Résumé
Les fermiers du Canada souffrent de la faiblesse du revenu agricole net , du prix élevé des terres et du vieillissement de la population agricole. Il n’y a pas assez de fermières et de fermiers nouveaux et jeunes, et très peu d’exploitations existantes ont une succession. Cela entraîne une perte de compétences, des problèmes de santé dans les communautés rurales et un risque pour la souveraineté alimentaire du Canada.
- Pour relever ces défis, nous proposons un supplément de stabilité du revenu (SSI) pour les nouveaux fermiers, semblable au supplément de revenu garanti pour les
- Nous proposons un projet pilote de trois ans, d’un coût total de 20 millions de dollars, auquel participeraient 250 personnes. Ce projet se déroulerait dans des régions spécifiques telles que la Colombie-Britannique, l’Ontario, la Saskatchewan et l’Île-du-Prince-Édouard.
- Ce projet inclurait une participation conjointe de la Nationale des Fermiers, qui utiliserait sa connaissance approfondie de l’agriculture au Canada pour aider à la conception, à la mise en œuvre et à la rigueur du programme.
- Le projet devrait permettre d’améliorer la sécurité des revenus des nouveaux fermiers, d’augmenter le nombre de jeunes agriculteurs, d’améliorer les économies rurales, d’améliorer la santé des fermiers et d’assurer une représentation plus équitable des femmes et des minorités raciales.
Fiche d’information
Revenu agricole
Les fermiers et les communautés rurales du Canada souffrent d’une triade composée d’un faible revenu agricole net, de prix fonciers élevés et d’une population agricole vieillissante.
Alors que le revenu agricole brut continue d’augmenter (en partie en raison de la consolidation des exploitations), le revenu agricole net a stagné et descend parfois en dessous des niveaux de l’époque de la dépression. (Voir le graphique : revenu brut en bleu et revenu net en vert).
La faiblesse des revenus nets, conjuguée à l’augmentation des coûts agricoles, a entraîné un endettement record des exploitations (qui dépasse aujourd’hui les 90 milliards de dollars).
Accès à la terre
Le coût le plus important pour les nouveaux fermiers dans la plupart des régions du Canada est l’augmentation du prix des terres agricoles. Le prix des terres agricoles en Saskatchewan a doublé entre 2005 et 2010. Au Québec et en Colombie-Britannique, un acre de terre agricole coûte généralement plus de 5 000 dollars, et en Ontario plus de 10 000 dollars.
Les prix des terres agricoles dans le Canada atlantique sont les plus élevés dans l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Le manque de stabilité des revenus est un défi pour tous les fermiers. S’il est combiné à un endettement initial très élevé, le manque de stabilité des revenus peut s’avérer catastrophique pour les nouveaux fermiers.
Santé des fermières et santé mentale
Les fermiers du Canada présentent des niveaux de stress, d’anxiété et de dépression plus élevés que la moyenne canadienne. Dans de nombreux pays développés, les fermières ont un taux de suicide beaucoup plus élevé que les autres professions.
Les fermières canadiennes sont également moins bien classées que les fermières d’autres pays développés, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, en ce qui concerne les principaux indicateurs de santé mentale. La plupart des indicateurs de santé au Canada sont plus mauvais dans les zones rurales.
Les programmes existants de soutien au revenu et les expériences de revenu de base (y compris le SRG, la SV et l’expérience Mincome) ont entraîné des améliorations constantes des paramètres de santé et de santé mentale, y compris des taux d’hospitalisation plus faibles et moins de visites dans les services d’urgence.
Des obstacles qui se chevauchent
Ces facteurs empêchent les nouveaux et jeunes agriculteurs d’entrer dans le secteur ; l’âge moyen des fermiers au Canada est passé à 55 ans. Selon le recensement agricole de 2016, quatre-vingt-douze pour cent des fermiers n’ont pas de plan de succession écrit, et l’augmentation de l’âge moyen des agriculteurs signifie que nous pouvons nous attendre à une vague de départs à la retraite des agriculteurs au cours de la prochaine décennie.
Les données de Statistique Canada sur les exploitants agricoles indiquent également une disparité importante entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le revenu agricole. Les médias font état d’un intérêt croissant des femmes pour l’agriculture ; toutefois, ces mêmes médias soulignent que les femmes sont confrontées à différents obstacles ou barrières à l’entrée qui peuvent nécessiter des solutions innovantes.
Le moment est venu de relever les défis majeurs auxquels sont confrontés les fermiers du Canada. Le manque de nouvelles fermières signifie une perte de compétences, un obstacle à l’innovation et une menace pour la souveraineté alimentaire du Canada, car les propriétaires fonciers étrangers et les sociétés d’investissement s’étendent dans le paysage agricole canadien.
La solution que nous proposons : Un complément de revenu pour les fermières
Un programme de supplément de stabilité du revenu pour les nouveaux fermiers pourrait contribuer à résoudre ces problèmes. La stabilité des revenus est le plus grand défi que doivent relever les nouveaux fermiers lorsqu’ils se lancent dans une nouvelle activité ou reprennent une exploitation agricole existante.
Un supplément de stabilité du revenu (SSR) permettrait aux jeunes de s’engager dans l’agriculture de manière à combler l’écart de revenu saisonnier et à inverser la tendance au vieillissement des fermières. La garantie d’un revenu stable tout au long de l’année permettrait aux fermières d’investir dans leurs propres infrastructures, d’améliorer leurs équipements et leurs pratiques de production, voire d’embaucher du personnel et de créer des emplois. Ce supplément pourrait également permettre aux fermières d’apporter des améliorations plus écologiques à leurs exploitations et à leurs méthodes de production, afin d’améliorer la biodiversité et de lutter contre le changement climatique.
Bien qu’un supplément de revenu pour les nouveaux fermiers n’apporte pas de solution directe au problème des prix élevés des terres agricoles, il permettrait aux jeunes et aux nouveaux fermiers de prendre plus facilement le risque de posséder des terres agricoles et pourrait éventuellement ralentir le rythme auquel les terres agricoles sont achetées par des investisseurs étrangers. Il aiderait également les nouveaux fermiers à développer des entreprises viables, et la garantie d’un flux de trésorerie régulier les encouragerait à dépenser dans leurs communautés, faisant ainsi circuler l’argent dans l’économie rurale locale.
À l’avenir, un supplément de revenu élargi à tous les agriculteurs pourrait également réduire la pression exercée sur les agriculteurs plus âgés pour qu’ils vendent leurs terres – puisque leur principal actif à la retraite est souvent leur terre – et ouvrir de nouvelles voies pour la succession des exploitations grâce à une aide au revenu destinée à la fois aux nouveaux agriculteurs et aux agriculteurs qui prennent leur retraite.
Impacts positifs pour de multiples ministères
Un supplément de stabilité des revenus pour les fermiers répondrait au mandat de plusieurs ministres fédéraux.
La lettre de mandat du ministre de l’agriculture et de l’agroalimentaire lui demande « d’évaluer si l’ensemble des filets de sécurité du revenu agricole répond aux besoins des fermières et des fermiers canadiens lorsqu’ils sont confrontés à de graves difficultés indépendantes de leur volonté ». Des décennies de recherches menées par la Nationale des Fermiers montrent que les filets de sécurité existants sont inadéquats, car ces programmes n’ont pas permis de réduire le rythme auquel nous perdons des fermiers. De plus, la stabilité des revenus des fermières est confrontée à de nombreux nouveaux défis qui ne cessent de s’aggraver, notamment le changement climatique, l’augmentation des coûts et l’évolution des accords commerciaux internationaux. Il est temps d’agir pour la stabilité des revenus agricoles.
Le ministre de l’ emploi, du développement des ressources humaines et du travail est chargé de lutter contre la pauvreté, de réduire l’écart salarial et d’améliorer la représentation des femmes dans les domaines où elles sont traditionnellement sous-représentées. Un supplément de stabilité du revenu pour les nouveaux fermiers répondrait directement aux problèmes de pauvreté dans les communautés rurales.
Nous savons également que les femmes sont sous-représentées dans l’agriculture et qu’un grand nombre de fermières, nouvelles ou en devenir, sont des femmes. Les femmes dans l’agriculture, qu’elles soient issues d’un milieu agricole ou urbain, sont souvent confrontées à des obstacles, notamment un manque d’accès aux réseaux sociaux traditionnels de soutien et de transfert de connaissances. Un SSI peut contribuer à corriger l’inégalité entre les sexes parmi les fermières en apportant un soutien pendant la formation de nouveaux réseaux.
Plusieurs autres ministres verraient leur mandat pris en compte par un supplément de revenu pour les nouveaux fermiers, notamment le ministre de la famille, de l’enfance et du développement social (qui est chargé de la réduction de la pauvreté), le ministre de la santé et le ministre de l’environnement et du changement climatique (puisque la lutte contre le changement climatique nécessite des investissements dans l’amélioration des pratiques de gestion et de l’infrastructure des exploitations agricoles).
Participants cibles
Nous suggérons que les participants ciblés soient de nouveaux fermiers, en particulier ceux qui pratiquent l’agriculture depuis 2 à 10 ans.
Nous savons, grâce à nos recherches et à des anecdotes, que les défis les plus importants pour les nouveaux fermiers se posent entre deux et dix ans après le début de leur carrière.
Les fermières fraîchement installées (depuis moins de deux ans) peuvent avoir accès à l’épargne ou à d’autres financements de démarrage d’entreprise. Cependant, à la troisième saison, beaucoup ont épuisé leur capital de départ et peuvent se sentir physiquement et mentalement épuisés, mais leur entreprise ne leur procure pas encore un revenu fiable.
Au bout de dix ans, la plupart des fermières ont accumulé le matériel, l’infrastructure et l’expérience nécessaires pour se créer un revenu plus stable (bien que le contexte économique soit très difficile, même pour les fermières expérimentées).
Par conséquent, nous proposons que le projet pilote se concentre sur les nouveaux fermiers ayant entre deux et dix ans d’expérience. Les fermières participantes devront également fournir la preuve d’un plan d’entreprise avant la fin de la première année du projet pilote.
Nous proposons un objectif d’environ 250 participants qui recevront des paiements, ainsi qu’un groupe de contrôle supplémentaire.
Bien que de nombreux participants soient jeunes, nous aimerions cibler les nouveaux fermiers en général plutôt que les jeunes agriculteurs en particulier. Cela nous permettra d’inclure des fermières en seconde partie de carrière, dont les compétences peuvent apporter une contribution précieuse à des communautés rurales dynamiques, ainsi que des néo-Canadiens (y compris des réfugiés ayant une formation agricole et une connaissance de l’alimentation mondiale).
Nous recommandons vivement que le projet soit conçu de manière à encourager la participation des groupes désignés suivants : les femmes, les minorités visibles, les populations autochtones et les personnes handicapées.
Régions cibles
Nous proposons que le projet pilote se déroule dans quatre régions du Canada : Colombie-Britannique, Ontario, Saskatchewan et Île-du-Prince-Édouard. L’accès aux terres nécessaires à une exploitation agricole typique est un obstacle pour les nouveaux fermiers. Ce projet pilote, axé sur des régions spécifiques au sein de ces provinces, pourrait fournir des données précieuses sur l’impact au niveau individuel et communautaire, afin de soutenir le développement d’un programme national accessible à tous les nouveaux fermiers à l’avenir.
Dans chacune de ces provinces, on peut identifier des régions spécifiques qui sont gravement touchées par l’augmentation du prix des terres agricoles et les obstacles qui en découlent pour les nouveaux fermiers.
Mesures et résultats souhaités
Nous vous proposons ces résultats clés à améliorer, à suivre et à analyser :
- Stabilité des revenus (en particulier pour les fermières confrontées à des problèmes de santé, à des conditions météorologiques extrêmes ou au changement climatique).
- Solidité du filet de sécurité sociale dans les zones rurales
- Vitalité des économies rurales.
- Emploi rural
- Santé et bien-être des fermiers (et des populations rurales).
- Réussite agricole et
- Création d’un plan d’affaires et
- Égalité des sexes et représentation des femmes dans les
- Représentation des personnes racialisées et des néo-Canadiens dans les films de l’Union européenne
- Amélioration des infrastructures agricoles (par opposition à l’endettement ou au manque d’entretien).
Budget et montants des paiements
Le budget total proposé pour le projet pilote est de 20 millions de dollars. Ce montant comprend 8 millions de dollars pour l’élaboration et la conception des projets, l’administration, la sensibilisation, la collecte de données et l’analyse. Nous affecterions 12 millions de dollars à des paiements directs, éventuellement distribués par l’intermédiaire du Partenariat agricole canadien (PAC) en tant qu’investissement administré par le gouvernement fédéral dans l’avenir de l’agriculture.
Nous suggérons de verser un montant de base correspondant à 90 % du seuil de faible revenu, moins 50 % de tout revenu agricole net provenant du marché.
Par exemple, le seuil de faible revenu pour une personne seule en 2017 est de 24 600 $ ; les objectifs du programme pourraient être atteints grâce à une conception du programme qui tiendrait compte du fait que 90 % de notre montant de base serait de 22 140 $, moins 50 % du revenu agricole net provenant du marché.
Prenons les exemples suivants :
- Si le revenu net de la fermiere pour une année est de zéro dollar ou une perte, elle recevra un Supplément de Stabilité du Revenu de 22 140 dollars.
- Si le revenu net de la fermiere est de 20 000 $, le paiement du SSV sera de 12 140 $.
- Si le revenu net du fermier est de 30 000 $, son paiement sera de 7 140 $.
- Si le fermiere gagnait 44 280 $ ou plus, il ne recevrait rien.
Ce budget prévoit des paiements de 4 millions de dollars par an sur une période de trois ans. Avec un paiement moyen attendu de moins de 16 000 dollars par participant, cela permettrait à au moins 250 participants de recevoir des paiements. Nous suggérons que le financement soit cumulatif afin que toute insuffisance dans la participation initiale puisse être compensée par une augmentation de la participation au cours des années suivantes du projet pilote.
La discussion et la conception du programme devront être approfondies afin de trouver un équilibre entre la nécessité d’un revenu mensuel prévisible et le risque de trop-perçu ou de sous-paiement, peut-être par la mise en œuvre d’un processus de rapprochement annuel basé sur les déclarations d’impôt sur le revenu. Le montant de base à 90 % du SFR est similaire à ce qu’un travailleur au salaire minimum à temps plein gagnerait chaque année au Québec ou à l’Île-du-Prince-Édouard. (Un travail de 2 000 heures à 11,25 dollars rapporterait 22 500 dollars). Cependant, les fermières travaillent plus de 40 heures par semaine et les nouveaux agriculteurs peuvent travailler bien plus de 3 000 heures par an.
Le montant proposé est plus élevé que celui utilisé dans l’actuel projet pilote de revenu de base de l’Ontario. Cela s’explique en partie par le fait que les nouveaux fermiers ont souvent des dépenses importantes que beaucoup de citadins n’ont pas, notamment la réparation d’infrastructures délabrées, la construction de nouvelles infrastructures, le matériel agricole et des coûts de transport plus élevés.
Soumis le 30 novembre 2017 à : Ministre de l’agriculture et de l’agroalimentaire, avec copies au ministre des familles, des enfants et du développement social, au ministre de l’emploi, du développement de la main-d’œuvre et du travail, au ministre de la santé, au ministre de l’environnement et du changement climatique.