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Lettre – Il est urgent de rétablir les évaluations de sécurité et la transparence pour tous les OGM

Le 19 octobre 2023, l’UNF, CBAN, Vigilance OGM , et SaskOrganics ont envoyé la lettre suivante au ministre de la Santé Duclos et au ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire MacAulay, demandant l’annulation de la décision d’orientation réglementaire qui permettra à de nombreux produits génétiquement modifiés d’être mis sur le marché sans avis public ni évaluation de la sécurité par le gouvernement.[PDF de la lettre] (en anglais)

Chers ministres,

Nous vous félicitons pour vos récentes nominations en tant que ministres ayant la lourde responsabilité de préserver la santé et la sécurité du système alimentaire canadien.

Alors que vous entamez votre important travail, nous vous écrivons pour vous alerter sur des rapports récents qui révèlent comment les modifications de la réglementation des organismes génétiquement modifiés (OGM) ont été élaborées par les ministères en étroite collaboration avec l’industrie de la biotechnologie et des pesticides. Nous vous écrivons pour attirer votre attention sur la crise de crédibilité qui s’aggrave dans les départements fédéraux de réglementation et dans la réglementation fédérale sur les OGM, et pour vous demander de garantir d’urgence des évaluations de sécurité et la transparence pour tous les OGM.

Fiche d’information et mise à jour

En 2021, Santé Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ont lancé séparément des consultations publiques sur de nouvelles propositions d’orientations réglementaires visant à définir, en particulier, la manière dont les semences et les aliments génétiquement modifiés créés par de nouvelles techniques d’édition de gènes seraient réglementés. Nos groupes ont participé aux deux consultations pour partager notre analyse détaillée de l’impact négatif des changements sur la sécurité, la transparence et la confiance du public. Nous avons également encouragé d’autres Canadiens à participer à ces consultations.

En dépit des préoccupations fortes et généralisées du public et des fermières exprimées pendant deux ans aux ministres et dans le cadre des consultations, vos services ont choisi d’autoriser l’autorégulation des entreprises pour de nombreux nouveaux OGM génétiquement modifiés. Nous avons appris depuis qu’il s’agissait de l’option politique proposée par l’industrie biotechnologique en étroite communication avec les services gouvernementaux, bien avant les consultations publiques.

Le mois dernier, les médias nous ont appris que le groupe de pression de l’industrie des biotechnologies et des pesticides, CropLife Canada, avait joué un rôle central dans l’élaboration des propositions d’orientations réglementaires par l’intermédiaire d’une “Tiger Team” composée de représentants d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, de Santé Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

En outre, des documents obtenus grâce à l’accès à l’information montrent que Santé Canada proposait à l’origine de réglementer tous les produits issus de l’édition du génome, car les plantes développées à l’aide de ces techniques n’ont jamais été utilisées en toute sécurité dans l’alimentation au Canada. En d’autres termes, Santé Canada devait assurer la surveillance gouvernementale de tous les nouveaux OGM produits à l’aide de la technologie d’édition génétique, ce qui correspond à la position que nous avons exigée dès le début du processus de consultation publique. Nous constatons que l’ACIA s’est opposée à la position de Santé Canada et a plutôt soutenu la position de déréglementation proposée par CropLife Canada.

Demande d’action corrective urgente

Aujourd’hui, nous vous demandons d’entendre nos préoccupations, ainsi que celles de nombreux Canadiens, et de revenir à la proposition initiale de Santé Canada concernant la réglementation préalable à la mise sur le marché des produits génétiquement modifiés. L’annulation des modifications apportées aux orientations réglementaires peut et doit être effectuée immédiatement, avant que les produits ne commencent à passer inaperçus.

Les fermières veulent savoir ce qu’elles plantent, en particulier les agricultrices et agriculteurs biologiques. La réglementation canadienne régissant les normes de production biologique interdit l’utilisation d’OGM. De nombreux groupes de défense de l’environnement et de l’intérêt public s’inquiètent des risques accrus pour la biodiversité et la santé humaine si l’on laisse les entreprises réglementer les produits de la biotechnologie sans contrôle du gouvernement. Une majorité de Canadiens demandent également à savoir ce qu’ils achètent et ce qu’ils mettent dans leur assiette.

Nous vous rappelons que la mission fondamentale de Santé Canada est “d’aider la population canadienne à maintenir et à améliorer son état de santé”. Cette mission est clairement incompatible avec l’approche visant à supprimer la surveillance réglementaire.

Il est temps de s’attaquer à cette dangereuse abdication de la responsabilité gouvernementale. Il n’est pas trop tard pour se lever et sauvegarder l’intérêt public.

Nous continuons d’exiger du gouvernement qu’il fasse preuve de surveillance et de transparence et qu’il rende des comptes au public afin de s’assurer qu’il s’acquitte de son devoir de protéger la santé des Canadiens, l’autonomie des fermières et la survie de l’agriculture biologique canadienne.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués,

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Lucy Sharrat, coordinatrice, Réseau canadien d’action sur les biotechnologies

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Thibault Rehn, Coordinateur, Vigilance OGM

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Garry Johnson, président de SaskOrganics

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Jenn Pfenning, Présidente, Nationale des Fermiers Union