National | Communiqué de presse

À l’occasion de la Journée internationale des migrants, l’UNF demande au gouvernement d’agir pour remédier à l’injustice systémique des programmes canadiens de travailleurs étrangers temporaires.

NEW HAMBURG, ON- Les travailleurs agricoles migrants au Canada sont souvent maltraités, soumis à des conditions de travail et de vie dangereuses, victimes de discrimination, et se voient refuser et/ou empêcher l’accès aux mesures de santé et de sécurité de base. Ces problèmes systémiques liés aux programmes canadiens de travailleurs étrangers temporaires pour l’agriculture ne sont pas près de disparaître. Nous demandons au gouvernement fédéral de résoudre la crise de la main-d’œuvre agricole de manière à renforcer la sécurité alimentaire du pays tout en évitant de continuer à dépendre de l’exploitation des travailleurs migrants.

Chaque année depuis 1996, date à laquelle le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) a été mis en place, des allégations crédibles de mauvais traitements et d’exploitation abusive des travailleurs ont été documentées. En ce 18 décembre, journée internationale des migrants, la Nationale des Fermiers a le regret d’annoncer que cette année n’a pas été différente. En juillet, les défenseurs des migrants enNouvelle-Écosse ont protesté contre l’exclusion des travailleurs étrangers temporaires de l’assurance maladie publique. En août, la CBC a rapporté que les travailleurs agricoles migrants de la région de Niagara qui cultivent notre nourriture étaient eux-mêmes en situation d’insécurité alimentaire. Le même mois, des travailleurs jamaïcains qui avaient organisé une grève d’une journée pour protester contre des conditions de travail déplorables ont été expulsés au lieu de voir leur situation améliorée.

En septembre, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoyo Obataka, a présenté un rapport sur les programmes de travailleurs étrangers temporaires de notre pays :

Je suis profondément troublée par les récits d’exploitation et d’abus dont m’ont fait part des travailleurs migrants [in Canada]. … Les régimes de permis de travail spécifiques aux employeurs, y compris certains programmes de travailleurs étrangers temporaires, rendent les travailleurs migrants vulnérables aux formes contemporaines d’esclavage, car ils ne peuvent pas dénoncer les abus sans craindre d’être expulsés.

Comme le confirment le rapport du rapporteur spécial des Nations unies, les rapports du vérificateur général, les enquêtes du coroner COVID-19, les organisations de défense des droits des migrants et d’innombrables reportages dans les médias, les défaillances de nos programmes de travailleurs étrangers temporaires ne sont pas simplement le fait de “quelques pommes pourries” parmi nos employeurs agricoles. Ces défaillances sont le résultat de programmes fédéraux conçus pour maintenir un système alimentaire bon marché aux dépens des personnes qui cultivent nos aliments. Les permis de travail fermés signifient que les travailleurs temporaires et migrants ne sont pas en mesure de quitter des emplois aux conditions de travail ou de vie dangereuses et d’obtenir un emploi sûr et équitable.

Face aux révélations constantes sur les problèmes systémiques de nos programmes de travailleurs étrangers temporaires, l’industrie agroalimentaire n’a fait qu’accroître sa dépendance à l’égard de ces programmes inhumains et injustes, avec un record de 38 928 travailleurs agricoles généraux arrivés par le biais du PTAS en 2022. À la suite des critiques formulées par le rapporteur spécial des Nations unies, le gouvernement canadien n’a pas pris de mesures pour réformer le système, mais a au contraire facilité la tâche des employeurs qui souhaitent faire entrer des travailleurs migrants dans le pays, renforçant ainsi les inégalités et la précarité créées par les programmes de travailleurs étrangers temporaires. Si la production de denrées alimentaires est un service essentiel, pourquoi tous les travailleurs agricoles ne bénéficient-ils pas des mêmes droits que les autres travailleurs au Canada et de la possibilité de faire valoir ces droits ?

Une commission sénatoriale et une commission permanente de la Chambre des communes enquêtent sur les problèmes inhérents à nos programmes de travailleurs étrangers temporaires. Il est temps d’arrêter de défendre le statu quo, de reconnaître le problème et de prendre des mesures pour résoudre les problèmes systémiques. Nous avons besoin que le gouvernement canadien s’engage à mettre en œuvre les interventions suivantes (décrites plus en détail ici):

  • Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) doit développer une filière d’immigration spécifique pour les travailleurs agricoles. Nous devons inviter ces travailleurs essentiels, qualifiés et expérimentés à venir au Canada en leur offrant des voies directes d’accès à la résidence permanente.
  • Tant que le Canada n’aura pas augmenté sa main-d’œuvre agricole résidente grâce à l’immigration et/ou à la formation agricole financée par le gouvernement et à l’accès à des terres abordables, le gouvernement devra adopter des politiques garantissant la mobilité de la main-d’œuvre pour tous les travailleurs agricoles temporaires et migrants. Il faut mettre fin aux permis de travail fermés.
  • La conformité réglementaire supervisée par Emploi et Développement Social Canada (ESDC) n’est pas appliquée de manière efficace. Même avec l’augmentation de 2021 du financement des inspections agricoles, de nombreux employeurs continuent d’être autorisés à embaucher des travailleurs migrants alors qu’ils sont responsables d’infractions graves qui ont compromis la santé et la sécurité des travailleurs. Le CESD doit améliorer ses pratiques de mise en œuvre et prouver aux Canadiens qu’il n’est pas soumis à la mainmise des entreprises.

Nous demandons au gouvernement fédéral de résoudre la crise de la main-d’œuvre agricole en adoptant une stratégie de la main-d’œuvre agricole qui renforce la sécurité alimentaire du pays tout en évitant de continuer à dépendre d’une catégorie de travailleurs à qui l’on refuse et/ou empêche d’exercer les droits fondamentaux de l’homme et du travail. Nous demandons également au gouvernement fédéral de garantir ces droits en adoptant et en mettant en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) et en signant et en ratifiant laConvention internationalesur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

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Pour plus d’informations :

Jenn Pfenning, présidente de l’UNF et co-présidente du groupe de travail sur la solidarité avec les travailleurs migrants (MWSWG) de l’UNF : president@nfu.ca

Wyanne Sandler, fermiere et co-présidente du MWSWG de l’UNF : ipccoordinator@nfu.ca