Ce qu’il faut savoir sur le changement climatique
La plus grande menace qui pèse sur l’agriculture canadienne est le changement climatique. Si tous les pays ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre, les fermières canadiennes seront confrontées à de fortes hausses de température, à une intensification des sécheresses et des inondations, à la perte de marchés d’exportation en raison de l’affaiblissement des économies étrangères et à des réactions perturbatrices de la part des gouvernements nationaux.
Voici huit choses que les fermières doivent savoir sur le changement climatique et la réduction des émissions :
1. Les températures dans les Prairies canadiennes sont en passe d’augmenter de six degrés au cours de ce siècle. De telles augmentations seront dévastatrices. Par exemple, ce réchauffement global pourrait faire passer le nombre de journées très chaudes (plus de 30 °C) dans les zones agricoles près de Saskatoon, Brooks (Alberta) ou Brandon d’environ 15 °C aujourd’hui à environ 50 d’ici la fin du siècle, selon l’atlas climatique du Canada. De telles conditions entraînent le dépérissement des cultures et la dégradation des sols. Ces effets peuvent toutefois être évités si le Canada et d’autres pays réduisent leurs émissions.
2. Le Canada s’est engagé à réduire ses émissions globales de 30 % d’ici à 2030 et à rendre son pays neutre en carbone d’ici à 2050.
3. Malgré ces engagements, les émissions agricoles canadiennes sont en hausse : elles ont augmenté de 22 % depuis 1990. L’agriculture produit environ 11 % des émissions canadiennes.
4. Les intrants agricoles sont le problème. Pendant des milliers d’années, l’homme a pratiqué l’agriculture sans affecter l’atmosphère ou le climat. Toutefois, au cours du siècle dernier, les émissions ont grimpé en flèche à mesure que les fermiers achetaient des intrants de plus en plus gourmands en énergie.
5. Les engrais azotés constituent un énorme problème. Il est unique parmi les matériaux et processus humains en ce qu’il est une source majeure des trois principaux gaz à effet de serre : l’oxyde nitreux (lors de l’utilisation), le dioxyde de carbone (lors de la production) et le méthane (provenant de sa matière première, le gaz naturel). Les fermières canadiennes ont doublé le tonnage d’engrais azotés depuis 1993.
6. Les bovins émettent du méthane, un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont doublé au cours des 100 dernières années. Les sources comprennent la production de combustibles fossiles, les décharges, le bétail et les autres animaux de pâturage. Mais le bétail apporte également de nombreux avantages environnementaux en tant qu’élément essentiel des écosystèmes de prairies qui construisent les sols et des exploitations agricoles mixtes biodiversifiées.
7. Des sols sains et riches en carbone sont essentiels. Ils retiennent davantage d’eau, accueillent une plus grande biodiversité et offrent une plus grande fertilité naturelle. Pour assurer la résilience climatique, nous devons restaurer et protéger les sols.
8. Les solutions climatiques peuvent être des solutions de revenus. L’écart entre le revenu brut et le revenu net des fermières ne cesse de se creuser. Cet écart reflète les dépenses des fermières – l’argent pour les engrais, le carburant et les autres intrants. Les approches à faible consommation d’intrants peuvent réduire les émissions et augmenter les marges. Entre 1935 et 1985, les fermières canadiennes ont conservé 33 cents sur chaque dollar gagné, mais au cours des dernières décennies, ce pourcentage n’a été que de cinq cents. Lorsque les fermières deviennent trop dépendantes des intrants achetés, les émissions augmentent et les marges diminuent.
Les impacts climatiques, la nécessité de réduire les émissions et le besoin d’accroître la résilience et la durabilité vont modifier nos exploitations agricoles. La bonne nouvelle, c’est que les changements que nous pouvons être contraints d’opérer peuvent ouvrir la voie à ceux que nous souhaitons.
Nous avons une ouverture, une opportunité historique de réimaginer et de restructurer l’agriculture canadienne, pour créer un avenir avec moins d’émissions, plus de fermiers, des marges plus élevées, des moyens de subsistance stables et des communautés prospères.
Les idées exposées ci-dessus sont détaillées dans le Rapport de 100 pages de l’UNF, Tackling the Farm Crisis and the Climate Crisis : A Transformative Strategy for Canadian Farms and Food Systems, disponible à l’adresse suivante : www.nfu.ca. L’UNF est un membre fondateur de l’association Farmers for Climate Solutions ( www.farmersforclimatesolutions.ca).
Par Darrin Qualman, directeur de la politique et de l’action de l’UNF en matière de crise climatique, pour le Western Producer