La Nationale des Fermiers (UNF) a le plaisir de présenter ses commentaires à la Commission canadienne des grains (CCG) concernant l’indice de chute et le déoxynivalénol (DON) en tant que facteurs potentiels de classement officiel des grains.
Le système de classement du Canada est nécessaire pour maximiser les avantages que les fermiers canadiens tirent du commerce international des céréales et les recettes nettes en devises qu’ils génèrent. Notre système de classement différencie les céréales canadiennes sur le marché et garantit aux clients que la qualité des céréales est prévisible, fiable et constante par grade. Notre système de classement des grains constitue donc un avantage concurrentiel pour l’agriculture canadienne. Le pouvoir de la CCG de faire respecter les grades par le biais d’un arbitrage contraignant en cas de litige confère aux fermières une force d’équilibrage contre les sociétés qui pourraient autrement déclasser injustement les grains livrés au silo de collecte.
Notre système de classement et nos inspections externes protègent également les exportateurs de céréales contre les plaintes non fondées des importateurs en matière de qualité et peuvent fournir des preuves objectives et impartiales en cas de litige.
Le système de classement est l’un des principaux outils utilisés par la CCG pour remplir son mandat tel qu’énoncé dans la Loi sur les grains du Canada, à savoir « dans l’intérêt des producteurs de grains, établir et maintenir des normes de qualité pour les grains canadiens et réglementer la manutention des grains au Canada, afin d’assurer une marchandise fiable pour les marchés intérieurs et d’exportation ». La loi sur les grains du Canada confère également à la CCG le pouvoir réglementaire de définir les grades des grains de l’Est et de l’Ouest et d’établir leurs spécifications, ainsi que les méthodes visuelles ou autres pour déterminer ces spécifications. L’article 16, paragraphe 3, de la loi sur les grains du Canada stipule que toute modification de la définition des grades doit améliorer l’acceptation du grain sur le marché et minimiser toute réduction de sa valeur (c’est nous qui soulignons).
L’UNF a conclu qu’à l’heure actuelle, l’ajout de l’indice de chute et du déoxynivalénol (DON) en tant que facteurs officiels de classement des grains pourrait ne pas profiter aux fermiers, augmenterait les risques de déclassement injuste et réduirait potentiellement la valeur des grains classés. Nous recommandons à la CCG d’utiliser son autorité pour rendre une décision contraignante en cas de litige dans les cas où les sociétés utilisent volontairement l’indice de chute et/ou le DON pour valoriser les grains livrés. Nous justifions ces conclusions comme suit.
La détermination d’une procédure d’échantillonnage fiable et équitable pour ces caractéristiques reste un défi technique et logistique important et non résolu. Nous craignons également des lacunes dans la formation du personnel des sociétés céréalières et dans l’étalonnage des équipements de contrôle. Nous ne sommes pas certains que ces tests seraient toujours effectués de manière cohérente et équitable. Dans le cas du test DON, les résultats peuvent varier considérablement d’un échantillon à l’autre.
Les fermières reconnaissent ces limites techniques et logistiques à l’analyse de ces caractéristiques. Les fermières sont également conscientes qu’il est dans l’intérêt des sociétés céréalières d’augmenter leurs marges en réduisant les prix payés aux agriculteurs. Étant donné le risque important de désaccord sur l’indice de chute et le déoxynivalénol (DON) en raison des incertitudes techniques et logistiques, leur inclusion en tant que facteurs de classement pourrait facilement entraîner une diminution de la confiance des agriculteurs dans les grades et permettre aux sociétés céréalières de justifier injustement des prix réduits lorsqu’elles achètent des céréales aux fermières.
L’inclusion de ces deux mesures dans le classement des céréales aurait également tendance à ralentir notre système de classement, étant donné que l’analyse de l’indice de chute et/ou du DON prend actuellement plus de temps et entraînerait des retards dans l’ensemble du système, avec des avantages compensatoires minimes pour les fermières ou le système d’exportation.
Les tests supplémentaires pourraient également entraîner des retards lors du déchargement au silo, ce qui pourrait décourager les fermières d’attendre les résultats aux heures de pointe, limitant ainsi leur capacité à soumettre un litige à l’arbitrage, ou bien encourager les fermières à exercer régulièrement leur droit à ce que leur livraison soit « soumise au grade et au taux d’impuretés de l’inspecteur » ou lorsque des examens d’échantillons de « poubelles spéciales » sont demandés.
Le programme d’échantillons de récolte de la CCG fournit désormais aux fermières participantes l’indice de chute et/ou le DON pour le blé. Nous demandons à la CCG d’étendre ce service à toutes les céréales pour lesquelles ces tests sont pertinents pour leurs utilisations finales. En augmentant la capacité de la CCG à effectuer des tests dans le cadre du programme d’échantillonnage des récoltes, la CCG obtiendra davantage de données et d’expérience qui lui permettront d’améliorer la méthodologie, la technologie et les protocoles d’échantillonnage. Peut-être cela conduira-t-il à des améliorations qui finiront par générer la crédibilité et la confiance dans les tests pour qu’il soit acceptable d’ajouter le Falling Number et le DON comme facteurs de notation.
Nous savons que certaines sociétés céréalières incluent des spécifications relatives à l’indice de chute et/ou au DON dans certains de leurs contrats. Étant donné que ces éléments affectent désormais la valeur des céréales pour certains fermiers et que la CCG a l’obligation statutaire d’agir dans l’intérêt des producteurs de céréales, nous demandons instamment à la CCG d’élaborer des protocoles d’échantillonnage et des procédures d’analyse officiels pour son propre usage et pour un usage commercial.
Nous notons que la Loi sur les grains du Canada – Règlement sur les grains PARTIE 2, Article 7 (1) Classement des échantillons non officiels semble donner à la CCG toute l’autorité nécessaire pour fournir une détermination contraignante de l’indice de chute et/ou du DON en cas de litige entre un fermier et un acheteur de grain lorsque ces spécifications sont utilisées dans les contrats commerciaux. Actuellement, les fermières doivent payer lorsqu’elles demandent ce service. Nous recommandons que les frais de notation des échantillons non officiels soient supprimés pour les numéros d’automne et/ou les DON.
Nous demandons donc instamment à la CCG de faire savoir aux fermières qu’elles ont la possibilité d’obtenir une décision exécutoire de la part de la CCG en cas de litige lorsque les sociétés incluent l’indice de chute et/ou le DON dans la détermination de la valeur des grains livrés. Cependant, nous ne pouvons pas soutenir l’ajout de l’indice de chute et/ou du DON en tant que facteurs officiels de classement des grains à l’heure actuelle.
Respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
8 mai 2019