La Nationale des Fermiers a soumis le mémoire suivant à la consultation publique de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire sur son projet de décision d’examen spécial de l’atrazine et de ses préparations commerciales associées.
La Nationale des Fermiers (UNF) est heureuse de participer à la consultation publique de l’Agence de régulation de la lutte antiparasitaire sur son
Projet de décision de réexamen spécial de l’atrazine et des préparations commerciales associées
. La décision proposée interdirait l’incorporation d’atrazine dans les engrais granulaires (imprégnation d’engrais) dans les installations commerciales de production d’engrais ; exigerait un système de mélange/chargement fermé lorsque plus de 85 kg d’atrazine sont utilisés par jour ; exigerait une cabine fermée lorsque plus de 133 kg d’atrazine sont appliqués par jour ; mettrait à jour les zones tampons de pulvérisation sur l’étiquette ; mettrait à jour les conseils de prudence standard sur l’étiquette, y compris les conseils pour informer les utilisateurs sur la manière de réduire la dérive des pulvérisations vers des zones proches où vivent des personnes ; et ajouterait et mettrait à jour les mentions standard sur l’étiquette interdisant aux personnes de pénétrer dans des zones traitées avec de l’atrazine.
L’atrazine est un herbicide homologué au Canada pour être utilisé uniquement sur le maïs, le sorgho et le panic raide. Cependant, il est également utilisé sur le canola et pour tuer les mauvaises herbes sur les terres non cultivées. L’atrazine est produite au Canada par BASF et Syngenta et vendue aux fermiers sous les noms de marque Laddok, Aatrex Liquid 480, Marksman, Primextra II Magnum, Converge 480, Frontier Max Plus, Lumax EZ, Acuron et A22668.
L’atrazine (y compris les triazines apparentées) a figuré parmi les dix herbicides les plus vendus au Canada entre 2008 (date de la première publication des données) et 2015, et les ventes nationales continueront de dépasser les 500 000 kilogrammes de matière active par an à partir de 2020. Alors que le glyphosate a remplacé une partie de l’atrazine dans le maïs après l’introduction de variétés résistantes aux herbicides à la fin des années 1990, l’atrazine est désormais mélangée au glyphosate ou appliquée en complément de celui-ci pour tuer les mauvaises herbes devenues résistantes au glyphosate.
Santé Canada a déterminé que l’atrazine est intrinsèquement toxique pour l’homme. L’atrazine est un perturbateur endocrinien. Le système endocrinien régule le taux, le moment et la quantité d’hormones chez l’homme et les autres organismes. Lorsque le système endocrinien est perturbé par des produits chimiques tels que l’atrazine, cela peut avoir des effets importants à long terme. Les enfants en développement et les bébés peuvent subir des effets négatifs tout au long de leur vie, même après avoir été exposés à de petites quantités de perturbateurs endocriniens, en raison du moment de leur exposition. L’atrazine est également associée à une augmentation de l’incidence des cancers hormono-sensibles, tels que le cancer du sein et de la prostate, ainsi qu’à des difficultés de reproduction.
Compte tenu de ces risques, nous soutenons l’ARLA dans sa volonté de protéger la santé humaine. Les fermières et les travailleurs agricoles doivent bénéficier d’un lieu de travail sûr qui ne les oblige pas à sacrifier leur santé pour gagner leur vie. C’est pourquoi nous soutenons la démarche visant à améliorer la santé et la sécurité au travail en n’autorisant plus le mélange d’atrazine avec des engrais granulés. Si l’atrazine est utilisée sur l’exploitation, les fermières, les travailleurs agricoles, les pulvérisateurs à façon et toutes les autres personnes doivent avoir accès à un équipement de sécurité approprié, y compris des systèmes de mélange/chargement fermés et des cabines fermées.
Nous soutenons l’ARLA dans la protection de l’environnement. L’UNF défend l’agroécologie, qui met l’accent sur la façon dont les systèmes agricoles sont inextricablement liés à des systèmes terrestres, d’eau douce et estuariens/marins plus vastes. Les zones tampons de pulvérisation sont un moyen de réduire les effets de l’atrazine en dehors du champ. C’est pourquoi nous soutenons la proposition d’augmenter de 10 à 15 mètres les zones tampons de pulvérisation entre le maïs et le panic raide, d’une part, et les habitats terrestres sensibles, d’autre part. Pour cette même raison, nous nous opposons à la réduction des zones tampons de pulvérisation entre le maïs, le panic érigé et le sorgho et les habitats d’eau douce, estuariens et marins, qui passeraient de 10 à 2-5 mètres (en fonction de la profondeur de la masse d’eau).
L’UNF demande que le principe de précaution soit appliqué à la réglementation des produits chimiques agricoles afin de protéger la productivité à long terme des sols ainsi que la sécurité et la pureté de l’approvisionnement en eau. L’article 20 de la loi sur les produits antiparasitaires autorise le ministre à modifier ou à annuler l’homologation d’un pesticide sur la base du principe de précaution. La loi définit le principe de précaution comme suit : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir les effets néfastes sur la santé ou la dégradation de l’environnement ».
Nous continuons à penser qu’il existe suffisamment de preuves pour justifier une action de précaution visant à réduire davantage les effets de l’atrazine sur la santé humaine et l’environnement. Nous demandons instamment au ministre de réduire la concentration maximale admissible dans l’eau potable et d’établir une concentration maximale admissible applicable ne dépassant pas 1,8 partie par milliard d’atrazine dans les eaux souterraines et les eaux de surface afin de mieux protéger la santé humaine et la vie aquatique, sur la base du repère aquatique environnemental préoccupant des Recommandations canadiennes pour la qualité de l’environnement.
Nous restons également préoccupés par les effets de l’atrazine sur les plans d’eau, y compris les étangs agricoles et les zones humides, en particulier dans le contexte de la dégradation et de la destruction continues des zones humides au Canada. Par exemple, l’atrazine peut provoquer des malformations congénitales, des tumeurs reproductives et une perte de poids chez les amphibiens et les humains. Les utilisations actuelles de l’atrazine donnent lieu à des résultats contrôlés et modélisés bien supérieurs aux niveaux dont la littérature a démontré qu’ils pouvaient nuire aux amphibiens et aux plantes aquatiques ainsi qu’à la communauté aquatique dans son ensemble. Nous demandons instamment à l’ARLA d’obtenir et d’utiliser d’autres preuves scientifiques indépendantes, libres de toute influence de l’industrie des pesticides, afin de prendre une décision éclairée protégeant à la fois la santé humaine et l’environnement.
L’UNF préconise une approche de l’agriculture fondée sur la lutte intégrée contre les ravageurs, dans laquelle les pesticides peuvent jouer un rôle mais doivent être gérés de manière réfléchie. Nous demandons instamment à l’ARLA de mettre en œuvre des mesures de contrôle et d’application efficaces afin de garantir un niveau élevé de respect des réglementations. Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de veiller à ce que l’ARLA dispose d’une capacité interne suffisante pour évaluer de manière indépendante les risques et l’efficacité des pesticides qu’elle réglemente et pour communiquer ces résultats au public. L’ARLA doit avoir accès à des experts scientifiques qui n’ont pas de liens avec les entreprises de pesticides.
Nous demandons également à Santé Canada de collaborer avec Environnement et Changement climatique Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada pour promouvoir des herbicides alternatifs moins toxiques et des techniques agricoles non chimiques pour la lutte contre les mauvaises herbes. Nous demandons instamment aux gouvernements fédéral et provinciaux d’aider les fermières à adopter de tels produits et méthodes afin de réduire la quantité de produits chimiques agricoles intrinsèquement toxiques, tels que l’atrazine, qui sont appliqués sur nos terres agricoles.
Tout ceci est respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
L’Union Nationale des Fermiers (UNF) est la plus grande organisation agricole volontaire à adhésion directe du Canada, représentant les agriculteurs familiaux et les travailleurs agricoles de tout le pays dans tous les secteurs de l’agriculture. Nous nous efforçons de promouvoir un système alimentaire fondé sur des exploitations familiales financièrement viables qui produisent des aliments sains et sûrs de grande qualité, d’encourager des pratiques respectueuses de l’environnement qui protègent nos précieux sols, l’eau, la biodiversité et d’autres ressources naturelles, et de promouvoir la justice sociale et économique pour les producteurs de denrées alimentaires et tous les citoyens.