La Nationale des Fermiers (UNF) soutient l’expansion des transports publics interurbains et communautaires, tels que Via Rail à l’échelle nationale, et des systèmes de transport public régionaux tels que Go Transit et l’ancienne Saskatchewan Transportation Company. L’UNF demande instamment à tous les niveaux de gouvernement de réinvestir dans les transports publics régionaux. Nous encourageons également de nouveaux partenariats entre l’État, les coopératives et les organisations autochtones pour partager la promotion, le financement et l’exploitation de services d’autobus régionaux et interprovinciaux appropriés et novateurs.
Dans le cadre de cette consultation, nous souhaitons insister sur le fait que les transports publics ruraux intercommunaux financés par des fonds publics sont nécessaires pour desservir les régions rurales et éloignées du Canada. Les options de transport public rural ont été éliminées ces dernières années, au moment même où l’on a le plus besoin d’alternatives aux véhicules privés pour lutter contre le changement climatique et prévenir l’exode rural.
Dans la plupart des régions du Canada, les zones rurales et éloignées sont mal desservies, avec des moyens de transport intermittents, coûteux et parfois dangereux ; dans de nombreux cas, aucun transport public n’est disponible. Un système national de transport public sûr, fiable, accessible, abordable et respectueux du climat peut être conçu pour desservir à la fois les communautés rurales et isolées et les grands centres. Un tel système offrirait plus d’autonomie, de dignité et de liberté aux personnes vulnérables, notamment les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes vivant dans la pauvreté, dont la sécurité peut dépendre d’un transport fiable. En outre, le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées du Canada demande “des services de transport sûrs et abordables… suffisants et facilement disponibles”.
Un système de transport public intercommunautaire appartenant à l’État, intégré à l’échelle nationale et correctement financé est nécessaire pour que les Canadiens de toutes les provinces et de tous les territoires puissent exercer de manière significative leur droit à la liberté de circulation, tel qu’il est reconnu à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies.
En 2017, le gouvernement de la Saskatchewan a rendu la vie plus difficile aux fermiers et autres résidents ruraux en fermant la Saskatchewan Transportation Company (STC) qui fournissait des services de transport de passagers et de marchandises (colis) à 284 communautés dans un réseau avec des connexions ultérieures vers des centres dans d’autres provinces. De nombreux fermiers traitent avec de petites entreprises dans les communautés qui comptaient sur STC pour expédier leurs commandes d’une communauté à l’autre. Sans STC, faire des affaires est devenu plus coûteux et prend plus de temps, au point que certains pourraient ne pas survivre. STC a fourni un service essentiel entre les petits centres. Grâce au STC, les personnes qui ne conduisent pas peuvent continuer à vivre dans une petite communauté, tout en sachant qu’elles peuvent se rendre en ville si nécessaire, et les citadins qui n’ont pas de voiture ou de permis de conduire ont la possibilité de se rendre en toute sécurité et commodément en bus dans des communautés plus petites. La suppression du CST a renforcé l’isolement rural, limité les opportunités, favorisé le dépeuplement et sapé l’économie rurale. Quatre ans après le démantèlement de STC et la vente de sa flotte, Greyhound a annoncé qu’elle ne desservirait plus le Canada à partir du 13 mai 2021. Il existe aujourd’hui de nombreux endroits où il n’y a pas du tout de transport public.
Les conséquences du retrait définitif de ces compagnies de bus de nos routes soulignent la nécessité d’un système national de transport public qui ne dépende pas de la rentabilité des fournisseurs privés et qui ne soit pas vulnérable aux réflexions à court terme des gouvernements locaux ou provinciaux.
Nous demandons instamment aux gouvernements provinciaux, fédéraux, municipaux et autochtones de travailler ensemble à la construction d’un système de transport desservant l’ensemble de nos communautés. Ce système peut s’appuyer sur l’expérience des anciens et actuels systèmes publics de transport régional, tels que la Saskatchewan Transportation Company et GO Transit, et des services publics de transport ferroviaire de passagers, tels que VIA Rail et Northland Railway.
Nous mettons en garde contre les efforts fragmentaires qui attribueraient les liaisons rentables entre les grands centres à des opérateurs privés et laisseraient les petits centres dépendre de services privés précaires qui doivent faire des économies ou limiter le service pour rester en activité, ou qui dépendent de subventions que les gouvernements qui se serrent la ceinture pourraient facilement supprimer. Le transport public national doit être considéré comme un service public – une infrastructure essentielle qui crée une valeur sociétale dans le cadre d’un système global. Les modalités de planification et de financement doivent protéger le caractère national et public d’un système de transport conçu pour desservir équitablement les populations rurales et éloignées.
Au sortir de la pandémie, les Canadiens sont impatients de voyager à travers le pays pour rendre visite à leur famille et à leurs amis, explorer de nouveaux endroits et se déplacer pour le travail, l’éducation et de nouveaux départs. Face à l’augmentation des coûts liés au changement climatique et à la prise de conscience de la justice climatique, les gens cherchent de plus en plus des alternatives au transport aérien.
L’UNF approuve les objectifs du gouvernement fédéral en matière de transport public, à savoir construire des communautés meilleures, plus abordables, durables et inclusives, et le faire de manière à créer de bons emplois, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à améliorer l’accessibilité des logements. À cette liste, il faut ajouter les objectifs de connexion entre les communautés et d’amélioration de l’accessibilité pour les habitants des zones rurales et isolées.
Inclusion sociale : Le gouvernement du Canada peut s’assurer que les programmes de transport public favorisent l’inclusion sociale et l’accessibilité en tenant compte dès le départ des besoins des habitants des régions rurales et éloignées. Un réseau de transport public doit être conçu de manière intégrée de façon à ce qu’il y ait des nœuds pratiques qui relient les transports en commun à l’intérieur des centres urbains aux transports en commun entre les communautés. Un système de transport public bien conçu peut favoriser une meilleure qualité de vie dans les petits centres, en rendant plus attrayants les lieux de résidence et de travail, ce qui aurait un impact positif sur l’étalement urbain et la congestion.
Les planificateurs des transports en commun devraient envisager d’intégrer des services parallèles, tels que les services de messagerie, de colis et de fret, afin de multiplier les avantages du réseau de transport public et de fournir des sources de revenus supplémentaires pour soutenir le système.
Les gouvernements et les agences de transport doivent consulter les personnes affectées par la perte de Greyhound et de STC et par la réduction des services de VIA Rail avant de prendre des décisions en matière de planification et d’investissement.
Les tarifs doivent être maintenus à un niveau bas pour que les transports publics soient abordables pour ceux qui en ont le plus besoin et constituent une alternative attrayante à la voiture particulière.
Offre de logements et accessibilité financière : Le gouvernement du Canada veille à ce que le financement permanent des transports en commun contribue aux efforts visant à améliorer l’abordabilité des logements en s’assurant que la conception du système crée un moyen de transport abordable, confortable et pratique entre les petits centres et les grandes villes. Cela rendrait plus attrayante la vie dans les petites communautés où les prix des logements sont souvent moins élevés – et cela contribuerait également à maintenir la vitalité des petites communautés, en empêchant le déclin et la détérioration de leur parc de logements. D’excellents transports en commun interurbains aideraient les communautés à soutenir un plus large éventail de services et d’entreprises, et permettraient également d’accéder aux commodités des grandes villes en cas de besoin ou de désir. De meilleurs transports ruraux amélioreraient la qualité de vie des habitants des zones rurales et feraient de l’agriculture un choix de carrière plus attrayant pour les jeunes.
Un environnement propre et sain : Un financement permanent des transports publics peut réduire les émissions globales de gaz à effet de serre et accélérer la trajectoire du Canada vers l’objectif zéro en garantissant la liberté de mobilité dans toutes les régions du pays. Cela réduirait la nécessité d’utiliser une voiture privée pour chaque trajet effectué par les habitants des zones moins urbanisées. Les nouveaux transports publics devraient utiliser des flottes et des trains électriques. Les dépôts de transit peuvent être équipés de stations de recharge publiques afin d’encourager et de soutenir le passage aux voitures électriques dans les zones rurales et isolées.
Les infrastructures d’énergie renouvelable dispersées peuvent être conçues pour s’intégrer aux transports publics intercommunaux électrifiés. Les sources d’électricité renouvelables situées le long des itinéraires de transit pourraient être configurées pour fonctionner de manière indépendante en cas de perturbations du réseau dues à des tempêtes. Cela pourrait contribuer à réduire l’impact des phénomènes météorologiques violents tout en atténuant le changement climatique en réduisant les émissions.
Le gouvernement du Canada peut soutenir efficacement les investissements dans les parcs de véhicules de transport en commun à zéro émission dans tout le pays en finançant la transition des parcs de véhicules alimentés par des combustibles fossiles au moyen de subventions et de prêts à faible taux d’intérêt, ainsi que de programmes visant à soutenir la récupération et le recyclage des matériaux des parcs de véhicules qui partent à la retraite. Le fait de disposer d’une vision et d’un plan très fonctionnels pour un système national de transport public financé par l’État, auquel les communautés peuvent participer, contribuera à accélérer cette transition en la rendant plus attrayante.
Le transport étant l’une des principales sources d’émissions de GES au Canada et le transport public pouvant réduire ces émissions de manière très efficace, le besoin croissant de résilience climatique devrait être un facteur important pour les investissements dans le transport public.
Avantages économiques : Le gouvernement du Canada peut s’assurer que le financement permanent du transport public favorise la création d’emplois et des avantages économiques plus larges en veillant à ce que les emplois du système de transport soient syndiqués et à ce que le système national de transport financé par l’État soit conçu pour offrir un service pratique et abordable aux petites collectivités.
Une coordination et une planification renforcées : Le gouvernement du Canada, les gouvernements provinciaux/territoriaux, municipaux et autochtones peuvent mieux se coordonner et collaborer afin d’offrir le meilleur transport en commun possible à leurs communautés en faisant du transport en commun financé par l’État une priorité. Il pourrait être nécessaire que le gouvernement fédéral fasse valoir les avantages d’un système national de transport public qui relie les communautés entre elles au-delà des frontières provinciales. Le transport public doit être considéré à la fois comme un service essentiel pour les résidents du Canada et comme une infrastructure critique tout aussi précieuse que les infrastructures fixes telles que les ponts et les routes.
Des investissements dans les transports publics à l’épreuve du temps : Le gouvernement du Canada ne devrait pas s’appuyer sur des méthodes de financement alternatives pour soutenir un système national de transport public. Les transports publics doivent être financés par des fonds publics afin de soutenir les objectifs et les intérêts du public. Les systèmes de financement alternatifs introduiraient des acteurs privés intéressés, dont les objectifs ne seraient pas alignés sur des communautés meilleures, plus abordables, durables et inclusives, sur la création de bons emplois, sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, sur des logements abordables, sur une meilleure connexion entre les communautés et sur l’amélioration de l’accessibilité pour les résidents ruraux et éloignés.
Les systèmes de financement alternatifs tels que les “partenariats public-privé” ont fait leurs preuves en matière de dépassement des coûts, de qualité inférieure, d’exploitation de la main-d’œuvre, de restrictions d’accès, etc. Le financement public est l’option la moins coûteuse et la plus appropriée. La création d’un système national de transport public respectueux du climat est un immense bien public qui profitera à tous et qui sera en place à long terme. Investir dans les coûts initiaux pour réduire les coûts futurs est l’une des utilisations les plus prudentes des fonds publics. Les investisseurs privés qui pourraient bénéficier de “systèmes de financement alternatifs” par le biais de paiements d’intérêts ou de contrats de service à bénéfices garantis profiteraient injustement des efforts déployés par tous les niveaux de gouvernement pour améliorer la capacité de nos transports publics afin de répondre aux besoins futurs.
Les partenariats public-privé sont réputés pour les accords avantageux qu’ils permettent au partenaire privé de conclure et qui lient les mains du secteur public. Nos investissements dans de nouvelles capacités de transport public doivent conserver la souplesse nécessaire pour s’adapter à l’évolution des circonstances, car le changement climatique rend notre monde moins prévisible.
Nous recommandons que les éléments de conception du programme garantissent le financement public intégral des transports en commun, et que les partenariats public-privé et le financement du secteur privé par la Banque d’infrastructure du Canada soient interdits. Le gouvernement du Canada ne peut garantir que le financement s’aligne sur et/ou soutienne l’inclusion sociale et les objectifs connexes qu’en s’assurant que tous les projets sont financés par des fonds publics.
Les transports publics ne devraient pas s’arrêter aux limites de la ville.
Le moment est venu de créer un système national de transport en commun appartenant à l’État et financé par l’État, qui offre un moyen de transport sûr et fiable à tous les Canadiens.
Tout ceci est respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
Octobre 2022
La Nationale des Fermiers est une organisation agricole nationale, non partisane, à adhésion directe et volontaire, qui regroupe des milliers de familles d’agriculteurs de tout le Canada. Fondée en 1969, l’UNF défend des politiques qui favorisent la dignité, la prospérité et l’avenir durable des fermières, des familles agricoles et de leurs communautés.