Dans les Prairies canadiennes, les petites et moyennes exploitations familiales sont souvent présentées comme les principales unités de production alimentaire. Pourtant, la réalité de l’agriculture dans l’ouest du Canada est bien différente. En fait, un nombre restreint et décroissant d’exploitations agricoles exploite la majeure partie des terres agricoles des Prairies et se taille la part du lion en termes de revenus et de bénéfices nets.
La concentration est importante : Farmland Inequality on the Prairies de Darrin Qualman, Annette Aurélie Desmarais, André Magnan et Mengistu Wendimu démontre que la propriété et le contrôle des terres productrices d’aliments au Canada sont de plus en plus concentrés, ce qui a de profondes répercussions sur les jeunes fermières, la sécurité du système alimentaire, le changement climatique et la démocratie.
Les auteurs analysent l’ampleur de la concentration des terres agricoles dans les trois provinces des Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), où se trouvent plus de 70 % des terres agricoles du pays. Ils constatent que 38 % des terres agricoles de la Saskatchewan sont exploitées et contrôlées par seulement 8 % des exploitations. En Alberta, 6 % des exploitations agricoles exploitent 40 % des terres agricoles de la province, tandis qu’au Manitoba, 4 % des exploitations agricoles exploitent et contrôlent 24 % des terres. Annette Aurélie Desmarais – titulaire d’une chaire de recherche du Canada à l’université du Manitoba -, coauteure de l’étude, observe qu’une telle concentration rend beaucoup plus difficile l’accès à l’agriculture pour les jeunes et les nouveaux agriculteurs : « Le nombre de jeunes fermiers en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba a diminué de plus de 70 %. Il s’agit là d’une diminution étonnante en l’espace d’une seule génération.
La diminution persistante du nombre de fermiers, l’expansion de la taille des exploitations, l’inégalité croissante des revenus agricoles et la concentration accrue des terres ont également d’autres effets. André Magnan, co-auteur et professeur à l’université de Regina, affirme que les économies, les communautés, les entreprises et les services ruraux sont également affectés car il y a « moins de familles de fermiers pour fréquenter les magasins et les services locaux, tandis que les fermiers perdent leur capacité d’influencer démocratiquement les gouvernements et la législation à mesure que leur nombre de voix diminue ». Parallèlement, les non-agriculteurs perdent leurs liens avec les fermes et la culture rurale, car de moins en moins de citadins comptent des fermiers parmi les membres de leur famille ou leurs amis. » Il est urgent de prendre une série de mesures politiques pour contrer les forces du marché qui, sinon, nous conduiront vers une concentration encore plus grande de la propriété des terres agricoles et « chasseront la moitié des familles agricoles canadiennes de la terre au cours de la prochaine ou des deux prochaines générations ».
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Exemple de graphique tiré du rapport, montrant le déclin de la superficie des terres exploitées par les petites fermes des Prairies (les quatre barres à gauche) et l’augmentation rapide de la superficie des terres exploitées par les grandes fermes (les huit barres à droite). Le rapport contient 20 graphiques et tableaux détaillant un large éventail de changements dans la propriété foncière et le revenu agricole pour les exploitations agricoles de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba.
Contactez les auteurs :
Annette Desmarais : 204-807-2659
André Magnan : 306-530-9565
Darrin Qualman : 306-230-9115