National | Communiqué de presse

Appel aux fonds de pension – Stop à l’accaparement des terres au Brésil

M. Michael Sabia,
Président et directeur général
La Caisse de dépôt et placement du Québec,

M. Gordon J. Fyfe
PDG
British Columbia Investment Management Corporation (Société de gestion des investissements de la Colombie-Britannique)

Messieurs Sabia et Fyfe,

En tant qu’organisations canadiennes soucieuses de justice sociale, ici au Canada et dans les pays du Sud, nous demandons à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et à la British Columbia Investment Management Corporation (bcIMC) de ne plus investir dans les fonds mondiaux de terres agricoles de TIAA-CREF et de suspendre tout autre investissement spéculatif dans les terres agricoles. Nous demandons à la CDPQ et à bcIMC, en tant qu’investisseurs responsables, d’exiger que TIAA-CREF rende public la nature, l’étendue et la localisation de ses investissements, directement ou par l’intermédiaire de ses filiales, dans les terres forestières et agricoles brésiliennes et qu’elle rende public l’usage qui en est fait.

Nous avons appris que le CDPQ et le bcIMC, par le biais de leurs investissements dans un fonds mondial de terres agricoles appelé TIAA-CREF Global Agriculture LLC (TCGA), (géré par le Teachers Insurance and Annuity Association – College Retirement Equities Fund – TIAA-CREF, basé aux États-Unis), investissent dans des projets de terres agricoles qui sont liés au déplacement forcé de personnes et qui causent des destructions environnementales et sociales au Brésil. TIAA-CREF et TCGA ont refusé de divulguer l’étendue de leurs propriétés foncières, leur localisation et l’usage qui est fait des terrains acquis.

Par le biais de leurs investissements dans la TCGA, la CDPQ et la bcIMC sont impliquées dans la spéculation foncière au Brésil, en utilisant des filiales de sociétés pour acheter des terres en violation apparente de la loi brésilienne restreignant la propriété foncière par des personnes et des sociétés étrangères.

Les enquêtes menées sur certaines des exploitations agricoles acquises par la TCGA dans les États brésiliens de Maranhão et de Piauí montrent que ces terres ont été acquises auprès d’un homme d’affaires brésilien qui a eu recours à la violence et à la fraude pour s’emparer de vastes superficies de terres agricoles appartenant à de petits fermiers et à des populations indigènes. Dans les régions où la TCGA a acquis des terres agricoles, les forêts et la savane biodiversifiée sont régulièrement défrichées pour planter des cultures destinées à l’exportation par des sociétés agro-industrielles. Les communautés paysannes, indigènes et autres communautés traditionnelles sont déplacées de leurs terres. Ces investissements dans la TCGA contribuent à ce que les Brésiliens perdent leur maison, leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et, en fin de compte, leur dignité.

Le Canada a ratifié l’Accord de Paris, qui est un engagement à long terme à agir pour réduire les émissions de carbone. Ces investissements dans la TCGA contribuent à la disparition de la forêt tropicale et de la savane brésiliennes et à l’augmentation des émissions de carbone.

La Caisse de dépôt et placement du Québec et la British Columbia Investment Management Corporation ont toutes deux pris des engagements publics en matière de responsabilité sociale des entreprises et déclarent publiquement qu’elles investiront dans des sociétés qui respectent les lois du Canada et les normes internationales, notamment en se conformant – ou en dépassant – les réglementations environnementales. Malheureusement, en investissant dans des transactions foncières par l’intermédiaire de TIAA-CREF, la CDPQ et la bcIMC mettent en péril ces principes éthiques.

C’est pourquoi nous demandons au CDPQ, au bcIMC de :

  • S’abstenir de tout nouvel investissement dans les fonds mondiaux de terres agricoles de TIAA-CREF et suspendre tout autre investissement spéculatif dans les terres agricoles ;
  • Exiger que TIAA-CREF rende publics la nature, l’étendue et la localisation spécifique de ses investissements, directs ou indirects, dans les terres agricoles ;
  • Faites connaître cette lettre à leurs membres.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueux,

Josianne Gauthier
Directeur, Département des programmes au Canada

David Bruer
Gestionnaire de programme

 

Développement et Paix – Caritas Canada
Inter Pares
Union paysanne
Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
L’Entraide missionnaire
Le Centre justice et Foi
L’Oeuvre Léger
Regroupement pour la Responsabilité sociale des Entreprises (RSSE)
Protec-Terre
Alliance de la fonction publique du Canada
Métallurgistes unis d’Amérique

Conseil des Canadiens
KAIROS : Initiatives œcuméniques canadiennes pour la justice
CoDevelopment Canada
Commission Huairou : Femmes, foyers et communautés