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Guide pour commenter les propositions de modification du règlement sur la protection des obtentions végétales

L’UNF et SeedChange ont créé ce guide pour vous aider à commenter les changements proposés au Règlement sur la protection des obtentions végétales du Canada et l’élimination proposée du privilège du fermier.

Merci d’avoir signé la pétition pour protester contre ce problème. Il ne reste plus qu’une étape à franchir : remplir le formulaire de consultation réglementaire de la Gazette du Canada avant minuit, heure de l’Est, le 18 octobre !

Comment utiliser ce guide pour soumettre vos commentaires via la Gazette du Canada, Partie I :

  • Cliquez ici pour consulter la consultation réglementaire sur le règlement relatif à la protection des obtentions végétales.
  • Sous chaque rubrique, mettez le texte ci-dessous en surbrillance à l’aide de votre souris, puis « copiez » et « collez » le texte dans la zone de commentaire de la rubrique correspondante (par exemple, le texte des « Observations générales » est placé dans « Observations générales »).
  • Vous pouvez modifier et adapter le texte que vous avez copié et collé à ce stade si vous le souhaitez.
  • Allez au bas de la page de la Gazette du Canada lorsque vous êtes prêt à soumettre tous vos commentaires.
  • Vous pouvez soumettre vos commentaires de manière anonyme – vous n’avez pas besoin de vous connecter ou de créer un compte.
  • Examinez votre commentaire et sélectionnez « Passer à l’étape 2 de 3 ».
  • Sélectionnez « Continuer à l’étape 3 sur 3 » et soumettez votre commentaire.

Merci pour votre temps et vos efforts pendant une saison aussi chargée ! Ensemble, nous pouvons contribuer à protéger les droits des fermières à conserver leurs semences !

COMMENTAIRES GÉNÉRAUX

Cette proposition de modification réglementaire porte atteinte au droit des fermiers canadiens de conserver leurs semences. Le gouvernement n’a pas consulté de manière adéquate les fermiers les plus touchés par ce changement, et n’a pas non plus fourni de preuves suffisantes que la proposition leur sera bénéfique. Les fermiere méritent mieux. Plutôt que des réglementations qui menacent leurs moyens de subsistance, ils ont besoin de programmes publics de sélection végétale solides et bien financés, ainsi que du maintien du droit de conserver et d’utiliser les semences de nouvelles variétés végétales dans leurs exploitations.

SECTION RÉSUMÉ EXÉCUTIF

La modification réglementaire proposée limiterait la capacité des fermières à conserver et à adapter les variétés végétales à leurs conditions locales, ce qui accroîtrait leur dépendance à l’égard des entreprises internationales de semences qui vendent des variétés brevetées.

Le document de consultation affirme que la suppression du privilège des fermières pour les variétés horticoles et hybrides encouragera l’investissement et l’innovation. Cependant, rien n’oblige les sélectionneurs à utiliser ces revenus pour développer des variétés adaptées aux climats ou aux systèmes agricoles canadiens.

L’ACIA affirme également que « les sélectionneurs internationaux sont réticents » à introduire de nouvelles variétés sur le marché canadien. En fait, la plupart des semences de légumes vendues au Canada sont importées d’Europe ou des États-Unis, et la plupart des demandes de protection des obtentions végétales (POV) pour les cultures horticoles proviennent d’obtenteurs étrangers. Comme le souligne l’ACIA, « sur les 400 demandes reçues chaque année, environ 85 % (342 demandes) proviennent de demandeurs internationaux, tandis que 15 % (58 demandes) émanent de parties prenantes canadiennes. Parmi ces derniers, 31 % (18) proviennent d’entités publiques canadiennes (telles que des universités) et 69 % (40) d’entreprises privées ». De toute évidence, aucun obstacle important n’empêche les sélectionneurs étrangers d’accéder au marché canadien.

Cette analyse réglementaire ignore également un risque grave : la perte de la diversité des semences. En interdisant aux fermières d’utiliser du matériel de multiplication sur leur propre exploitation, elle les rend dépendantes des obtenteurs pour le maintien de l’accès aux variétés protégées. Si un obtenteur retire une variété du marché avant la fin de la période de protection, les fermières n’auront aucun recours et cette variété pourrait disparaître de la culture. De précieux investissements dans la recherche et la sélection seraient perdus, comme cela s’est produit dans le passé lorsque les sociétés de semences ont retiré du marché presque toutes les variétés de canola non génétiquement modifiées.

L’analyse d’impact de la réglementation ne tient pas compte des effets sur la partie prenante la plus importante du système agricole canadien, à savoir le fermier. Elle ne fournit pas suffisamment de données pour étayer ses affirmations et néglige les conséquences négatives de la restriction de l’accès des fermières au matériel de multiplication, notamment le retrait potentiel de variétés protégées pour éviter qu’elles ne tombent dans le domaine public.

Un régime de droits d’obtenteur plus restrictif ne permettra pas d’obtenir une sélection végétale adaptée à la faible population du Canada et à ses conditions de croissance difficiles. En s’appuyant uniquement sur une approche de sélection axée sur le marché, le Canada deviendra un marché secondaire, quelle que soit la rigueur avec laquelle l’accès des fermières aux nouvelles variétés est contrôlé. Un investissement stratégique dans la sélection végétale publique permettrait de mieux soutenir l’agriculture canadienne et la sécurité alimentaire.

SECTION DES QUESTIONS

La législation et la réglementation canadiennes actuelles en matière de droits d’obtenteur sont déjà conformes à l’UPOV 91. Les modifications proposées vont au-delà de ces exigences, renforçant encore les droits des obtenteurs aux dépens des fermières, tant sur le plan financier qu’en termes de pratiques agricoles. Les modifications rendraient les semences et autres matériels de multiplication moins accessibles et plus coûteux en imposant la nécessité d’acheter des semences et de payer des redevances chaque année. Elles permettraient également aux entreprises de sélection végétale de monopoliser le matériel génétique en empêchant les fermières de le reproduire pour l’utiliser dans leurs propres exploitations.

SECTION DÉVELOPPEMENT RÉGLEMENTAIRE

L’ACIA n’a pas suffisamment pris en compte les besoins des fermiers qui doivent adapter les variétés existantes à leur exploitation en utilisant des semences conservées à la ferme pour plusieurs générations. La réponse de l’Agence, à savoir que l’exemption accordée aux obtenteurs permet le développement de nouvelles variétés, ne tient pas compte du fait que ces fermiers veulent adapter les variétés à leurs propres exploitations, et non en créer de nouvelles.

L’ACIA suggère également que les exemptions pour usage non commercial et les exemptions pour la recherche prévues par la loi sur la protection des obtentions végétales devraient compenser le fait de ne pas avoir accès aux semences conservées à la ferme. Ces exemptions concernent les utilisations non agricoles. Pour les fermiers, qui cultivent des produits destinés à la vente, l’utilisation de ces exemptions serait illégale.

Les fermières biologiques peuvent avoir besoin de multiplier à partir de semences/plantes qui ne sont pas forcément disponibles en bio ; les fermières des climats marginaux peuvent avoir besoin de conserver du matériel de multiplication pour s’adapter aux conditions météorologiques extrêmes spécifiques à la région. Ces fermiers devront faire face à des coûts plus élevés, à des pertes de récoltes ou à une disponibilité réduite des semences dans le cadre de la modification proposée.

Le calendrier de la consultation a également exclu les personnes les plus touchées. La consultation préalable s’est déroulée de la fin mai à la mi-juillet, ce qui correspond aux mois les plus chargés pour les fermières. La consultation de la Gazette, ouverte de la mi-août au début du mois d’octobre, coïncide avec le pic de la saison des récoltes. Ces délais ont fortement limité la capacité des fermières à participer de manière significative au processus de consultation.

ANALYSE RÉGLEMENTAIRE SECTION

Il n’y a pas de données sur la quantité de revenus supplémentaires pour les sélectionneurs qui résulteraient de l’élimination du privilège des fermiers sur les cultures horticoles. Nous savons que la majorité des fermières horticoles achètent des semences et/ou des plants chaque année et qu’il s’agit d’un secteur relativement petit de l’agriculture canadienne (25 145 fermes selon le Recensement de l’agriculture de 2021). Pour ceux qui utilisent le privilège des fermières, combien passeraient des variétés protégées par la POV aux variétés du domaine public, et combien passeraient à des achats annuels ? Quelle serait l’augmentation globale des revenus des obtenteurs qui en résulterait ? Et quelle est la comparaison avec le coût total de la sélection ? Ces données devraient être fournies afin que les affirmations faites dans ce raisonnement puissent être évaluées.

LA NON-APPLICATION DE LA SECTION RELATIVE AU PRIVILÈGE DES FERMIÈRES

La suppression du privilège des agriculteurs pour les variétés protégées de fruits, de légumes, de plantes ornementales et d’hybrides constitue une atteinte inacceptable au droit ancestral des fermières de conserver et de réutiliser les semences. La possibilité de conserver et d’utiliser des semences, des boutures ou du matériel de greffe conservés à la ferme après avoir payé la redevance initiale permet aux fermières d’adapter les variétés aux conditions locales, de réduire les coûts de production et de conserver leur autonomie.

La proposition de suppression du privilège des fermiers pour les hybrides est particulièrement préoccupante. Elle encouragerait la poursuite du développement de variétés hybrides pour les céréales, les oléagineux et les légumineuses – et pourrait conduire les sélectionneurs à désenregistrer les alternatives à pollinisation libre, comme cela s’est produit pour de nombreuses variétés de canola non génétiquement modifiées. Cela permettrait aux sélectionneurs d’augmenter le prix des semences et de réduire le revenu net des fermières. Les fermiers conservent rarement les semences des hybrides, car ils savent que les générations suivantes produisent des résultats irréguliers. Rien ne prouve que les fermières produisent des hybrides à partir de « selfs » trouvés dans des cultures semées à la ferme. Même si seuls quelques fermiers conservent des semences, la suppression de ce droit restreint la liberté, affaiblit l’autonomie et compromet la résilience climatique et la sécurité alimentaire.

La conservation des semences est essentielle non seulement pour que les fermiers aient un accès sûr à leur intrant le plus important, mais aussi parce que cette pratique permet.. :

  • la résilience climatique de l’exploitation grâce à l’adaptation des variétés à des environnements et à des pratiques agricoles spécifiques,
  • le remplacement des plants de baies et d’arbres fruitiers pérennes ligneux perdus (en raison de la faune et/ou d’un froid excessif, de la sécheresse, des inondations) par la même variété lorsqu’elle n’est pas disponible dans le commerce ;
  • l’accès au matériel de multiplication en cas de graves perturbations de la chaîne d’approvisionnement, un risque important pour les semences de légumes qui sont principalement importées.
  • réduction des coûts d’ensemencement et de multiplication (bien que le coût ne soit pas nul, car la conservation des semences nécessite du temps, des compétences et des installations de stockage)
  • discipline des prix imposée aux vendeurs de semences – les hausses de prix sont limitées lorsque les fermiers peuvent passer à des semences de ferme si le prix d’achat est trop élevé
  • les fermières qui utilisent une variété si l’obtenteur décide de la retirer du marché avant la fin de la période de protection du droit d’obtenteur.

L’élimination du privilège des fermières pour les variétés de fruits, de légumes, de plantes ornementales et d’hybrides transférerait trop de contrôle sur le secteur agricole canadien à un secteur mondial des semences de plus en plus privatisé et concentré.

DURÉE DE PROTECTION SECTION

L’extension de la période de protection de la POV pour les pommes de terre, les asperges et les plantes ligneuses non arborescentes (par exemple, les baies) de 20 à 25 ans n’est pas dans l’intérêt du public. Les sélectionneurs internationaux dominent déjà les enregistrements de droits d’obtenteur pour ces cultures – 85 % des nouvelles demandes de pommes de terre proviennent de l’étranger -, ce qui prouve que les conditions actuelles ne constituent pas un obstacle.

Le programme public canadien de sélection de pommes de terre à Fredericton, l’un des rares programmes de développement de variétés d’AAC encore en place, continue de produire des variétés performantes dans les conditions actuelles. L’extension de la protection ne ferait que maintenir plus longtemps de précieux gènes hors du domaine public, limitant ainsi leur disponibilité pour les cultivateurs de tout le pays.