National | Communiqué de presse

Consolidation de Bayer-Monsanto – fiche d’information

Depuis 2016, les sociétés agroalimentaires mondiales ont connu une vague de « fusions et acquisitions » (M&A).

  • L’entreprise publique chinoise ChemChina acquiert la multinationale suisse Syngenta ;
  • Les entreprises chimiques américaines Dow et DuPont ont fusionné et vont rebaptiser leurs activités agricoles Corteva Agriscience ;
  • Les géants des engrais Potash Corp et Agrium ont fusionné et font désormais affaire sous le nom de Nutria ;
  • Les sociétés céréalières mondiales Archer Daniels Midland et Glencore United (qui possède Viterra) sont toutes deux intéressées par le rachat de la société céréalière américaine Bunge ;
  • Le 29 mai 2018, le ministère américain de la Justice a approuvé le projet de rachat de Monsanto par Bayer (déjà approuvé sous conditions par les autorités de régulation en Chine, au Brésil et dans l’Union européenne) ;
  • Le 30 mai 2017, le Bureau de la concurrence du Canada a annoncé qu’il était parvenu à un accord avec Bayer dans le cadre de son projet d’acquisition de Monsanto.
L’accord Bayer-Monsanto transférera à BASF d’importants actifs dans le domaine des semences, des pesticides et de la technologie, ce qui fera de BASF une multinationale plus puissante dans le domaine des semences, de l’agriculture numérique et des produits agrochimiques. Après la fusion, les secteurs des semences, de l’agrochimie et du numérique seront contrôlés par quatre entreprises mondiales – ChemChina, Corteva, Bayer et BASF – qui détiendront 70 % des ventes de semences dans le monde. Le régulateur européen estime qu’il s’agit là d’un niveau de concurrence adéquat pour favoriser l’innovation et empêcher la collusion sur les prix. Pour plus de détails sur la décision de l’UE, y compris des descriptions concises des actifs actuels, des activités et des parts de marché de chaque entreprise, veuillez consulter le communiqué de presse publié à l’adresse suivante : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-2282_en.htm.

En mars 2018, le site () a fourni au Bureau de la concurrence du Canada des informations sur la concentration du marché du canola qui montrent que Bayer et Monsanto ont élargi leur part de marché et augmenté les prix des semences pour les fermières d’une manière qui semble plus collaborative que concurrentielle. Si Bayer vendait ses activités dans le domaine des semences et des produits chimiques à BASF, cela ne modifierait pas de manière significative la dynamique de ce marché très concentré. Nous avons demandé au Bureau de la concurrence de profiter de cette occasion pour réduire la domination de ces quelques entreprises en exigeant que les divisions semences et agrochimie soient scindées en entités plus petites.

Graphique 1 2018-05-31 Consolidation Bayer-Monsanto - [sncf] Fiche d'informationPrix des semences de canola par rapport aux semences de blé : En 1996, Monsanto et Bayer ont introduit leurs semences brevetées de canola génétiquement modifié tolérant aux herbicides. Les semences de Monsanto sont « Roundup Ready » (RR) – tolérantes au glyphosate, vendues par Monsanto sous la marque « Round-up ». Les semences de Bayer sont des semences « Liberty Link » (LL) – tolérantes au glufosinate, vendues par Bayer sous le nom de marque « Liberty ». Les caractéristiques sont brevetées, ce qui permet au titulaire du brevet de restreindre l’accès à son produit et de percevoir des redevances pour son utilisation. Monsanto et Bayer exigent des fermières qu’elles achètent des semences chaque année et qu’elles paient une redevance, sous peine d’être poursuivies pour violation de brevet. Jusqu’en 2012, Monsanto a facturé une redevance par hectare, appelée  » Technology Use Fee« , tandis que Bayer a toujours intégré la redevance dans son prix de vente. Les données sur les prix des intrants montrent que les prix des semences de canola ont augmenté de manière significative et constante depuis 2000, les semences Roundup Ready et Liberty Link progressant au même rythme, tandis que les prix des semences de blé restent relativement bas et constants. La concurrence nominale entre Bayer et Monsanto n’a pas eu d’effet sur le taux d’augmentation du prix des semences, tandis que la possibilité pour les fermières d’utiliser des semences de blé conservées à la ferme a contribué à maintenir leur prix à un niveau bas.
Prix des semences par rapport au prix du canola : Le prix des semences de canola augmente plus rapidement que le prix que les fermières reçoivent lorsqu’elles vendent le canola en tant que produit de base au silo.
Part de marché du canola tolérant aux herbicides (HT) : La part de marché du canola HT est passée de 0 % en 1995 (avant l’introduction du RR et du LL) à environ 99 % en 2015. Il existe un canola HT sans OGM appelé Clearfield, qui a détenu jusqu’à 10 % des parts de marché pendant un certain temps, mais en 2015, sa part de marché était d’environ 6 %. En conséquence, Monsanto et Bayer perçoivent des redevances sur plus de 90 % de toutes les semences de canola semées au Canada.
Superficies consacrées au canola : La part du canola dans les superficies cultivées au Canada a augmenté. Le recensement de l’agriculture indique que 28 % des terres cultivées étaient plantées en canola en 2016. Pour éviter les problèmes de maladies, les agronomes recommandent aux fermiers de ne pas cultiver de canola dans le même champ plus d’une fois tous les quatre ans. Par conséquent, la superficie maximale de canola devrait être de 25 % ou moins. Monsanto et Bayer profitent de l’augmentation des surfaces cultivées. Grâce à leur capacité à influencer les décisions des fermières par le biais de la publicité et du parrainage de groupements de producteurs, ils exercent une influence qui peut contribuer à des rotations courtes qui compromettent les mesures de prévention des maladies.
Graphique 4 2018-05-31 Consolidation Bayer-Monsanto - [sncf] Fiche information