Demande d’enquête sur le prix des engrais au Canada
Le 12 janvier, l’UNF a envoyé la lettre suivante pour demander au président du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes de lancer une enquête sur les prix des engrais.
Cher Monsieur Blois,
RE : Demande d’enquête sur le prix des engrais au Canada
La Nationale des Fermiers (UNF) s’inquiète d’éventuels profits réalisés par les fabricants d’engrais. Selon le type d’engrais, le marché nord-américain des engrais est dominé par deux à quatre entreprises – des combinaisons de Nutrien, Yara, CF Industries et Mosaic – ce qui donne à ces entreprises un énorme pouvoir de marché. Ce pouvoir de marché signifie que leurs activités ne sont pas entravées par les forces de la concurrence. Par exemple, Nutrien prévoit un doublement de ses bénéfices entre 2020 et 2021, passant de 3,7 milliards de dollars à 7,1 milliards de dollars d’EBITDA (bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement).
Au cours de l’année écoulée, les discussions se sont poursuivies sur l’augmentation des coûts due aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement, aux problèmes liés à COVID, à l’augmentation des coûts de l’énergie, etc. Lorsque les fermières sont confrontées à ces problèmes, notre revenu net diminue, alors que les revenus des fabricants d’engrais montent en flèche. Nous pensons que la meilleure explication de l’augmentation des bénéfices des entreprises est que leur incroyable pouvoir de marché leur permet de facturer tout ce que le marché peut supporter, et que les augmentations de prix auxquelles les fermières sont confrontées n’ont que peu de rapport avec les coûts de production et de distribution des engrais.
L’un des rôles les plus importants du gouvernement est de maintenir un certain niveau d’équité. Dans l’agriculture, cette situation est compromise par l’absence de forces concurrentielles agissant sur les entreprises d’engrais. Tous les programmes de gestion des risques de l’entreprise dans le cadre du Partenariat canadien pour l’agriculture dépendent d’un niveau substantiel de soutien de la part des contribuables, ce que les Canadiens acceptent généralement de faire afin de maintenir un secteur agricole viable. Le comportement anticoncurrentiel des entreprises et l’escroquerie conduiront de nombreux fermiers à la faillite, mais, tout aussi important, les prix exorbitants des engrais feront que les programmes de gestion des risques de l’entreprise fonctionneront pour verser des centaines de millions d’argent du contribuable aux entreprises qui se livrent à ces profits. Plutôt que de limiter les comportements anticoncurrentiels, les programmes gouvernementaux peuvent les favoriser, voire les financer.
Par conséquent, la Nationale des Fermiers demande au Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire d’enquêter sans tarder sur tous les facteurs qui contribuent à la fixation du prix des engrais au Canada.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués,
SIGNÉ
Katie Ward, présidente de l’UNF
CC : Benoit Jolicoeur, Greffier de la Commission