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OP ED La recherche publique et la vulgarisation sont essentielles à l’adoption de la lutte contre les ravageurs contrôlée par les fermiers

Par Ann Slater

Dans un rapport publié en 2005 sur les profits des entreprises, le site () a analysé certains des mécanismes utilisés par les entreprises agroalimentaires, y compris les entreprises chimiques et les semenciers, pour extraire des profits de nos exploitations agricoles. Deux des mécanismes identifiés sont l' »externalisation des coûts » et le « transfert des connaissances ». Les discussions actuelles en Ontario sur la proposition du gouvernement de restreindre l’utilisation des traitements de semences à base de néonicotinoïdes ont rappelé ces deux mécanismes. La généralisation de l’utilisation prophylactique des traitements de semences à base de néonicotinoïdes a fourni aux fabricants d’insecticides un marché en constante expansion pour leurs produits au cours des quinze dernières années. De nombreux fermiers ont accepté le coût financier des insecticides en échange d’une certaine assurance que leurs cultures seront protégées contre les ravageurs de début de saison. Dans le même temps, il y a eu des coûts externalisés, c’est-à-dire des coûts supportés par d’autres fermiers, tels que les apiculteurs, et par notre environnement.

En ce qui concerne le « déplacement des connaissances », le rapport de 2005 suggère qu’avant les années 1980, les fermières fournissaient la majeure partie de l’expertise et des connaissances sur leurs exploitations. Au cours des décennies qui ont suivi, les fermières se sont de plus en plus tournées vers les entreprises de produits chimiques et de semences pour qu’elles leur apportent des solutions aux défis auxquels elles sont confrontées en matière de culture, des solutions que nous sommes prêts à payer, telles que de nouveaux produits chimiques ou de nouvelles formulations pour nous aider à lutter contre les différents ravageurs. Ce que le rapport de 2005 n’a pas vu, c’est la suppression, depuis des décennies, du financement public de la vulgarisation et de la recherche agricoles menées par des tiers dans l’intérêt du public. De plus en plus, les services de vulgarisation offerts aux fermières proviennent de fournisseurs d’intrants qui ont des produits à nous vendre. Dans le même temps, le financement public de la recherche agricole par les gouvernements fédéral et provinciaux implique de plus en plus de partenaires privés et s’est orienté vers le soutien à la commercialisation des produits plutôt que vers la recherche fondamentale et la sélection végétale publique.

La lutte intégrée contre les parasites (IPM) est un processus internationalement reconnu qui permet de résoudre les problèmes liés aux parasites tout en minimisant les risques pour les personnes et l’environnement. En Ontario, l’utilisation de la lutte intégrée est plus courante dans l’industrie des fruits et légumes que dans la production de grandes cultures, probablement parce que les fruits et légumes sont plus souvent vendus frais aux consommateurs. Afin de protéger les pollinisateurs, qu’ils soient domestiques ou indigènes, le gouvernement de l’Ontario préconise un retour à l’utilisation de la lutte intégrée pour la culture du maïs et du soja – d’abord par le biais de la vulgarisation et de l’éducation des fermiere et plus récemment par le biais de la proposition réglementaire visant à exiger des fermiere qu’ils démontrent leur utilisation des pratiques de lutte intégrée avant de recevoir l’autorisation d’utiliser des semences de maïs et de soja traitées aux néonicotinoïdes.

Bien que la lutte intégrée et la production biologique partagent les mêmes méthodes de gestion, la lutte intégrée comprend l’utilisation de produits chimiques contre les parasites lorsque les autres méthodes de gestion n’ont pas permis de maintenir les niveaux de parasites en dessous d’un seuil susceptible d’entraîner des dommages économiques. La lutte intégrée contre les parasites s’appuie fortement sur la recherche scientifique. Toutefois, pour être efficace, cette recherche scientifique doit être interprétée et mise à la disposition des fermières afin que nous puissions prendre de bonnes décisions en matière de gestion. Pour mettre en œuvre efficacement les pratiques de lutte intégrée dans nos exploitations, nous devons avoir accès à des outils tels que des informations sur les cycles de vie des ravageurs, le développement de variétés résistantes aux ravageurs, une aide à l’identification des ravageurs sur le terrain, des seuils acceptables pour les ravageurs en Ontario et des stratégies à long terme pour éviter que les ravageurs ne deviennent un problème. La vulgarisation et la recherche sur les conditions de l’Ontario, financées par des tiers et par des fonds publics, seront essentielles pour étendre l’utilisation des pratiques de lutte intégrée contre les ravageurs, afin de réduire les coûts externes des insecticides pour nos voisins et notre environnement, et de remettre les connaissances entre les mains des fermières.

En dépit d’un financement et d’un personnel en constante diminution, le personnel de terrain du ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales de l’Ontario a travaillé avec diligence pour accroître la sensibilisation et encourager l’utilisation des pratiques de lutte intégrée dans la production de maïs et de soja, une fois que le lien entre les traitements de semences néonicotinoïdes et la santé des pollinisateurs a été identifié. Dans l’intérêt de notre environnement, et en particulier de la santé des pollinisateurs domestiques et sauvages, nous devons, en tant que fermiers, nous engager à reprendre le contrôle des connaissances en adoptant le processus de lutte intégrée contre les parasites et ses pratiques. Dans le même temps, le public et le gouvernement de l’Ontario ont la responsabilité à long terme de fournir aux fermières des travaux de recherche et de vulgarisation menés par des tiers, dans l’intérêt du public et avec des fonds publics, afin que nous puissions prendre en toute confiance des décisions éclairées sur la manière de mettre en œuvre les pratiques de lutte intégrée contre les parasites dans nos exploitations agricoles.

Ann Slater est agricultrice dans le comté d’Oxford et est la vice-présidente (politique) de .

La crise agricole et les profits des entreprises, un rapport du site canadien 30 novembre 2005

The -Ontario’s submission to Ontario Pollinator Health Consultation (en anglais seulement)

Ann Slater
About the author

Ann Slater

Ann Slater is an organic market gardener from the St. Marys area in southwestern Ontario. For over 35 years she has supplied fresh organic vegetables to her community through the St. Marys Farmers' Market and a CSA.

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