National | Communiqué de presse

L’intensité des incendies de forêt au Canada exige une action immédiate : Déclaration de la Présidente de l’Union Nationale des Fermiers

De mémoire d’homme, je n’ai jamais vu autant d’incendies ravager une si grande partie de notre pays en même temps. Cette “saison des incendies” sans précédent fait suite à d’autres phénomènes météorologiques et incendiaires extraordinaires qui se produisent avec une férocité et une fréquence croissantes d’année en année et dans le monde entier. Notre monde entier est en feu.

Nous avons besoin de solutions de deux types. Nous avons besoin d’une aide immédiate pour aider ceux qui souffrent maintenant, et nous avons besoin d’actions ambitieuses et tournées vers l’avenir pour ralentir et finalement réduire le nombre d’incendies, leur gravité et les dégâts qu’ils causent.

Nous avons besoin d’une aide immédiate pour les personnes directement touchées par les incendies et la fumée. Alors que le reste de la population peut se réfugier à l’intérieur, les fermières et les ouvriers agricoles doivent travailler à l’extérieur dans une fumée dangereuse pour la santé, sous peine de perdre leurs récoltes et leurs salaires. Les fermières doivent avoir accès aux ressources qui leur permettent d’assurer des conditions de travail plus sûres pour elles-mêmes et pour leurs travailleurs. Nous avons besoin de programmes et de politiques qui aident les employeurs à fournir les protections et les compétences nécessaires pour préserver la santé et le bien-être des travailleurs. Il s’agit d’une question de droits de l’homme, d’une question de justice.

À moyen terme, nous devons doubler, puis redoubler les efforts du Canada pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et, ainsi, cesser d’alimenter le changement climatique qui accélère et multiplie ces incendies. Les incendies qui ravagent nos paysages sont le résultat direct des incendies qui ravagent nos centrales électriques, nos automobiles et nos fours – et de l’inaction de nos gouvernements : Le Canada est à la traîne par rapport à tous ses pairs du Groupe des Sept (G7). Par rapport à des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne et même les États-Unis, c’est nous qui avons fait le moins pour réduire les émissions. Les fumées souvent presque invisibles des voitures, des maisons et des usines alimentées par des combustibles fossiles sont à l’origine du réchauffement qui incinère nos forêts et assombrit notre ciel. Pour faire face aux grands incendies “là-bas”, nous devons arrêter les milliards de petits incendies qui nous entourent.

Outre la réduction de nos émissions qui déstabilisent le climat et intensifient les incendies de forêt, nous devons mieux gérer nos forêts. Les coupes à blanc et les stratégies de régénération ratées laissent les forêts plus sèches et plus sujettes aux incendies. Pour réduire les incendies de forêt, nous devons maximiser la santé des forêts en adoptant des lois et des politiques visant à protéger les écosystèmes forestiers intacts et les forêts anciennes contre l’exploitation forestière industrielle, ce qui préservera la biodiversité essentielle et constituera un tampon contre le changement climatique galopant. Le Canada doit mettre un terme immédiat à la déforestation sur son territoire, comme l’a demandé la COP 26 des Nations unies.

Enfin, même si nous parvenons à des émissions nettes nulles d’ici 2050, le nombre et l’intensité des incendies continueront d’augmenter pendant des décennies en raison de l’excès de GES déjà présent dans l’atmosphère. Le changement climatique mettra de plus en plus en péril les exploitations agricoles, les habitations et les communautés. Nous devons être prêts à développer massivement nos capacités de lutte contre les incendies. La Nationale des Fermiers demande à tous les gouvernements provinciaux et fédéraux d’augmenter très rapidement et de manière significative les capacités de lutte contre les incendies afin de s’assurer que nous disposons du personnel, de l’équipement et des moyens aériens de lutte contre les incendies dont nous avons besoin avant la prochaine saison des incendies.

Une telle augmentation du personnel et de l’équipement sera coûteuse. De nombreux Canadiens auront du mal à prélever de l’argent sur leurs revenus annuels pour financer cette expansion nécessaire. Et ils ne devraient pas. Les entreprises de combustibles fossiles devraient payer les coûts de la lutte contre les incendies que leurs produits intensifient aujourd’hui. Il serait raisonnable d’imposer une taxe significative sur les bénéfices des entreprises de combustibles fossiles pour couvrir le coût de l’intensification de la lutte contre les incendies que leurs produits ont rendue nécessaire.

En tant que fermiers qui produisent les aliments du Canada, nous sommes en première ligne de la crise climatique. Nous sommes de plus en plus alarmés par l’hostilité et l’imprévisibilité croissantes du climat. Nous demandons à notre gouvernement une réponse à la hauteur de cette menace.

Photo par Landon Parenteau sur Unsplash