Dans ce numéro
Priorités de l’UNF pour le prochain cadre politique
Commentaires de l’UNF à Santé Canada sur la réglementation des produits génétiquement modifiés – Par Cathy Holtslander
Le maintien de la confiance du public dans le système alimentaire passe par une réglementation publique – Par Lucy Sharratt
L’abandon de Greyhound ouvre la voie à un système national de transport public, selon l’UNF
Le Canada devrait-il abandonner la gestion de l’offre ?
Priorités de l’UNF pour le prochain cadre politique
L’UNF a écrit à tous les ministres de l’agriculture fédéraux et provinciaux avant leur conférence annuelle de juillet, au cours de laquelle ils fixeront les priorités du prochain cadre stratégique pour l’agriculture (CSA), qui succédera à l’actuel partenariat canadien pour l’agriculture. Le FNP est un outil clé de la politique agricole. Cet investissement de 3 milliards de dollars sur une période de cinq ans, ainsi que les programmes de gestion des risques de l’entreprise (GRE), permettent aux gouvernements de façonner notre système alimentaire et agricole. Chaque cadre politique s’appuie sur des événements récents et des tendances à long terme. Au cours de la prochaine période, de 2023 à 2028, le Canada sera confronté à de multiples crises qui affecteront l’agriculture et pour lesquelles de bons programmes sont nécessaires pour faire une différence positive. La lettre de l’UNF exhorte les ministres à utiliser le FNP de manière judicieuse et équitable pour remédier aux faiblesses du système alimentaire mises en évidence par la pandémie, inverser la perte de biodiversité dans nos paysages agricoles, réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture et aider les agriculteurs à s’adapter à la crise climatique, reconstruire la prospérité rurale en s’attaquant aux inégalités dans la répartition des revenus agricoles et du revenu net, et remédier à la perte alarmante de fermières en rendant l’agriculture à la fois possible et attrayante pour la prochaine génération. Nous avons demandé aux ministres de réfléchir aux priorités qui permettront d’obtenir les meilleurs résultats pour notre système alimentaire, nos fermiers et le public canadien, et d’utiliser des indicateurs et de fixer des objectifs de réussite qui aideront l’agriculture à servir le bien commun.
Notre lettre souligne les priorités de l’UNF (voir encadré de droite) et donne des exemples de programmes que nous avons à l’esprit. Nous mettons également en garde contre des idées politiques auxquelles nous sommes opposés, telles que le remplacement de certains outils de gestion des risques biologiques par des assurances privées et des systèmes de certification privés promus par des sociétés agro-industrielles.
AAC utilise la croissance des exportations comme principal indicateur de réussite. Nous recommandons au FNP d’utiliser des mesures de succès plus larges afin de refléter l’éventail des problèmes à résoudre.
Une fois que les ministres de l’agriculture auront défini leur vision du FNP dans l’État de Victoria, ils commenceront à négocier les détails des programmes de financement à coûts partagés (60-40) et du filet de sécurité de la gestion du risque de crédit (BRM). ▪ Pour lire la lettre de l’UNF aux ministres de l’agriculture, rendez-vous sur www.nfu.ca/policy/priorities-for-the-next-agricultural-policy-framework/
Commentaires de l’UNF à Santé Canada sur la réglementation des produits génétiquement modifiés
En mai 2021, l’UNF a soumis des commentaires dans le cadre des consultations de Santé Canada sur son projet de lignes directrices réglementaires pour les aliments dérivés de plantes développées par édition génétique et de « retransformants ». Les points clés sont résumés dans cet article. Pour lire l’intégralité de la soumission, visitez le site https://www.nfu.ca/policy/submission-to-health-canada-on-proposed-new-guidance-for-novel-food-regulations/ .
Santé Canada réglemente les végétaux à caractères nouveaux (VCN) en vertu du règlement d’application de la loi sur les aliments et drogues. La proposition ne modifierait pas le règlement lui-même, mais changerait les « orientations réglementaires » qui indiquent à Santé Canada comment l’interpréter.
L’approche du Canada en matière de réglementation de la biotechnologie est déclenchée par la nouveauté, et non par la technologie. Les plantes à caractères nouveaux (VCN) doivent faire l’objet d’une évaluation de sécurité par le gouvernement et d’une notification préalable à leur mise sur le marché. Actuellement, Santé Canada considère qu’une plante est « nouvelle » si elle n’a pas d’antécédents d’utilisation sûre « dans le cadre du régime alimentaire d’un certain nombre de générations au sein d’une population humaine importante et génétiquement diversifiée, où elle a été utilisée d’une manière et à des niveaux similaires à ceux attendus ou prévus au Canada ».
Santé Canada reconnaît que les plantes développées à l’aide de la technologie de l’édition génétique sont à la fois différentes des plantes existantes et produites au moyen du génie génétique, et donc « nouvelles » selon le guide actuel. Toutefois, les orientations proposées considéreraient comme « non nouveaux » les aliments dérivés de plantes génétiquement modifiées qui ne présentent pas de risques évidents pour la santé et ne contiennent pas d’ADN étranger. Cela signifie que la plupart des produits issus de l’édition génétique échappent à l’évaluation de la sécurité.
Qui décide de ce qui est ou n’est pas un roman ?
Les orientations proposées s’appuient sur les développeurs de plantes pour décider si leur nouvelle variété est « nouvelle ». Santé Canada propose une base de données volontaire dans laquelle les entreprises peuvent répertorier leurs variétés non nouvelles. Mais si Santé Canada estime qu’une variété répertoriée peut en fait être nouvelle, il demandera à l’entreprise de soumettre davantage de données et pourra décider que le produit est finalement « nouveau » et donc soumis à une évaluation avant d’être commercialisé. L’entreprise prudente évitera ce risque. En bref, l’approche proposée par Santé Canada en matière de transparence est « ne pas demander, ne pas dire ».
Retransformateurs
Santé Canada propose également d’assouplir les lignes directrices pour les VCN dont les caractéristiques et/ou les séquences d’ADN ont déjà fait l’objet d’un examen. Elle soutient que les changements apportés à la même variété en utilisant une nouvelle technologie, ou à une variété différente en utilisant la même technologie, et même à une variété différente en utilisant une nouvelle technologie, ont des résultats « identiques ». Ces plantes sont appelées « retransformants ». Les orientations proposées n’exigeraient que deux cas antérieurs de transformation « identique » pour que la nouvelle usine ne fasse pas l’objet d’un examen réglementaire complet, ce qui permettrait de l’approuver plus rapidement et avec moins de données.
Les orientations proposées ne sont pas scientifiques et ne sont pas transparentes
Les résultats complets de l’édition de gènes ne peuvent être connus à l’avance. La connaissance scientifique s’enrichit grâce à un processus constant d’investigation, de test, de publication des résultats et de conception de nouvelles expériences. Le fait que notre organisme de réglementation dise « nous n’avons pas besoin d’en savoir plus » avant que des produits génétiquement modifiés ne soient mis sur le marché est fondamentalement non scientifique. Autoriser la commercialisation de produits sans indiquer qu’ils sont issus de l’édition de gènes est le contraire de la transparence.
Les orientations proposées permettraient aux développeurs de plantes de commercialiser des variétés génétiquement modifiées sans révéler qu’elles sont issues de cette technologie. Les fermières certifiées biologiques risquent d’utiliser par inadvertance des variétés interdites par les normes biologiques. Une autre situation de lin Triffid ou de maïs Starlink serait pratiquement inévitable. Les fermiers canadiens savent que lorsque des cultures non approuvées sont rejetées par les marchés, ce sont eux qui en paient le prix.
Recommandations de l’UNF
L’UNF recommande que tous les produits génétiquement modifiés soient réglementés en tant que nouveaux produits et donc soumis à une évaluation de la sécurité par le gouvernement et à une notification préalable à la mise sur le marché, et que tous les retransformants continuent d’être évalués en tant que nouveaux VCN. Cela garantirait que Santé Canada conserve sa capacité à réglementer les aliments dérivés de plantes génétiquement modifiées et transgéniques dans l’intérêt du public et que les fermières disposent des informations nécessaires pour faire des choix éclairés concernant les semences qu’elles achètent et les cultures qu’elles cultivent. La notification obligatoire réduirait le risque de rejet du marché en raison de la présence de variétés génétiquement modifiées qui ne sont pas acceptables sur les marchés sensibles. La notification obligatoire préalable à la mise sur le marché fournirait également à Santé Canada les informations nécessaires à la traçabilité dans le cas où un rappel d’aliments dérivés de plantes génétiquement modifiées s’avérerait nécessaire.
Le maintien de la confiance du public dans le système alimentaire nécessite une réglementation publique
Les millions de dollars et les innombrables heures consacrés à la construction de la confiance du public pourraient être rapidement réduits à néant si Santé Canada finalise sa proposition de nouvelles orientations réglementaires pour les produits issus de l’édition de gènes (également appelée édition du génome).
Malgré les plaintes de l’industrie biotechnologique selon lesquelles la réglementation n’est que de la paperasserie qui entrave la compétitivité, les entreprises s’appuient sur la légitimité que leur confère la réglementation gouvernementale. Si les modifications proposées sont adoptées, des produits génétiquement modifiés non réglementés – et même non déclarés – seraient mis sur le marché sans l’approbation de Santé Canada.
Pour être clair, il ne s’agit pas d’une procédure d’approbation accélérée ou légère pour l’édition de gènes. Santé Canada propose une procédure de non-approbation qui permettrait aux concepteurs de produits de décider eux-mêmes si certains produits sont sûrs ou s’ils nécessitent un examen de la part de Santé Canada. Ces produits contourneraient Santé Canada. Il se peut que Santé Canada ne soit même pas au courant de l’existence de ces nouveaux produits.
Le Canada ne réglemente pas le génie génétique, il réglemente les « nouveaux aliments » et les « plantes à caractères nouveaux ». Jusqu’à présent, tous les aliments génétiquement modifiés consommés au Canada ont été réglementés en tant que nouveaux aliments. Bien que certains produits génétiquement modifiés puissent encore répondre à la définition de « nouveau », il est probable qu’un grand nombre d’entre eux contourneront le système.
L’édition de gènes est puissante. Par exemple, elle peut ouvrir de nouvelles zones du génome de la plante qui ne sont pas accessibles par la sélection conventionnelle.
Actuellement, l’édition de gènes repose sur des techniques de génie génétique de première génération permettant d’insérer de manière aléatoire du matériel génétique qui produira un système d' »édition » d’ADN contenant des coupeurs de gènes ciblés. Le matériel inséré est ensuite (dans la plupart des cas) éliminé de l’organisme par sélection. L’édition de gènes peut envoyer efficacement des coupeurs de gènes à un endroit précis du génome, mais ils coupent aussi régulièrement l’ADN à d’autres endroits. Ce n’est qu’une des façons dont le « rédacteur » n’est pas précis. L’ensemble du processus peut laisser des effets non intentionnels – et du matériel génétique non intentionnel – qui doivent être recherchés et évalués pour des raisons de sécurité.
Pourtant, Santé Canada propose que si l’ADN étranger a été retiré de l’organisme et s’il n’y a pas d’autre caractéristique « nouvelle » évidente, l’évaluation de la sécurité peut être laissée aux seuls développeurs.
C’est ainsi que Santé Canada propose de renoncer à son pouvoir réglementaire, en restreignant sa définition du terme « nouveau » et en exemptant ainsi un large éventail de plantes génétiquement modifiées.
Santé Canada n’aurait donc pas accès aux données scientifiques utilisées par les entreprises pour déterminer la sécurité. Santé Canada n’aurait pas la possibilité d’exiger des informations de la part des concepteurs de produits, pas même un avis de mise sur le marché d’un produit génétiquement modifié.
Pour combler cette lacune, Santé Canada propose également une « initiative de transparence volontaire » visant à « encourager » les entreprises à envoyer volontairement au gouvernement un avis sur tout produit génétiquement modifié « non nouveau » qu’elles ont elles-mêmes déterminé. Il s’agit d’une voie évidente pour la mise sur le marché de produits génétiquement modifiés inconnus et non réglementés.
Bien que l’industrie de la biotechnologie cherche désespérément à séparer l’édition de gènes des OGM dans l’esprit du public, il est indéniable que l’édition de gènes relève du génie génétique. Telle est la science.
Même si l’édition de gènes peut également être considérée comme un outil de « sélection végétale », elle reste du génie génétique. L’argument du lobby des biotechnologies selon lequel l’édition de gènes ne justifie pas d’évaluations gouvernementales obligatoires parce qu’elle n’est pas très nouvelle ou risquée n’est pas étayé par la science, et il est peu probable qu’une grande partie de l’opinion publique l’accepte.
Les Canadiens attendent de Santé Canada qu’il soit un régulateur indépendant au service du public. Cependant, ces propositions la réduisent au statut de spectateur alors que la vague anticipée d’aliments issus de plantes génétiquement modifiées entre dans notre système alimentaire.
Demander aux Canadiens d’accepter les garanties de sécurité des concepteurs de produits et de s’en remettre à la coopération des entreprises, c’est alimenter la méfiance du public.
Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies soutient qu’il est dans l’intérêt du public et de l’industrie agricole que Santé Canada conserve son autorité réglementaire sur tous les aliments génétiquement modifiés, y compris ceux issus de l’édition de gènes. Tous les produits génétiquement modifiés doivent faire l’objet d’une évaluation indépendante de leur sécurité.
▪ Lucy Sharratt est la coordinatrice du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies. Pour plus d’informations sur la réglementation des produits issus de l’édition de gènes, consultez le site www.cban.ca/NoExemptions.
Publié à l’origine dans The Western Producer le 10 juin 2021
La sortie de Greyhound ouvre la voie à un système national de transport public
À partir du 13 mai 2021, Greyhound ne desservira plus le Canada. La décision de l’entreprise de quitter définitivement nos routes souligne la nécessité d’un système national de transport public. Un système public et correctement financé est nécessaire pour garantir que les Canadiens de chaque province et territoire puissent exercer leur droit à la liberté de circulation, tel qu’il est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies.
Dans la plupart des régions du Canada, les zones rurales et éloignées sont mal desservies, avec des moyens de transport intermittents, coûteux et parfois dangereux ; dans de nombreux cas, aucun transport public n’est disponible. Un système national de transport public sûr, fiable, accessible, abordable et respectueux du climat peut être conçu pour desservir à la fois les communautés rurales et isolées et les grands centres. Un tel système offrirait plus d’autonomie, de dignité et de liberté aux personnes vulnérables, notamment les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes vivant dans la pauvreté, dont la sécurité peut dépendre d’un transport fiable. En outre, le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées du Canada préconise « des services de transport sûrs et abordables… suffisants et facilement disponibles ». [Section 4.8] »
Nous demandons instamment aux gouvernements provinciaux, fédéraux, municipaux et autochtones de travailler ensemble à la construction d’un système de transport desservant l’ensemble de nos communautés. Nous pouvons nous appuyer sur l’expérience acquise avec les anciens et actuels systèmes publics de transport régional tels que la Saskatchewan Transportation Company et GO Transit, et éventuellement l’intégrer aux services publics de transport ferroviaire de passagers tels que VIA Rail et Northland Railway.
Nous mettons en garde contre des efforts fragmentaires qui attribueraient les liaisons rentables entre les grands centres à des opérateurs privés et laisseraient les petits centres dépendre de services privés précaires qui doivent rogner sur les coûts pour rester en activité ou qui dépendent de subventions que les gouvernements qui se serrent la ceinture pourraient facilement supprimer. Le transport public national doit être considéré comme un service public – une infrastructure essentielle qui crée une valeur sociétale dans le cadre d’un système global.
Une fois que les restrictions liées à la pandémie auront pris fin, les Canadiens seront impatients de voyager à travers le pays pour rendre visite à leur famille et à leurs amis, explorer de nouveaux endroits et se déplacer pour le travail, l’éducation et de nouveaux départs. Face à l’augmentation des coûts liés au changement climatique et à la prise de conscience de la justice climatique, les gens cherchent de plus en plus des alternatives au transport aérien. En février 2021, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il investirait 14,9 milliards de dollars dans des projets de transport public au cours des huit prochaines années, afin de créer des emplois, de protéger l’environnement, de promouvoir la santé et de fournir les services nécessaires aux communautés rurales, isolées et autochtones. Les transports publics ne devraient pas s’arrêter aux limites de la ville. Le moment est venu de créer un système national de transport public qui offre des moyens de transport sûrs et fiables à tous les Canadiens.
Le Canada devrait-il abandonner la gestion de l’offre ?
Le Parlement a été saisi d’un projet de loi d’initiative parlementaire qui interdirait aux futurs accords commerciaux d’accorder davantage d’accès à nos marchés soumis à la gestion de l’offre. Le projet de loi C-216, présenté par le député du Bloc québécois Louis Plamondon, empêcherait les négociateurs d’augmenter la quantité de produits soumis à la gestion de l’offre pouvant entrer au Canada en franchise de droits et de réduire les droits de douane sur les importations dépassant la limite fixée pour la franchise de droits.
En juin, la commission parlementaire du commerce international a étudié et débattu du projet de loi C-216. L’UNF a soumis un mémoire pour souligner son soutien au projet de loi. Vous pouvez lire l’intégralité de la soumission à l’adresse suivante : https://www.nfu.ca/policy/nfu-submission-on-bill-c-216-supply-management/ . Nous avons également lancé une campagne d’envoi de lettres pour inciter les membres de la Commission à la soutenir. Le 14 juin, le comité a voté par 9 voix contre 2 en faveur de la recommandation de la troisième lecture. Le projet de loi C-216 a franchi une nouvelle étape avant de devenir une loi.
Vous pouvez envoyer une lettre instantanée à l’Hon. Mary Ng, ministre du Commerce international, avec copie aux porte-parole des partis de l’opposition en matière de commerce en se rendant sur le site https:// www.nfu.ca/take-action-save-supply-managementsupport-bill-c-216/. Envoyez également un message à votre député. Les députés doivent entendre leurs électeurs leur dire qu’ils ne veulent pas que notre système de gestion de l’offre soit utilisé comme monnaie d’échange dans les prochaines négociations commerciales avec le Royaume-Uni et les pays du MERCOSUR en Amérique du Sud.