bénéficier de leurs compétences tout au long de l’année.
La grave pénurie de bouchers qualifiés menace la viabilité des petites et moyennes entreprises de découpe et d’emballage. Il est donc urgent de mettre en place un programme d’immigration spécial permettant d’accélérer la formation des bouchers qualifiés afin qu’ils puissent travailler dans des abattoirs inspectés par les autorités provinciales et dans des boucheries de proximité. Il est nécessaire d’accroître les capacités de ces entreprises pour remédier aux retards et aux goulets d’étranglement inacceptables qui limitent la capacité des fermières à répondre à la demande croissante des clients désireux d’acheter du bétail élevé localement.
Quelles sont les lacunes à combler en matière d’information sur le marché du travail ? Nous devons en savoir plus sur les différences de revenus, de bénéfices, de salaires, etc. entre les grandes entreprises et les petites exploitations familiales. Nous devons savoir si – et dans quelle mesure – les grandes entreprises sont réellement en mesure d’augmenter les salaires de leurs employés.
Nous avons besoin de données sur les salaires moyens ou la fourchette des salaires versés dans le secteur agricole/agroalimentaire, en particulier dans des provinces comme l’Ontario, où les travailleurs agricoles primaires ne sont pas régis par des lois sur le salaire minimum.
Quelles solutions prioritaires les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient-ils mettre en œuvre pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre ?
- Le Canada doit fournir une résidence permanente à tous les travailleurs agricoles étrangers temporaires :
- Tous les travailleurs agricoles doivent se voir garantir les droits du travail, y compris le droit de se syndiquer.
- Un revenu de base garanti, ainsi qu’une réforme de l’assurance-emploi (augmentant les taux et l’éligibilité pour tous ceux qui travaillent dans le secteur agricole), des subventions salariales et/ou des augmentations des taux de salaire minimum sont nécessaires de toute urgence pour que les fermiers et les travailleurs agricoles puissent avoir des carrières économiquement et socialement durables en produisant de la nourriture pour les Canadiens.
- Le travail rural et agricole sera plus attrayant si le gouvernement investit dans les services et les équipements ruraux, notamment dans des logements publics abordables et bien situés, des services de garde d’enfants abordables, des écoles, des services de soins de santé et l’accès à des prestations complémentaires de santé et dentaires abordables, des transports publics intercommunaux et d’autres équipements culturels et récréatifs.
Quels sont les services, programmes et/ou engagements gouvernementaux liés au travail qui doivent être immédiatement modifiés ? Permis de travail ouverts pour tous les travailleurs étrangers temporaires : Jusqu’à ce que le gouvernement crée une filière d’immigration spécifique pour les travailleurs agricoles, tous les travailleurs étrangers temporaires devraient recevoir des permis de travail ouverts qui leur permettraient de changer d’employeur si nécessaire. Ils devraient également bénéficier de tous les droits et privilèges accordés aux travailleurs canadiens par les législations du travail provinciales et territoriales. Les travailleurs agricoles sont souvent victimes de bas salaires, de mauvaises conditions de travail, d’emplois précaires, du manque de services nécessaires à leur qualité de vie, de discriminations et parfois de mauvais traitements et de menaces de violence. De telles conditions ne devraient pas être le prix à payer pour travailler au Canada, pour qui que ce soit, y compris les TET.
Conclusion
Le Canada a besoin d’une stratégie de l’emploi agricole qui place les personnes qui travaillent – les fermiers et les travailleurs agricoles – au centre de ses préoccupations. Cela doit commencer par des politiques qui garantissent que le prix que les fermières reçoivent pour leur produit permettra au producteur de récupérer le coût de production, y compris un retour raisonnable sur l’investissement, la gestion et la main-d’œuvre. Ce principe s’applique à tous les acheteurs, qu’il s’agisse d’un négociant en matières premières opérant à l’échelle internationale, d’un transformateur de produits alimentaires desservant le marché canadien ou de propriétaires de supermarchés achetant des produits locaux : tous doivent payer des prix permettant à leurs fournisseurs de maintenir des conditions de travail sûres et équitables pour l’ensemble des fermières et des travailleurs.
Tout ceci est respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
Octobre 2022
La Nationale des Fermiers est une organisation agricole nationale, non partisane, à adhésion directe et volontaire, qui regroupe des milliers de familles d’agriculteurs de tout le Canada. Fondée en 1969, l’UNF défend des politiques qui favorisent la dignité, la prospérité et l’avenir durable des fermières, des travailleurs agricoles, de leurs familles et de leurs communautés.