Renforcer la protection de la santé et de l’environnement : Révision ciblée de la loi sur les produits antiparasitaires
En décembre 2021, la lettre de mandat du ministre de la santé a demandé au ministre Duclos de veiller à ce que les Canadiens soient protégés contre les risques liés à l’utilisation des pesticides et, pour mieux protéger la santé humaine, la faune et l’environnement, de moderniser et de renforcer la loi sur les produits antiparasitaires afin qu’elle favorise la transparence, l’utilisation de preuves scientifiques indépendantes et la participation au processus de prise de décision. La Nationale des Fermiers (UNF) est heureuse d’apporter sa contribution pour aider le ministre à remplir cette mission.
L’UNF est une organisation agricole nationale non partisane, à adhésion directe et volontaire, qui regroupe des milliers de familles d’agriculteurs de tout le Canada. Fondée en 1969, l’UNF défend des politiques qui favorisent la dignité, la prospérité et l’avenir durable des fermières, des familles agricoles et de leurs communautés.
Les membres de l’UNF sont des fermiers qui, pour gagner leur vie, doivent gérer les problèmes de nuisibles sur leur exploitation. Nos membres représentent un large éventail de tailles et de types d’exploitations, de cultures, de bétail et de méthodes de production. Les positions de l’UNF en matière de politique publique reposent sur les connaissances, l’expérience, les valeurs et les aspirations de nos membres. En tant qu’organisation de fermiers, nous sommes parfaitement conscients de l’impact de l’utilisation des pesticides sur notre propre santé et celle de nos familles, de nos voisins et de nos clients, ainsi que de leur impact sur nos agro-écosystèmes immédiats et sur l’environnement au sens large. Nous avons une vision à long terme et comprenons parfaitement que nos actions d’aujourd’hui affecteront les générations futures. Nous soutenons la recherche scientifique guidée par l’intérêt public et reconnaissons que la science est un processus d’apprentissage de notre monde. Notre soutien au principe de précaution découle de cette compréhension, car nombre de nos membres ont utilisé des produits initialement considérés comme sûrs, puis interdits lorsque des recherches plus approfondies ont révélé qu’ils causaient des dommages inacceptables. Notre soutien indéfectible à la science et à l’autorité réglementaire dans l’intérêt du public repose sur l’idée que c’est par le biais d’un gouvernement démocratique que les citoyens peuvent contrer l’intérêt personnel de puissantes entreprises.
La loi sur les produits antiparasitaires
Loi sur les produits antiparasitaires
(LPA) stipule que l’objectif principal du ministre de la santé dans l’application de la loi est de « prévenir les risques inacceptables pour les individus et l’environnement liés à l’utilisation de produits antiparasitaires ». Le ministre doit également « soutenir le développement durable conçu pour permettre de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ; chercher à minimiser les risques pour la santé et l’environnement posés par les produits antiparasitaires et encourager le développement et la mise en œuvre de stratégies de lutte antiparasitaire innovantes et durables en facilitant l’accès aux produits antiparasitaires qui présentent des risques moindres et en prenant d’autres mesures appropriées » ; encourager la sensibilisation du public à l’égard des produits antiparasitaires en l’informant, en lui facilitant l’accès aux renseignements pertinents et en le faisant participer au processus décisionnel ; et veiller à ce que seuls les produits antiparasitaires dont la valeur est jugée acceptable soient approuvés en vue de leur utilisation au Canada. »
La loi souligne que la protection et la considération qu’elle accorde aux enfants s’étendent également aux générations futures. La loi exige également que le ministre applique le principe de précaution, qui est défini comme suit : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir les effets néfastes sur la santé ou la dégradation de l’environnement. »
C’est dans ce contexte que l’UNF apporte sa contribution à ce processus de consultation. Vous trouverez ci-dessous notre réponse aux questions posées dans le cadre de la
Consultation sur le renforcement de la protection de la santé et de l’environnement : Révision ciblée de la loi sur les produits antiparasitaires, Document de discussion DIS2022-01
.
Objectif 1 – Renforcer encore la santé humaine et l’environnement grâce à des processus opérationnels modernisés régissant les examens de pesticides
Quels sont, le cas échéant, les obstacles à la mise en œuvre d’un contrôle continu dans la loi sur les produits antiparasitaires ?
La loi prévoit que le pouvoir réglementaire définit les types d’informations requises pour les décisions d’enregistrement (article 67). En vertu de l’article 12, la loi autorise également le ministre à exiger des déclarants qu’ils fournissent des informations supplémentaires à des fins de contrôle, en tant que condition d’enregistrement. Le ministre peut lancer un processus de réévaluation à tout moment si les exigences en matière d’information ou les procédures utilisées pour l’évaluation des risques pour la santé ou l’environnement ont changé depuis la dernière décision (article 16). Les pouvoirs conférés par la loi semblent suffisants pour autoriser un contrôle continu, mais il est possible de le renforcer.
La LPA devrait renforcer le pouvoir de garantir la collecte de données adéquates pour soutenir la surveillance continue en modifiant l’article 12, paragraphe 1, afin d’obliger les déclarants à soumettre des données de surveillance comme condition d’homologation du produit. Les exigences spécifiques en matière d’information pourraient être définies par voie réglementaire de manière à ce que la fréquence et le format des informations de suivi puissent être actualisés en fonction des besoins afin de garantir le respect du mandat. En exigeant des données de surveillance comme condition d’homologation, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (ARLA) sera en mesure de repérer les risques émergents grâce à l’analyse continue des données.
La LCP impose au ministre de procéder à une réévaluation au moins une fois tous les 15 ans. L’ARLA s’est inquiétée de la quantité de travail nécessaire pour réaliser toutes les évaluations à 15 ans. La capacité de l’ARLA à effectuer son travail ne modifie pas le risque sanitaire et environnemental réel des produits antiparasitaires. La réévaluation des pesticides au minimum tous les 15 ans est une garantie qui permet à l’ARLA de remplir son mandat principal en vertu de la loi, à savoir prévenir les risques inacceptables pour les personnes et l’environnement liés à l’utilisation de produits antiparasitaires. La réévaluation après 15 ans devrait être maintenue comme norme minimale.
RECOMMANDATIONS
– Pour que le contrôle continu soit obligatoire, la LCP devrait être modifiée en changeant l’article 12(1) comme suit :
Le ministre exige, par un avis écrit, que tous les déclarants
(a) compiler des informations, effectuer des essais et suivre l’expérience acquise avec le produit antiparasitaire en vue d’obtenir des informations supplémentaires concernant ses effets sur la santé et la sécurité humaines ou sur l’environnement, ou concernant sa valeur ; et
(b) communiquer les informations supplémentaires au ministre dans le délai prescrit et sous la forme spécifiée dans l’avis.
– Maintenir les exigences actuelles concernant l’obligation de réévaluation tous les 15 ans dans la LPA afin de garantir que chaque pesticide homologué soit réexaminé au moins une fois tous les 15 ans.
Y a-t-il des changements que vous souhaiteriez voir apportés à la manière dont les LMR sont établies ?
Les limites maximales de résidus (LMR) sont fixées par les nations afin de définir des normes pour les aliments importés. Chaque pays prend ses propres décisions concernant les pesticides couverts par les LMR ainsi que les niveaux de ces LMR. Les fermières canadiennes qui produisent pour le marché intérieur et les entreprises qui importent des denrées alimentaires doivent respecter les LMR du Canada, tandis que les fermières canadiennes qui produisent pour l’exportation sont soumises aux limites des LMR du pays importateur. Les LMR du Canada définissent donc les résidus autorisés dans les aliments consommés par les Canadiens, qu’ils soient importés ou produits dans le pays. Les fermières doivent respecter la LMR la plus basse du Canada ou du marché d’exportation visé lorsqu’elles prennent des décisions de production concernant l’utilisation de pesticides.
La LPA habilite le ministre de la santé à fixer des limites maximales de résidus pour les pesticides autorisés et lui laisse le pouvoir discrétionnaire de décider si des LMR sont nécessaires. Elle permet également au ministre de fixer des LMR pour des pesticides non homologués ou pour des utilisations non justifiées par les étiquettes des pesticides homologués. Le pouvoir de fixer des LMR pour les pesticides non homologués et les utilisations non homologuées est nécessaire pour traiter les denrées alimentaires importées produites dans des pays ayant des réglementations et des degrés d’application différents, ainsi que les producteurs nationaux qui enfreignent nos propres règles d’utilisation des pesticides.
Lors de la fixation des LMR, le ministre ne peut prendre en considération que les risques pour la santé liés aux résidus du pesticide, et tout risque pour la santé découlant de la LMR doit être considéré comme acceptable. Lors de la fixation d’une LMR, le ministre doit tenir compte des risques liés à l’exposition globale et cumulative à la substance active et à d’autres pesticides présentant le même mécanisme de toxicité, des risques pour les populations sensibles et doit intégrer un facteur de sécurité de 10 pour protéger les enfants soumis à une exposition prénatale et infantile – à moins qu’il n’existe une base scientifique justifiant un seuil différent.
La LPA confère au législateur le pouvoir de fixer des LMR et exige que celles-ci soient liées aux effets sur la santé, avec une attention particulière pour les populations sensibles. La loi limite les considérations relatives à l’impact sur la santé à l’exposition globale et cumulative au pesticide spécifique et à ceux qui ont un mode de toxicité similaire. Les effets synergiques de l’exposition au pesticide en question et à d’autres communément présents dans l’approvisionnement alimentaire ne sont pas soutenus par cette législation. Nous reconnaissons qu’il est difficile de quantifier l’exposition synergique potentielle, mais il est bien établi que les Canadiens sont régulièrement exposés à de multiples voies d’accès et à de multiples pesticides, et que ceux-ci ont des effets biologiques, en particulier sur les enfants. Un niveau de fond de ce « cocktail de résidus de pesticides » devrait être évalué, régulièrement mis à jour et intégré dans les considérations relatives aux LMR, et soutenu par la poursuite d’une approche prudente des seuils.
Au cours des années qui ont suivi l’adoption de la LCP, de nouvelles connaissances scientifiques sur l’épigénétique sont apparues. Des recherches récentes révèlent que certains pesticides provoquent des changements épigénétiques chez l’homme, les animaux et les micro-organismes, qui se transmettent aux générations suivantes par voie héréditaire. Les modifications épigénétiques affectent la manière dont l’ADN d’un organisme est exprimé sans modifier l’ADN lui-même. L’héritage épigénétique permet une adaptation plus rapide aux contraintes environnementales que l’évolution résultant de mutations aléatoires de l’ADN. Dans le cas d’une exposition à des herbicides, comme le glyphosate par exemple, les effets épigénétiques peuvent entraîner une incidence significativement plus élevée de certaines maladies chez les descendants de troisième génération des sujets animaux exposés. Les scientifiques qui étudient la question affirment que « ces pathologies transgénérationnelles observées sont pertinentes pour les populations humaines qui ont observé des augmentations générationnelles de ces maladies, y compris les maladies ovariennes, les maladies rénales, les maladies de la prostate, les maladies des testicules, l’altération du début de la puberté, l’obésité, les anomalies de la parturition et la présence de maladies multiples ».
Le mandat de la LPA, qui consiste à appliquer le principe de précaution et à inclure les générations futures dans l’examen des effets des pesticides sur les enfants, ainsi qu’à encourager les solutions de remplacement moins toxiques, exige des mesures efficaces pour minimiser l’exposition aux résidus de pesticides dans les denrées alimentaires. Les effets épigénétiques et les effets synergiques sont des effets sur la santé qui doivent être pris en considération lors de la fixation des LMR.
Si la législation traite de la fixation des LMR, elle n’exige pas de l’ARLA qu’elle en contrôle le respect. L’ACIA est chargée de contrôler le respect des LMR dans les aliments importés, mais elle ne dispose pas d’un programme de contrôle cohérent et les données ne sont pas publiées. Le manque de données cohérentes et pertinentes et l’absence de transparence ne permettent pas de savoir si les LMR sont respectées.
Pour atteindre les objectifs de transparence, la LPA doit être modifiée afin de donner à l’ARLA le pouvoir de collecter des données sur le respect des LMR et d’exiger la publication de ces données dans les délais impartis, de sorte que les Canadiens puissent avoir la certitude que les transformateurs et les importateurs de denrées alimentaires respectent les exigences du Canada.
RECOMMANDATIONS :
– La LPA doit être modifiée pour obliger l’ARLA à publier des rapports annuels complets sur le respect des LMR pour les produits alimentaires nationaux et importés dans les trois mois suivant la fin de l’année, afin de garantir aux Canadiens un accès rapide et transparent aux informations relatives à leur approvisionnement en produits alimentaires.
– Modifier l’article 11, paragraphe 2, point a), afin d’y inclure la prise en compte de l’effet synergique des expositions multiples aux pesticides et des effets épigénétiques de l’exposition aux pesticides sur la santé humaine.
– Pour mieux protéger les générations futures, l’article 11, paragraphe 2, point b), devrait être modifié pour interdire l’abaissement du seuil en dessous d’une marge de sécurité de 10 fois.
Objectif 2 – Améliorer la transparence
L’introduction de résumés en langage clair de nos décisions en matière de pesticides, ainsi que d’informations en langage clair sur la manière dont nous menons nos travaux scientifiques, améliorerait-elle la transparence ?
Le mandat de la LPA consiste notamment à « encourager la sensibilisation du public aux produits antiparasitaires en l’informant, en lui facilitant l’accès aux informations pertinentes et en le faisant participer au processus décisionnel ». Par conséquent, la loi exige déjà une communication efficace avec le public d’une manière qui permette aux Canadiens d’être impliqués de manière significative dans la prise de décision.
L’introduction de résumés en langage clair peut être utile pour améliorer la transparence, mais cela ne doit pas se substituer à la fourniture rapide et transparente d’informations techniques détaillées au cours du processus d’examen et lors de l’annonce des décisions. Le langage clair ne doit pas être utilisé pour minimiser la complexité des facteurs impliqués dans la décision en simplifiant à l’excès les concepts et en éliminant les nuances. Si les résumés sont incomplets, partiaux ou trop généraux, ils réduisent la transparence et n’élargissent pas l’accès.
RECOMMANDATIONS :
– Des résumés en langage clair des décisions relatives aux pesticides sont fournis en plus des informations techniques détaillées utilisées pour décrire et étayer les décisions.
– La communication en langage clair doit toujours être précise, refléter la complexité, les nuances et les détails en utilisant un langage accessible sans simplifier à l’excès les informations fournies.
Quels sont les obstacles à l’amélioration de l’accès à l’information dans la loi sur les produits antiparasitaires, compte tenu de nos obligations en matière de protection des informations confidentielles et de nos engagements internationaux ?
La LCP exige que le registre public inclue tout avis des conseils consultatifs établis en vertu de la loi, sauf si la divulgation de l’avis peut être refusée parce qu’il divulgue des informations qui sont soumises au secret professionnel ou à un secret similaire entre les entreprises et leurs agents de brevets ou de marques.
La loi sur l’accès à l’information
loi sur l’accès à l’information
exige explicitement la divulgation d’informations sur les résultats d’essais de produits ou d’essais environnementaux effectués par ou pour le compte d’une institution gouvernementale, ainsi qu’une explication écrite des méthodes utilisées pour effectuer les essais, avec le consentement du tiers auquel se rapportent les informations. Les informations peuvent être divulguées sans le consentement du tiers si l’intérêt public en matière de santé publique, de sécurité publique ou de protection de l’environnement l’emporte clairement sur toute perte ou tout gain financier pour un tiers, tout préjudice pour la sécurité de ses structures, réseaux ou systèmes, tout préjudice pour sa position concurrentielle ou toute interférence avec ses négociations contractuelles ou autres.
Les limites de la loi sur l‘accès à l’information en ce qui concerne l’amélioration de l’accès du public à l’information découlent d’une déférence excessive à l’égard du consentement des tiers et de l’exigence selon laquelle l’intérêt public en faveur de la divulgation doit « l’emporter clairement » sur les préjudices économiques potentiels causés aux intérêts privés des tiers. La loi sur l’accès à l’information devrait être modifiée afin que la divulgation dans l’intérêt public soit la plus haute priorité ; la prévention des préjudices financiers privés ne devrait pas avoir la priorité sur la santé des Canadiens et sur notre environnement.
La quantité, le type et la qualité des informations publiées dans le registre public de l’ARLA dépendent de la nature des avis fournis par les conseils consultatifs nommés en vertu de la loi, qui sont eux-mêmes influencés par les membres de ces conseils. La loi devrait garantir que les membres des organes consultatifs n’ont aucun lien financier ou professionnel avec une entreprise impliquée dans l’industrie des pesticides ou avec un groupe de pression agissant en leur nom. Afin de rétablir la confiance du public dans les organismes de réglementation et le gouvernement en général, il est essentiel que les conseils consultatifs se concentrent entièrement sur la protection et la promotion de l’intérêt public.
RECOMMANDATIONS :
– La loi sur l’accès à l’information devrait être modifiée afin de donner la priorité à la divulgation des données relatives à l’environnement et à la santé publique plutôt qu’à la protection des intérêts financiers de tiers.
– L’APMR doit s’assurer que les membres de son conseil consultatif n’ont pas de liens financiers ou professionnels avec l’industrie des pesticides.
Comment l’ARLA peut-elle améliorer son approche de la consultation du public sur les décisions réglementaires ?
L’ARLA doit veiller à ce que le public joue un rôle significatif dans les consultations qui précèdent les décisions réglementaires. Les intérêts du public, y compris des générations futures, doivent être la priorité absolue.
L’ARLA doit reconnaître que les fabricants de pesticides ont un intérêt financier à minimiser la perception des risques liés à leurs produits et à réduire au minimum les coûts de mise en conformité avec la réglementation. L’ARLA doit veiller à ce que les intérêts économiques de ces entreprises n’influencent pas sa prise de décision. Les entreprises de pesticides ou leurs groupes de pression, tels que CropLife, ne devraient pas bénéficier d’un accès privilégié au régulateur, au ministre ou à leurs conseillers politiques.
Le gouvernement doit veiller à ce que l’ARLA dispose d’une capacité interne suffisante pour évaluer de manière indépendante les risques et l’efficacité des pesticides qu’elle réglemente. Elle doit également avoir accès à des experts scientifiques qui n’ont pas de liens avec les entreprises de pesticides.
Objectif 3 – Utilisation accrue de données réelles et d’avis indépendants dans le processus de réglementation des pesticides
Y a-t-il des questions que l’ARLA devrait prendre en considération en ce qui concerne l’accès, le partage et la publication de données complètes sur la surveillance de l’eau et l’utilisation des pesticides ?
Étant donné que le mandat de l’ARLA consiste notamment à veiller à ce que les besoins actuels puissent être satisfaits sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins, et à minimiser les risques sanitaires et environnementaux posés par les produits antiparasitaires, l’ARLA doit être vigilante quant à l’influence des intérêts des fabricants de pesticides dans la minimisation de la surveillance réglementaire et dans la maximisation des ventes de leurs produits. Le PRMA ne doit pas s’appuyer sur les données de surveillance fournies par les entreprises, leurs organisations de défense ou les scientifiques ayant des liens financiers ou professionnels avec l’industrie. Le budget de l’ARLA doit lui permettre de disposer d’une capacité et d’un accès à une surveillance scientifique indépendante de l’industrie.
Lors des réunions de consultation de la PRMA, il a été suggéré que l’utilisation de données du monde réel pourrait servir à étayer des marges de sécurité moins conservatrices. Étant donné que l’exactitude des données réelles peut être difficile à vérifier, elle ne doit pas être utilisée pour affaiblir les protections de l’environnement et de la santé. Les études en laboratoire qui mesurent les effets de niveaux d’exposition élevés, par exemple, fournissent des informations précieuses sur les risques qui peuvent être cachés dans de vastes ensembles de données collectées dans des conditions difficiles à contrôler ou à caractériser complètement.
Les risques pour la santé et l’environnement liés aux formulations de pesticides doivent être étudiés à la fois dans le monde réel et en laboratoire. Les pesticides ne sont jamais livrés sous forme d’ingrédients actifs purs. Les informations de l’ARLA sont très lacunaires en raison de l’accent mis sur les seules substances actives. Des données réelles et de laboratoire sur les adjuvants, les agents tensioactifs et les agents porteurs des produits antiparasitaires sont nécessaires pour évaluer les risques des produits tels qu’ils sont utilisés dans le monde réel. Ces ingrédients chimiques non actifs pénètrent dans notre environnement à la suite de leur utilisation dans les produits antiparasitaires et ne doivent pas être ignorés.
Les données relatives à la surveillance de l’eau et à l’utilisation des pesticides doivent être communiquées au public chaque année, accompagnées d’une description de la méthodologie utilisée pour collecter les données. Les méthodes de collecte de données doivent être conçues pour révéler les impacts sur les écosystèmes de faibles concentrations de pesticides, de leurs produits de formulation et de leurs métabolites, afin de garantir que l’ARLA dispose des informations nécessaires pour protéger la biodiversité et les fonctions des écosystèmes ainsi que la santé humaine. Les données brutes doivent être mises à disposition pour permettre un examen extérieur. L’ARLA doit éviter d’utiliser des données trop agrégées dans ses rapports au public, car des catégories trop larges empêchent de voir les modèles, les tendances, les points chauds, etc. qui sont nécessaires pour comprendre l’importance des données de surveillance et leur relation avec les décisions politiques et réglementaires.
RECOMMANDATIONS :
– Les données relatives à la surveillance et à l’utilisation devraient inclure les effets des composants non actifs des pesticides.
– Les données réelles ne doivent pas être utilisées pour justifier des seuils plus bas.
– L’ARLA devrait s’appuyer sur les données de surveillance et d’utilisation des pesticides fournies par des scientifiques qui n’ont pas de liens financiers ou professionnels avec les fabricants de pesticides ou leurs organisations de défense.
– Les données de surveillance devraient être publiées chaque année.
– Le budget de l’ARLA devrait être augmenté pour lui permettre de conserver un nombre suffisant de scientifiques afin de produire des données de surveillance indépendantes de l’industrie.
– L’ARLA doit veiller à ce que la méthodologie de surveillance soit suffisamment sensible et fine pour soutenir le mandat de l’ARLA, qui est de protéger l’environnement et la santé humaine, y compris les générations futures.
Avez-vous un avis sur la proposition de Santé Canada d’élargir les pouvoirs d’autorisation, d’établir un pouvoir de rappel pour les produits autorisés ou enregistrés et de mettre en place une surveillance appropriée après la mise sur le marché ?
Ces propositions figuraient dans la partie 6 du projet de loi S-6 en première lecture, mais elles ont été supprimées avant l’adoption du projet de loi par le Sénat afin qu’elles puissent être prises en compte dans le cadre de cette consultation. Voir la partie 6 du projet de loi S-6 (première lecture) du 31 mars 2022 pour le texte des amendements proposés à la LCP.
Nous pensons que l' »autorisation » se ferait selon un processus similaire à celui de l’homologation des pesticides, mais que l’ARLA jouerait le rôle du titulaire de l’homologation. Pour renforcer l’approche proposée en matière d’autorisation, le processus devrait inclure les mêmes mécanismes de consultation publique et d’examen spécial que ceux déjà mis en place pour les produits homologués.
Nous soutenons les mesures proposées en matière de surveillance post-commercialisation et de rappel. Elles comblent une lacune dans l’autorité de l’ARLA dans l’exercice de son mandat.
RECOMMANDATIONS :
– Les modifications proposées dans la partie 6 du projet de loi S-6 devraient être apportées à la Loi sur les produits antiparasitaires.
– La procédure d’autorisation des produits doit inclure les mécanismes de consultation publique et d’examen spécial établis pour les produits homologués.
Tout ceci est respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
30 juin 2022