National | Communiqué de presse

L’Alliance canadienne du blé : les fermiers paieront plus et auront moins leur mot à dire en matière de recherche

Le 23 mai 2013 (Saskatoon) – Le 17 mai, dix jours après que le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) a annoncé qu’il était  » ouvert aux affaires  » et qu’il avait pour nouveau mandat de servir les objectifs commerciaux de l’industrie privée au lieu de poursuivre la recherche scientifique fondamentale, l’Alliance canadienne du blé (ACB) – un partenariat entre le CNRC, l’Université de la Saskatchewan et les gouvernements fédéral et provinciaux – a été lancée à Saskatoon. Désormais, le CNR investira dans des projets de recherche à grande échelle dirigés par et pour les entreprises canadiennes. Elle cite comme exemple de recherche stratégique la collaboration avec des partenaires en vue d’accroître la rentabilité des variétés de blé dans un climat changeant.

« Avec le CNRC comme partenaire principal, on ne sait pas encore qui seront les clients du secteur privé de l’Alliance canadienne du blé. Il est clair, cependant, que les fermières ont été écartées du siège du conducteur », a déclaré Terry Boehm, président de (). « En 32 ans de direction de la recherche en sélection végétale d’intérêt public, notre Western Grain Research Foundation, financée et dirigée par les fermiers, a financé plus de 230 projets de recherche. Elle a collaboré avec les sélectionneurs des universités, des stations de recherche d’Ag Canada et du Centre de développement des cultures pour mettre au point et commercialiser au moins 158 nouvelles variétés de blé et d’orge au cours des vingt dernières années. Aujourd’hui, le CWA est en train d’être mis en place pour occuper notre espace et passer outre les intérêts des fermières. »

M. Boehm note également que l’accent mis par le CWA sur la génomique, la biotechnologie et la pathologie pourrait être utilisé pour développer du blé génétiquement modifié, une culture qui est catégoriquement rejetée par nos marchés. Lorsqu’il a été interrogé à ce sujet, le ministre Ritz a répondu en s’engageant à ce que la CWA ne développe pas de blé génétiquement modifié.

« Nous remettons également en question la décision du gouvernement fédéral de fermer le Centre de recherche sur les céréales d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Winnipeg, alors que ses services sont manifestement nécessaires », a poursuivi M. Boehm. « Les scientifiques du Centre font exactement ce que le CWA propose de faire : sélectionner des variétés de blé, améliorer la qualité des céréales et développer la résistance aux maladies et aux insectes. Le gouvernement fédéral alloue 85 millions de dollars au CWA pour les cinq prochaines années, mais le Centre de recherche sur les céréales sera démantelé par mesure d’économie et ses recherches sur la sélection végétale seront confiées au secteur privé – peut-être à des partenaires privés du CWA dont le nom n’a pas encore été dévoilé.

Les processus décisionnels de la CWA concernant l’affectation des crédits de recherche n’ont pas été divulgués. « Compte tenu du nouveau mandat du CNR et de l’invitation du CWA à la participation du secteur privé, nous nous attendons à ce que des entreprises telles que Syngenta soient en mesure d’influencer le programme de recherche tout en bénéficiant d’un accès à prix réduit à l’infrastructure publique de sélection végétale du Canada », a ajouté M. Boehm.

Les créateurs de nouvelles variétés végétales obtiennent des droits d’obtenteur, ce qui leur permet de réclamer des redevances aux fermières lorsqu’elles achètent des semences. La question de savoir à qui appartiendraient les nouvelles variétés développées grâce aux activités du CWA reste posée. Ilene Busch-Vishniac, présidente de l’Université de Californie, a toutefois indiqué que l’Université de Californie prévoyait de conserver les droits d’obtenteur sur les nouvelles variétés qu’elle développe et d’utiliser ces redevances pour financer ses futures recherches.

« Les fermières paieront deux fois pour les nouvelles variétés de plantes : avec leur check-off et lorsqu’elles achèteront des semences, tandis que les semenciers privés récolteront la majeure partie de la « rentabilité » des nouvelles variétés de blé de la CWA », a conclu M. Boehm.

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Pour plus d’informations :

Terry Boehm, président : (306) 255-2880, (306) 257-3689 ou (306) 255-7638 (portable)