La Nationale des Fermiers (UNF) est heureuse de contribuer à l’examen par le gouvernement fédéral de la Loi sur les grains du Canada et de la Commission canadienne des grains.
La Commission canadienne des grains (CCG), la Loi sur les grains du Canada (LGC) et ses règlements sont essentiels à l’économie agricole du Canada. On ne saurait trop insister sur la valeur que la CCG apporte aux Canadiens en général et aux fermiers en particulier. La CCG a été créée en 1912 pour assurer l’équité, la transparence, la confiance et l’ordre dans le secteur céréalier canadien. Le mandat de la CCG est le suivant : « Dans l’intérêt des producteurs de céréales, la Commission établit et maintient des normes de qualité pour les céréales canadiennes et réglemente la manutention des céréales au Canada, afin de garantir un produit fiable pour les marchés intérieurs et d’exportation ».
L’utilisation efficace par la CCG de son pouvoir de réglementation et de son mandat est la base solide sur laquelle la réputation enviable et l’excellente position commerciale du secteur céréalier canadien ont été bâties. Le mandat de la CCG ne doit pas être modifié.
Les nombreux fermiers individuels du Canada ont des intérêts communs et doivent traiter avec des acheteurs de céréales qui sont moins nombreux, plus riches et beaucoup plus puissants. Le mandat de la CCG reconnaît que les intérêts des fermiers et des sociétés céréalières sont généralement opposés, et qu’il est nécessaire d’équilibrer le rapport de force déséquilibré par une autorité réglementaire efficace qui préserve les intérêts des producteurs de céréales.
En cultivant, les fermières fournissent la richesse qui soutient le commerce des céréales complètes et ses dizaines de milliards de dollars d’effets multiplicateurs annuels dans l’économie canadienne. Le rôle propre de la CCG est de veiller à ce que les fermières soient traitées équitablement, non seulement lorsqu’elles effectuent des transactions individuelles avec les sociétés céréalières, mais aussi en empêchant la corruption du système céréalier dans son ensemble. L’autorité de la CCG en matière d’établissement et de maintien de la qualité garantit que les céréales produites par les fermières ont une valeur élevée et conservent leur intégrité, et donc leur valeur, jusqu’à leur achat par un utilisateur final.
Envisager l’avenir
Le processus d’examen actuel invite les parties prenantes à envisager l’avenir et à réfléchir au rôle du CGA et de la CCG dans la réalisation de cet objectif. La CGA et la CCG peuvent influencer certains aspects de l’avenir, mais d’autres échapperont à leur contrôle.
Nous pensons que les puissantes sociétés céréalières existantes continueront à exercer leurs activités au Canada et à l’étranger. Au niveau mondial, les quatre plus grandes sociétés céréalières, Archer Daniels Midland (États-Unis), Bunge (États-Unis), Cargill (États-Unis) et Louis Dreyfus Commodities (Pays-Bas), contrôlent 90 % du commerce mondial des céréales. Au Canada, Cargill, Viterra, Richardson et G3 possèdent les deux tiers de la capacité des silos terminaux. D’autres fusions et acquisitions aboutiront probablement à un nombre encore plus réduit de sociétés, chacune détenant une part plus importante du commerce mondial des céréales. Ces entreprises sont des géants, non seulement sur les marchés céréaliers, mais aussi dans les domaines du transport, de la transformation et des intrants.
Nous pouvons également nous attendre à ce que la numérisation de l’agriculture se poursuive. À mesure que le rendement net par acre diminue, les fermiers doivent cultiver davantage de terres pour obtenir le même revenu. Cela se traduit par des équipements plus importants et une plus grande automatisation. Les systèmes de collecte de données des machines d’agriculture de précision sont connectés à l’internet, et si les agriculteurs individuels peuvent trouver utiles les données collectées sur leurs propres exploitations, les données agrégées provenant de milliers d’exploitations et de millions d’hectares sont acquises par les sociétés céréalières, les vendeurs d’intrants, les gestionnaires de fonds spéculatifs, etc.
Sur le marché des produits de base, les fermiers céréaliers continueront à être des preneurs de prix. En tant qu’individus, les fermiers n’ont aucun pouvoir de négociation avec les multinationales et aucune capacité à contester les pratiques déloyales devant les tribunaux. La CCG doit continuer à jouer son rôle de régulateur et d’arbitre efficace dans l’intérêt des producteurs de céréales. Sans cela, les sociétés céréalières extrairaient toujours plus de valeur de l’agriculture, la rentabilité des exploitations agricoles chuterait, le nombre de fermières diminuerait et, finalement, les agriculteurs indépendants seraient entièrement remplacés par des entrepreneurs précaires, des locataires et des travailleurs agricoles itinérants.
Les accords commerciaux devraient se poursuivre à l’avenir. Les infrastructures agricoles essentielles ont été sacrifiées lors des dernières négociations. Notre système de gestion de l’offre a été gravement endommagé par l’AECG et le CPTPP, et le CUMSA s’est attaqué à notre système céréalier. La CCG doit être vigilante pour empêcher les négociateurs commerciaux de trahir les fermiers canadiens et de saper nos normes de qualité des grains dans les futurs accords.
Nous savons que les effets du changement climatique s’aggraveront au cours des prochaines décennies, même si les pays respectent leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le CO2 atmosphérique total s’élève déjà à 414 ppm, bien au-delà du niveau de sécurité de 350 ppm. Les modèles climatiques montrent que les provinces des Prairies – notre principale zone de production céréalière – se réchaufferont encore plus rapidement que les autres régions. Il existe un long délai entre la réduction des émissions et la réduction de la quantité totale de CO2 dans l’atmosphère. Nous savons que les conditions de croissance au Canada deviendront moins prévisibles et moins favorables, ce qui aura des répercussions sur le rendement et la qualité. La CCG devra veiller à ce que les fermières puissent démontrer objectivement tout avantage qualitatif afin d’obtenir les meilleurs prix possibles dans des conditions de croissance de plus en plus erratiques.
Les accords internationaux favoriseront de plus en plus les juridictions dont les émissions de GES provenant de l’agriculture sont plus faibles, en particulier les émissions d’oxyde nitreux provenant de l’épandage d’engrais dans le sol. La capacité de la CCG à établir et à maintenir des normes de qualité élevées pour les céréales canadiennes sera déterminante pour la capacité des fermiers canadiens à réduire les émissions liées à la production agricole. Des normes de qualité élevées et les prix plus élevés qui vont de pair permettront aux fermières canadiennes d’utiliser de manière rentable des pratiques de production moins polluantes. Cela permettra au Canada de conserver sa part du marché international dans le cadre de mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus strictes. En revanche, en l’absence de normes de qualité permettant de différencier les céréales canadiennes, nos fermières entreront dans un cercle vicieux, utilisant encore plus d’engrais émetteurs de GES pour augmenter les rendements et compenser des prix toujours plus bas et des conditions climatiques qui s’aggravent. En outre, une stratégie axée sur les gros volumes augmenterait les émissions totales dues au transport des céréales, et des prix plus bas signifieraient qu’une plus grande proportion de la valeur des céréales serait consacrée aux frais de transport.
Grâce à la CCG, la qualité différencie les grains canadiens sur le marché mondial. Cette situation doit perdurer pour que le Canada conserve un secteur céréalier viable. D’autres pays qui vendent sur les marchés d’exportation ont des coûts de transport moins élevés parce que leurs zones de culture céréalière sont plus proches des marchés et des ports. Les fermières canadiennes ont besoin d’un prix plus élevé pour compenser le coût du transport, ce qui n’est possible que si nos céréales sont constamment de haute qualité. Le maintien d’une part de marché constante fondée sur la qualité apporte une stabilité à long terme et une valeur économique à l’ensemble du Canada, en injectant des milliards de dollars dans l’économie chaque année.
L’UNF défend la souveraineté alimentaire – un système alimentaire gouverné démocratiquement qui fonctionne pour les gens — et l’agroécologie – une production agricole qui fonctionne avec la nature. La CCG est une institution importante qui peut et doit fonctionner pour soutenir ces deux objectifs en réglementant de manière proactive dans l’intérêt des producteurs de céréales et en veillant à ce qu’elle soit équipée pour résister aux menaces extérieures qui pèsent sur l’intégrité de notre système céréalier. L’UNF rejette toute idée selon laquelle la CCG devrait être considérée comme un simple prestataire de services d’inspection pour les sociétés céréalières. Le rôle de la CCG dans le maintien des normes de qualité est une fonction réglementaire qui crée une valeur réelle pour l’ensemble de l’économie canadienne.
Gouvernance
L’UNF soutient la structure actuelle de la CCG avec trois commissaires nommés pour un mandat de sept ans. La loi interdit à toute personne ayant un intérêt dans le commerce ou le transport des céréales, autre que les fermières, d’être nommée commissaire. Tout différend à la tête de l’organisation peut être réglé par une décision à la majorité. Le mandat des commissaires est plus long que les cycles électoraux fédéraux afin d’éviter toute ingérence politique par la menace de révocation en cas de changement de gouvernement. Avant 2010, la gouvernance de la CCG comprenait également six commissaires adjoints qui étaient nommés et rémunérés séparément de la Commission, et qui avaient donc l’indépendance nécessaire pour soulever des questions si les commissaires agissaient en dehors du mandat de la CCG ou d’une autre manière préjudiciable. Ensemble, ces éléments ont permis d’éviter que la CCG ne prenne des directions qui nuisent aux fermières ou pour lesquelles elle n’était pas prévue.
L’UNF recommande de maintenir la structure de gouvernance de la CCG, dirigée par trois commissaires, et de rétablir le rôle de commissaire adjoint.
Abroger les amendements de 2020
Permettre l’exportation de céréales produites aux États-Unis comme si elles étaient produites au Canada.
Le projet de loi C-4, Loi de mise en œuvre de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique, a modifié certaines lois existantes afin de les rendre conformes aux obligations du Canada en vertu de l’Accord ACEUM. Elle a été adoptée sans débat suffisant le jour où le Parlement a été suspendu au début de la pandémie de COVID 19. Les amendements à la loi sur les grains du Canada (articles 59 à 69 du projet de loi C-4) ont apporté des modifications substantielles au système céréalier canadien qui n’ont pas été négociées dans le cadre de l’accord commercial et qui n’ont pas été débattues lors des auditions du comité. Il s’agit notamment d’étendre l’accès américain à notre système d’exportation de céréales à toutes les céréales réglementées par la CCG, en plus du blé, ainsi que de modifier les opérations et l’autorité de la CCG qui ne sont pas dans l’intérêt des producteurs de céréales et qui sapent le contrôle qu’elle exerce sur les normes de qualité des céréales canadiennes.
La CGA définit le terme « grain » comme « toute semence désignée par voie réglementaire comme grain aux fins de la présente loi » (article 2). L’article 5 (1) du règlement de la CGA stipule ce qui suit : « Les graines suivantes sont désignées comme grain aux fins de la Loi : orge, haricots, sarrasin, canola, pois chiches, maïs, féveroles, graines de lin, lentilles, grains mélangés, graines de moutarde, avoine, pois, colza, seigle, graines de carthame, graines de soja, graines de tournesol, triticale et blé. »
Avant l’adoption du projet de loi C-4, la CGA définissait le « grain étranger » comme « tout grain cultivé à l’étranger, y compris les criblures d’un tel grain et tout produit céréalier fabriqué ou transformé à partir d’un tel grain » (article 2). Les certificats d’inspection des céréales cultivées à l’étranger doivent mentionner le pays d’origine des céréales ou les identifier comme des céréales étrangères (article 32, paragraphe 1, point b)). Si des céréales provenant d’un autre pays étaient livrées à un silo à grains en tant que produit destiné à être exporté par l’intermédiaire de l’infrastructure de manutention des céréales agréée du Canada, elles devaient être séparées, identifiées comme « céréales étrangères » et n’étaient éligibles qu’au grade le plus bas possible.
L’article 3.A.4 (céréales) de l’ACEUM impose au Canada de traiter le blé cultivé aux États-Unis de la même manière que le blé cultivé au Canada en ce qui concerne le classement. Elle exige également que le blé cultivé aux États-Unis ne soit plus identifié quant à son pays d’origine lorsqu’il est livré dans le système céréalier canadien. Cet article de l’ACEUM a pour effet d’engager le Canada à donner accès au système canadien de manutention des céréales au blé cultivé aux États-Unis, ce qui permet de le traiter comme s’il était cultivé au Canada et de l’exporter dans des cargaisons identifiées comme canadiennes. Pourtant, l’article 62, paragraphe 3, du projet de loi C-4 a modifié la loi sur les céréales de manière à ce que toutes les céréales originaires des États-Unis puissent bénéficier du grade le plus élevé possible et ne soient ni séparées ni identifiées par pays d’origine. Le projet de loi C-4 a donc outrepassé l’ACEUM, en donnant à toutes les céréales produites aux États-Unis l’accès aux grades canadiens – et donc à l’ensemble du système de manutention des céréales du Canada.
À la suite des modifications apportées par le projet de loi C-4, les céréales d’origine américaine peuvent désormais être mélangées aux céréales produites au Canada dans les cargaisons destinées à l’exportation. Les entreprises céréalières sont désormais en mesure d’utiliser des céréales d’origine américaine pour faire baisser les prix pour les fermières canadiennes en s’approvisionnant en blé, maïs, soja, orge, etc. américains à des prix inférieurs grâce aux subventions de la loi agricole américaine et à d’autres mesures de soutien des prix dont ne bénéficient pas les fermières canadiennes. L’acquisition prévue de Kansas City Southern Rail par le CN ou CP Rail facilitera le transport des céréales du Midwest américain vers les terminaux canadiens. Ils peuvent ensuite exporter les céréales comme si elles provenaient du Canada et bénéficier des primes de qualité générées par l’ensemble de notre système et sa réputation historique. Les problèmes d’accès au marché et/ou de baisse des prix causés par le mélange de céréales cultivées aux États-Unis dans les expéditions canadiennes, tels que les impuretés contenant des graines de mauvaises herbes nuisibles résistantes aux herbicides ou des résidus de produits chimiques non homologués que l’on ne trouve pas au Canada, deviendront plus probables et seront plus difficiles, plus coûteux, voire impossibles à résoudre. Les nombreuses années de travail des délégations commerciales et des institutions canadiennes pour développer et promouvoir les céréales canadiennes, leur qualité, leur fiabilité et l’image de marque positive des céréales canadiennes qui leur a permis d’obtenir des prix élevés, sont menacées par les changements introduits par le projet de loi C-4.
Lorsque les négociateurs de l’ACEUM ont autorisé l’accès des céréales américaines à notre système, ils ont créé un problème de resquillage. Les producteurs américains et les sociétés céréalières qui tirent profit de l’utilisation de notre système n’ont pas contribué à sa mise en place et à son entretien. L’ACEUM met les fermiers canadiens, la CCG et l’investissement public historique et continu dans le système de qualité des grains du Canada au service des resquilleurs américains qui n’ont rien payé et qui ne peuvent pas être taxés ou autrement facturés pour soutenir son maintien, ni être disciplinés efficacement pour la fraude ou d’autres préjudices potentiels résultant de la livraison de grains de qualité inférieure dans nos silos. Pour ne rien arranger, ces mêmes resquilleurs sont également engagés dans le commerce des céréales par l’intermédiaire des États-Unis, qui se disputent les mêmes marchés que le Canada. Dans l’intérêt des producteurs de grains canadiens et pour soutenir le maintien des normes de qualité, la CCG doit s’opposer fermement aux intrusions dans le système céréalier canadien liées aux accords commerciaux.
Il n’était pas nécessaire de multiplier les risques, les pertes et les coûts pour les fermiers canadiens, notre réputation internationale et nos marchés en étendant inutilement et volontairement le plein accès à notre système de manutention des grains à toutes les céréales réglementées par la GCG. L’ACEUM aurait pu être respectée en modifiant la définition de « grain étranger » et l’obligation d’indiquer le lieu où le grain non étranger est cultivé sur les certificats d’inspection délivrés lors de la réception du grain par un silo agréé.
Nous recommandons donc de remplacer l’article 32(1)(a) de la Loi avant le sous-alinéa (i) par ce qui suit : (a) s’il ne s’agit pas de grain étranger ; d’abroger les modifications C-4 à l’article sur l’interprétation de la Loi sur les grains du Canada et de modifier la Loi comme suit :
grain étranger: tout grain cultivé en dehors du Canada , à l’exception du blé cultivé aux États-Unis, y compris les criblures d’un tel grain et tout produit céréalier fabriqué ou transformé à partir d’un tel grain ; (foreigngrain) ;
grain de l‘Est : le grain, autre que le grain étranger, livré dans la division de l’Est ;
grain de l’Ouest: le grain, autre que le grain étranger, livré dans la division Ouest.(western grain) : les grains autres que les grains étrangers livrés dans la division Ouest.
Grades canadiens pour les céréales importées d’origine non américaine
Avant le projet de loi C-4, les céréales étrangères n’étaient éligibles à aucun grade. Aujourd’hui, grâce aux modifications apportées par le projet de loi C-4 aux articles 32 et 116, la CGA permet à la CCG d’adopter des règlements qui permettraient aux inspecteurs d’attribuer des grades canadiens et des impuretés aux grains importés d’autres pays, en plus des États-Unis. À partir du 1er juillet 2020, le CGA prévoit ce qui suit (c’est nous qui soulignons) :
32 (1) Sous réserve des dispositions de la présente loi, l’inspecteur, après avoir procédé à une inspection officielle des grains conformément à la présente loi, délivre un certificat d’inspection dans la forme prescrite,
(b) si le grain a été cultivé en dehors du Canada ou des États-Unis, l’indication du pays d’origine du grain ou l’indication qu’il s’agit d’un grain importé et, dans les circonstances prescrites, l’indication du pays d’origine du grain ou l’indication qu’il s’agit d’un grain importé,
(i) l’attribution à la céréale d’un grade établi par la présente loi ou en vertu de celle-ci ou, si la céréale peut se voir attribuer plus d’un grade, l’attribution à la céréale du grade constituant le niveau d’excellence le plus élevé auquel la céréale peut prétendre, et
(ii) mentionnant les impuretés à séparer des grains afin qu’elles puissent être éligibles au grade ainsi attribué.
116 (1) La Commission peut, avec l’approbation du gouverneur en conseil, prendre des règlements
(c.1) prescrivant les circonstances dans lesquelles un inspecteur, en vertu du paragraphe 32(1)(b), doit attribuer un grade aux grains importés et indiquer les impuretés qui doivent être séparées de ces grains;
Ces clauses suggèrent que le projet de loi C-4 anticipe les futures négociations d’accords commerciaux qui prévoient d’autoriser les céréales de pays supplémentaires à entrer dans notre système de manutention agréé, où elles peuvent être « lavées » et exportées comme si elles avaient été cultivées au Canada par des fermières canadiennes. C’est inacceptable et clairement en contradiction avec le mandat de la CCG.
Les articles 32 (1) (b) et 116 (1) c.1 doivent être abrogés.
Permettre l’incorporation par référence de documents de tiers
L’article 69 du projet de loi C-4 permet à la CCG de créer des règlements qui incorporent par référence des documents créés par d’autres. L’article 118.1 (1) à (4) a été ajouté, permettant à la CCG de donner force de loi à « tout document, quelle que soit sa source, soit tel qu’il existe à une date donnée, soit tel qu’il est modifié de temps à autre ». Cette modification n’était pas requise par l’ACEUM. Il permet à des tiers non élus de créer des règles qui ont force de loi, simplement en modifiant un document qui a déjà été incorporé par référence. Cela rompt la chaîne de responsabilité entre le règlement et le processus démocratique.
Les partisans de l’incorporation par référence affirment qu’elle est efficace, puisque les modifications proposées aux règlements ne feraient pas l’objet d’une analyse réglementaire ni d’un examen public. Nous pensons que le temps consacré aux processus démocratiques est bien utilisé et qu’il révèle souvent des aspects importants de la réglementation qui n’auraient pas été pris en compte par l’autorité de régulation. La CCG a fait l’objet d’un lobbying intense de la part des multinationales céréalières et des semenciers qui cherchent à opérer sans contrainte au Canada. L’incorporation par référence risque de déléguer l’autorité réglementaire publique à ces sociétés et de leur donner la possibilité de violer le mandat de la CCG en modifiant les documents d’une manière qui n’est pas dans l’intérêt des producteurs de céréales.
Les documents incorporés par référence doivent être « accessibles », mais il n’est pas nécessaire de les publier dans la Gazette du Canada, où sont publiées toutes les autres réglementations de la CCG. La loi ne donne aucune définition du terme « accessible » et la CCG ne peut donc pas s’assurer que les personnes soumises à cette réglementation sont en mesure de savoir précisément ce qui est incorporé par référence. Les documents qui ne sont pas « accessibles » ne peuvent pas être appliqués. Cela ouvre la porte aux tiers qui choisissent de rendre les documents inaccessibles s’ils préfèrent que le règlement ne soit pas appliqué. Il n’est pas dans l’intérêt des fermières, ni dans celui du maintien de normes de qualité pour les céréales du Canada, que des mesures réglementaires arbitraires, non responsables et non transparentes soient mises en place par la CGA.
L’article 118.1 Incorporation par référence doit être abrogé.
La CUMSA met en péril le contrôle de la qualité de la CCG
Les négociateurs de l’ACEUM ont concédé une intrusion inacceptable dans les affaires du Canada en acceptant l’article 3.A.4 (3), qui exige que le Canada discute avec les intérêts américains de son système national de classement et de classe des céréales et de son système de réglementation des semences.
Article 3.A.4 de l’ACEUM : Grains 3. la demande de l’autre partie, les parties discutent des questions liées au fonctionnement d’un système national de classement des grains ou de classes de grains, y compris les questions liées au système de réglementation des semences associé au fonctionnement d’un tel système, par le biais des mécanismes existants. Les parties s’efforcent de partager les meilleures pratiques concernant ces questions, le cas échéant.
Le rapport 2021 du représentant américain au commerce (National Trade Estimate – NTE) présente les questions commerciales qu’il considère comme prioritaires. Il indique son intention de donner suite à cet article de l’ACEUM, en précisant : « Toutefois, certains s’inquiètent de la lenteur et de la lourdeur du système d’enregistrement des variétés, qui désavantagent les exportations de semences et de céréales américaines vers le Canada. En vertu de la Loi sur les grains du Canada, seules les céréales produites à partir de semences de variétés enregistrées en vertu de la Loi sur les semences peuvent recevoir un grade supérieur au grade le plus bas autorisé dans chaque classe. L’ACEUM comprend un engagement à discuter des questions liées aux systèmes de réglementation des semences. Les États-Unis continueront à discuter avec le Canada des mesures à prendre pour moderniser et rationaliser le système canadien d’enregistrement des variétés.
La CCG a le pouvoir de définir les classes de grain et les variétés qui sont incluses dans les classes de grain. Lorsque l’enregistrement de nouvelles variétés est envisagé dans le cadre de la loi sur les semences, la CCG est habilitée à déterminer la classe à laquelle la variété est éligible. Il existe des classes de blé, d’orge et de lin et des listes de variétés pour chacune d’entre elles. La CGA exige également que les variétés non enregistrées au Canada se voient attribuer le grade le plus bas établi par la réglementation pour ce type de grain. Ces pouvoirs font partie intégrante du maintien des normes de qualité pour les céréales canadiennes en empêchant les variétés inférieures de contaminer les cargaisons, de nuire à notre réputation internationale et d’affaiblir les prix.
Les responsables commerciaux américains, agissant au nom des multinationales des céréales et des semences, considèrent nos classes de céréales et nos listes de désignation des variétés comme des obstacles à leurs ambitions. Si l’on permet à la CCG d’affaiblir son autorité en la matière, la condition selon laquelle les grains importés des États-Unis ne peuvent se voir attribuer des grades canadiens que s’ils sont issus d’une variété canadienne enregistrée n’aura plus d’impact.
Cet examen de la CGA doit maintenir avec diligence l’autorité de la CCG sur les grades, les classes de grains et la désignation des variétés, et ne pas se laisser influencer par les pressions exercées par le gouvernement américain, les intérêts commerciaux américains, Affaires mondiales Canada ou toute autre partie qui pourrait avoir intérêt à affaiblir le système d’enregistrement des variétés du Canada et son rôle dans le maintien des normes de qualité des grains canadiens et dans la protection des intérêts des producteurs de grains canadiens.
Protection des paiements aux producteurs
Actuellement, la CCG délivre des licences aux entreprises et exige qu’elles détiennent une caution ou une autre garantie auprès de sociétés de cautionnement agréées par le gouvernement. Le montant requis est fixé par la CCG et ajusté si nécessaire sur la base de la déclaration mensuelle obligatoire des engagements en cours (paiements dus sur les céréales reçues) des entreprises. Si une société agréée refuse de payer, devient insolvable ou ferme sans avoir payé les céréales qu’elle a reçues, la CCG utilise la garantie pour verser aux fermières ce qui leur est dû.
Dans le cadre du système d’obligations et de garanties, il y a eu très peu de défauts de paiement et, dans la plupart des cas, la garantie des obligations a été suffisante pour couvrir 100 % des paiements. Dans le cadre de notre système de sécurité des paiements basé sur les obligations, la CCG est directement liée à l’entreprise elle-même et aux paiements aux producteurs. Lorsqu’une entreprise fait faillite, les paiements sont gérés équitablement par la CCG. Dans la plupart des cas, la cause de la défaillance est claire et/ou fait l’objet d’une enquête de la part de la CCG, ce qui permet de prendre des mesures pour éviter des défaillances similaires à l’avenir. Par exemple, si une entreprise a échoué parce qu’elle n’a pas pu obtenir un service ferroviaire en temps voulu, cela a été clairement compris par toutes les parties. Les fermiers et les gouvernements pourraient alors rechercher et apporter des changements pour améliorer ce facteur.
Le cautionnement est une discipline directe pour les entreprises : leur propre argent est en danger ; les paiements affectent la réputation de l’entreprise ; et la CCG est en mesure de prendre des mesures proactives spécifiques pour traiter la situation particulière de l’entreprise lorsqu’il y a un risque d’insolvabilité ou de garantie insuffisante. Le coût du maintien de la garantie des obligations est un élément auquel toutes les sociétés céréalières agréées sont soumises et qui peut être contrôlé grâce à une gestion prudente de l’entreprise.
Dans la loi d’exécution du budget 2012, la loi sur les céréales du Canada a été modifiée pour permettre à un système basé sur l’assurance de remplacer la garantie des obligations. La proposition d’assurance s’est rapidement avérée fondamentalement erronée et les efforts pour la mettre en œuvre ont été abandonnés. Toutefois, la loi contient toujours une clause ajoutée à l’époque qui permet à la CCG d’exempter les titulaires de licence de l’obligation de fournir une garantie.
116 (1) La Commission peut, avec l’approbation du gouverneur en conseil, prendre des règlements
(k) concernant la garantie à obtenir, par voie de cautionnement, d’assurance ou autrement, pour l’application du paragraphe 45.1(1) ; …
(k.3) exemptent le titulaire de l’autorisation de l’obligation d’obtenir une garantie ;
L’article 116 (1) (k.3) doit être abrogé.
Le Rapport de l’UNF recommande de conserver le système de cautionnement et de permettre à la CCG d’augmenter la fréquence des rapports obligatoires.
Inspection externe
Les grains quittant le Canada par bateau vers des destinations autres que les États-Unis doivent être inspectés par la CCG. Le « certificat final » est alors délivré, attestant officiellement de la qualité du grain. Les exportateurs doivent payer une redevance à la CCG pour que leur envoi soit inspecté et qu’ils reçoivent le certificat final.
L’inspection obligatoire de la CCG est une fonction réglementaire nécessaire pour garantir la fiabilité de la qualité des exportations canadiennes. La redevance représente la valeur de l’ensemble de la fonction réglementaire de la CCG en amont de l’inspection finale. Le cadre réglementaire solide qui promeut et crée la qualité dans le système céréalier canadien dans son ensemble, ce qui non seulement profite aux fermières, mais fournit un produit digne de confiance et fiable de valeur pour le commerce des céréales. Il convient que la redevance d’inspection finale reste suffisante pour financer les fonctions réglementaires en amont ainsi que les coûts immédiats de l’inspection dans les terminaux portuaires.
Au fur et à mesure du chargement du navire, des échantillons représentatifs sont prélevés pour chaque fraction de 2 000 tonnes de la cargaison. Avant 2013, chaque fraction de 2 000 tonnes devait répondre aux spécifications de l’ensemble du chargement. C’est ce qu’on appelle le chargement progressif. En 2013, la CCG a commencé à autoriser le chargement composite, ce qui signifie que chaque segment de 2 000 tonnes n’a pas à répondre aux spécifications du contrat, mais que la moyenne de l’ensemble de la cargaison est conforme au contrat.
Depuis la destruction de la Commission canadienne du blé, les entreprises céréalières privées font appel à des services d’inspection privés qui prélèvent et analysent également les céréales lors de leur déchargement sur les navires. Ils comparent les résultats avec le contrat de leur acheteur et demandent à l’opérateur de l’élévateur d’ajuster la qualité déversée afin de s’assurer que le chargement entier ne dépasse pas la qualité ou les spécifications prévues par le contrat. L’objectif des entreprises est de s’assurer que la qualité des envois ne dépasse pas le strict minimum accepté par les acheteurs.
La différence entre ces deux processus est que le chargement progressif garantit que la qualité et les spécifications de l’ensemble de la cargaison sont cohérentes du début à la fin du déchargement, tandis que le chargement composite garantit uniquement que si les céréales de l’ensemble de la cargaison étaient mélangées de manière homogène, elles répondraient aux spécifications minimales. Ce processus étant impossible à mettre en œuvre, les clients se retrouvent avec des lots de stockage de qualité inégale. Cela peut obliger les clients à échantillonner et à suivre les spécifications de chaque lot de stockage et à adapter leurs processus de fabrication en fonction de chaque lot – un processus long et coûteux. Cette situation a provoqué l’insatisfaction de nos clients et conduit à des prix réduits.
C’est dans ce contexte que les sociétés céréalières ont fait pression pour remplacer l’inspection finale de la CCG par une inspection privée, affirmant que l’inspection de la CCG est une duplication inutile. Leur position est une fausse représentation de la valeur et du rôle de la CCG. Le certificat final peut être comparé à la clé de voûte d’une arche : il assure l’intégrité structurelle qui donne sa force à l’édifice. Lorsque la clé de voûte est enlevée, l’arche ne peut plus supporter de poids et finit par devenir un simple amas de pierres. Sans l’inspection finale obligatoire des cargaisons exportées par les inspecteurs de la CCG, la qualité des céréales exportées par le Canada sera érodée par l’intérêt personnel rampant, puis s’effondrera complètement, car les inspecteurs privés seront incités à fermer les yeux sur les anomalies qui profitent à leurs clients. Les clients finiraient par perdre confiance dans les céréales canadiennes, comme c’est déjà le cas en raison du chargement composite. Les multinationales céréalières peuvent toujours se satisfaire de céréales canadiennes de moindre qualité et de prix plus faibles, car elles opèrent dans le monde entier et gagnent de l’argent sur les marges – mais les fermières canadiennes ont besoin de prix des céréales élevés pour couvrir leurs coûts de production et de transport.
Nous recommandons que l’inspection à la sortie de la CCG et la délivrance du certificat final restent obligatoires, que le chargement progressif soit obligatoire et que le certificat final soit fourni au client exportateur ainsi qu’à l’expéditeur.
Rétablissement de l’inspection obligatoire à l’arrivée par la CCG
L’inspection obligatoire à l’arrivée par les inspecteurs de la CCG a été supprimée en 2013. Les compagnies céréalières peuvent désormais faire appel à des tiers pour inspecter les céréales reçues dans leurs terminaux.
L’inspection à l’arrivée de la CCG consistait à prélever des échantillons officiels de grains arrivant aux silos terminaux et aux silos de transbordement afin de déterminer le grade et le taux d’impuretés et de fixer la compensation financière à créditer à l’expéditeur. Il a servi d’audit continu afin que les qualités et les volumes délivrés aux silos primaires correspondent à ceux de la position terminale. Il était également essentiel au fonctionnement des wagons producteurs pour qu’ils soient classés à leur arrivée dans les terminaux.
L’inspection à l’arrivage a permis de soutenir les systèmes canadiens de qualité et d’assurance qualité des grains, de protéger l’intégrité des transactions céréalières et de soutenir la protection des producteurs.
L’inspection interne a permis de s’assurer que
- L’identité du grain a été établie avant le mélange ;
- L’identité du grain a été préservée afin que l’échantillon soit disponible pour résoudre les litiges ou faciliter la procédure d’appel ;
- Des informations statistiques substantielles et précieuses étaient disponibles pour :
- établir la base des récépissés d’entrepôt ;
- identifier les positions de stock actuelles ;
- faciliter les processus d’audit futurs ; et
- prévoir la qualité des cargaisons avant l’expédition ;
- Les grains ont été collectés pour permettre de futures révisions des qualités et des spécifications des grains ;
- La note finale attribuée par la CCG pourrait être comparée à la note initialement attribuée par le directeur du silo afin d’assurer la cohérence de l’exactitude.
- La présence de variétés illégales ou inéligibles a été détectée avant que ces variétés n’entrent dans le système ;
- Les systèmes d’échantillonnage automatique approuvés par la CCG ont été contrôlés ; et
- Les taux de fret ferroviaire sont basés sur les poids contrôlés par la CCG.
L’inspection obligatoire, immédiate et sur place par les inspecteurs de la CCG a apporté des avantages substantiels au système en isolant les wagons non conformes avant qu’ils ne puissent être mélangés à de grandes quantités de céréales et contaminer les cargaisons. L’inspection interne par le personnel de la CCG, plutôt que par une société privée engagée par la société céréalière, a permis d’éviter les conflits d’intérêts susceptibles de fausser les résultats en faveur de la société.
Aujourd’hui, grâce à l’accord commercial de l’ACEUM, les céréales cultivées aux États-Unis sont autorisées à entrer dans le système de manutention des céréales du Canada si elles proviennent d’une variété enregistrée au Canada. Les entreprises céréalières peuvent refuser les variétés non enregistrées, mais il ne leur est pas interdit de les accepter. Une entreprise cherchant à augmenter ses profits en réduisant ses coûts pourrait fermer les yeux sur les règles et acheter des variétés non enregistrées aux États-Unis à des prix inférieurs à ceux des variétés canadiennes enregistrées, ce qui entraînerait une perte de qualité et une baisse des prix pour les fermières canadiennes. Sans inspection à l’arrivée, la présence de variétés américaines non enregistrées utilisant illégalement notre système ne serait révélée qu’au moment de l’inspection finale – trop tard pour empêcher le mélange et la perte d’intégrité de la cargaison.
Nous recommandons le rétablissement de l’inspection obligatoire à l’arrivée par la CCG.
Rapport sur les prix
Les fermières n’ont actuellement pas accès aux rapports sur les prix actuels et réels, dont elles ont besoin pour prendre les meilleures décisions concernant la vente de leurs récoltes. Il serait dans l’intérêt des producteurs de céréales que la CCG recueille et communique, pour chaque produit réglementé par la CCG, les prix de vente quotidiens aux exportations dans chaque port et aux acheteurs américains par voie terrestre, ainsi qu’aux sites de transformation au Canada.
Nous recommandons que la CCG rende obligatoire la déclaration quotidienne des prix de vente des céréales et que les prix déclarés soient mis à la disposition des fermières en ligne et affichés dans les silos de collecte.
Accès à la détermination contraignante
Le pouvoir de la CCG de faire respecter le grade et le taux d’impuretés par le biais d’une décision contraignante en cas de litige confère aux fermières une force d’équilibre face aux sociétés qui sont en mesure de déclasser injustement les grains livrés au silo de collecte et d’en réduire ainsi le prix.
En 2017, l’UNF a interrogé les fermières concernant leur utilisation de la mention « sous réserve de la détermination du grade et des impuretés par l’inspecteur » en cas de litige. Les fermières qui l’utilisent trouvent qu’il s’agit d’un outil extrêmement précieux. Cependant, plusieurs ont déclaré qu’ils connaissaient l’existence de ce système mais qu’ils ne l’utilisaient pas par crainte de représailles, même lorsque le silo les avait indubitablement trompés. Certains ont subi des représailles après avoir utilisé la détermination contraignante. Certains silos ont accepté le prix du fermier pour éviter de s’adresser à la CCG. Pour ceux qui ont utilisé la détermination de la liaison par la CCG, les résultats ont été en faveur du fermier un peu plus souvent que l’inverse. Il est donc nécessaire d’encourager, de normaliser et d’étendre l’utilisation de la détermination contraignante afin de promouvoir l’équité.
En raison des changements intervenus dans le mode de livraison des céréales, il est devenu plus difficile pour un fermier de demander une détermination contraignante au moment de la livraison. Dans le cas de certaines options de livraison, les fermières ne sont pas présentes et peuvent ne pas être immédiatement informées de la catégorie et du taux d’impuretés proposés par le titulaire de la licence. Cela ne devrait pas empêcher les fermières d’obtenir une détermination contraignante.
L’accès des fermières à la détermination contraignante du grade et du taux d’impuretés devrait s’étendre à tous les titulaires de licences qui reçoivent des céréales des fermières. Les fermiers qui ne livrent pas directement aux silos primaires ne devraient pas se voir refuser la détermination contraignante. Le fait de le rendre accessible quel que soit le type de licencié favoriserait l’équité dans l’ensemble du système.
Pour obtenir l’accès nécessaire, des échantillons représentatifs et inviolables de toutes les livraisons devraient être conservés pendant au moins 30 jours, afin de permettre à la fermiere de demander une détermination contraignante après la livraison en cas de litige. Si le fermier n’est pas présent lors de la livraison des céréales, le titulaire de la licence doit fournir la documentation par courrier électronique dans les 24 heures et donner au fermier au moins 48 heures supplémentaires pour contester les résultats. Si un fermiere exerce son droit de faire intervenir la CCG, le silo agréé paiera immédiatement au fermiere 80 % du prix convenu à la livraison, le solde devant être déterminé par la CCG. Ce paiement initial obligatoire refléterait le fait que la société céréalière est en possession des céréales et l’inciterait fortement à s’assurer que ses agents attribuent une note correcte dès le départ et que le fermier n’est pas pénalisé pour avoir exercé son droit.
En outre, nous recommandons que les fermiers aient accès à une détermination contraignante de la CCG pour tout ou partie des spécifications incluses dans leurs contrats, étant donné que les spécifications contractuelles sont utilisées pour fixer le prix des céréales et qu’elles ont donc le même effet que les facteurs de classement. L’accès à la détermination contraignante de la CCG pour toutes les spécifications dissuaderait les entreprises d’utiliser des spécifications superflues comme tactique pour imposer des réductions de prix, et garantirait que l’utilisation de spécifications contractuelles ne serve pas d’échappatoire pour éviter la détermination contraignante.
Lorsque la CCG a organisé une consultation publique sur l’opportunité d’ajouter l’indice de chute et le déoxynivalénol (DON) comme facteurs officiels de classement des grains, l’UNF a conclu que cela augmenterait les risques de déclassement injuste et réduirait potentiellement la valeur des grains classés. Nous avons recommandé à la CCG d’utiliser son autorité pour rendre une décision exécutoire en cas de litige dans les cas où les sociétés utilisent volontairement l’indice de chute et/ou le DON pour valoriser les grains livrés.
L’utilisation de la détermination contraignante de la CCG pour le grade, les impuretés ou toute autre spécification contractuelle ne doit pas être payante, et il doit être interdit aux contrats d’impliquer que l’évaluation d’une autre agence ou d’un classificateur remplace la détermination de la CCG.
Tickets et reçus d’achat d’espèces
La CGA exige des titulaires de licence qu’ils remettent aux fermières, lors de la livraison des céréales, un bon d’achat au comptant ou un reçu mentionnant l’appellation de grade, le grade et les impuretés des céréales. Le formulaire officiel du ticket de caisse prévoit un espace où d’autres déductions ou ajouts peuvent être expliqués, mais il n’y a pas d’obligation de le faire. Il faut y remédier afin que les fermières sachent ce qu’elles reçoivent et ce pour quoi elles paient.
Les sociétés céréalières affirment que l’inspection de la CCG fait double emploi avec les inspections privées qu’elles ont contractées et constitue une dépense inutile, en particulier lorsque les céréales sont transportées entre le silo de collecte de la même société et ses terminaux portuaires. Il faut reconnaître que c’est le choix des compagnies céréalières d’ajouter la procédure d’inspection privée et que c’est donc aussi leur décision d’en supporter le coût. Les inspections obligatoires à l’entrée et à la sortie de la CCG ont été mises en place pour prévenir les fraudes et ont permis de protéger les fermières contre les tricheries des sociétés céréalières, qui étaient monnaie courante avant la création de la CCG en 1912 et qui reprendraient probablement si l’inspection obligatoire à la sortie de la CCG était supprimée. Les entreprises enterrent les coûts de pesée et d’inspection de la CCG dans leurs frais de base sans les détailler, comme elles le font pour les coûts des inspections privées. Les entreprises exagèrent régulièrement le coût des inspections de la CCG pour les fermières dans leurs efforts pour affaiblir le soutien du public à la CCG et à la CGA. À l’heure actuelle, les fermières ne sont pas en mesure de savoir quelle part d’une éventuelle remise de base est due aux frais obligatoires de la CCG, quelle part est due au recours volontaire des entreprises à l’inspection privée et quelle part correspond à une charge arbitraire sans rapport avec les coûts.
La loi devrait être modifiée pour exiger que les frais de transport et d’élévation, ainsi que toutes les autres déductions, soient détaillés et imprimés sur les tickets de paiement des céréales.
Licences
Nous sommes satisfaits du système actuel d’octroi de licences de la CGA, basé sur le type d’installation ou d’entreprise. Elle apporte clarté, transparence et stabilité, ce qui est important pour les fermières.
Nous recommandons l’ajout d’une catégorie de licence couvrant les installations de chargement de conteneurs autres que les installations de chargement de wagons de producteurs. Les entreprises qui utilisent le transport par conteneurs ne doivent pas être exemptées des obligations et des responsabilités imposées aux autres entreprises ou installations ; et les fermières qui vendent à des acheteurs qui utilisent le transport par conteneurs ne doivent pas se voir refuser la protection des paiements de la CCG ou l’accès à une détermination contraignante.
Nous recommandons également de mettre fin à l’exemption de licence pour les usines d’aliments du bétail commerciales autres que les usines d’aliments du bétail coopératives détenues et exploitées par les fermiers qui livrent à l’usine.
Les usines commerciales d’aliments pour animaux ne devraient pas être autorisées à transférer impunément le risque financier aux fermières. En accordant une licence aux usines commerciales d’aliments pour animaux, les producteurs qui vendent des céréales seraient protégés par la caution. L’exigence de la CCG concernant les rapports mensuels sur les dettes en cours permettrait également à ces usines d’exercer un contrôle externe sur les opérations non viables et pourrait inciter la direction de l’usine à être proactive, ce qui pourrait entraîner une diminution du nombre de faillites. Lorsque les provenderies commerciales font partie d’une structure d’entreprise verticalement intégrée qui comprend des exploitations porcines industrielles ou des parcs d’engraissement, la garantie exigée par la CCG rendrait imprudent pour l’entreprise de transférer les pertes d’autres parties de ses activités sur les fermières qui fournissent des céréales à sa provenderie. En octroyant des licences aux usines commerciales d’aliments pour animaux, les fermiers qui fournissent des céréales deviendraient des créanciers garantis en cas d’insolvabilité.
Les frais administratifs liés à l’octroi de licences pour les fabriques d’aliments pour animaux devraient être modulés de manière appropriée afin d’encourager les petites fabriques. Si les redevances n’étaient pas dégressives, les coûts administratifs représenteraient une part disproportionnée du coût unitaire de production des petites fabriques d’aliments pour animaux. Si tel était le cas, il en résulterait un désavantage concurrentiel, car le coût des licences serait répercuté sur les fermières par le biais de prix inférieurs payés pour les céréales fourragères. Si les petites usines d’aliments pour animaux devenaient non compétitives et cessaient leurs activités en raison de l’impact des droits de licence, cela réduirait à la fois l’emploi et les possibilités de production de bétail dans certaines régions. Elle entraînerait également une concentration dans le secteur des usines d’aliments pour animaux et réduirait les choix offerts aux fermières qui vendent des céréales ainsi qu’à celles qui cherchent à acheter des aliments pour animaux.
Le Rapport de l’UNF recommande également à la CCG d’augmenter la fréquence des rapports sur les engagements en cours pour toutes les catégories de titulaires de licences dans les situations où un rapport mensuel pourrait entraîner une insuffisance du cautionnement – par exemple, lorsque le risque de défaillance d’une société semble augmenter et lorsque la volatilité des devises, des produits de base, des aliments pour animaux et/ou des prix du bétail s’accroît ou lorsqu’il y a des perturbations réelles ou des menaces de perturbations du marché.
Les méthodes de conformité et d’application mentionnées dans la loi, à savoir le pouvoir de refuser de délivrer une licence et le pouvoir d’assortir une licence de conditions, doivent être maintenues. Les amendes ne doivent pas être considérées comme un substitut à la suspension du permis, car la richesse et la capacité financière des grandes entreprises concernées leur permettraient d’absorber facilement des amendes importantes en tant que « coût de l’activité » et il est probable qu’elles répercuteraient simplement ce coût sur les fermières.
CGC en tant que producteur Receveur de wagons de chemin de fer
La CGA permet actuellement à la CCG d’autoriser et d’attribuer des wagons de producteurs aux fermières, ce qui leur permet de faire transporter leurs céréales sans passer par une société céréalière et sans avoir à payer de frais d’élévation. Depuis la disparition de la Commission canadienne du blé, la capacité des fermières à bénéficier de ce droit s’est affaiblie, car les compagnies céréalières ne sont pas obligées d’accepter les cargaisons des wagons de producteurs. Par conséquent, moins de céréales sont transportées par des wagons de producteurs. L’accès aux wagons de producteurs est un mécanisme important d’équilibre des pouvoirs dans notre système de manutention des céréales, car il sert de frein à l’élévation monopolistique et/ou à la fixation des prix de base par les sociétés céréalières et permet aux fermières d’avoir un accès direct aux services de transport ferroviaire.
Il est dans l’intérêt des producteurs de céréales que la CCG veille à ce que les wagons de producteurs restent un élément efficace du système de manutention des céréales. À cette fin, nous recommandons que la CCG établisse et exploite des récepteurs de wagons de producteurs sur la côte ouest et à Thunder Bay pour recevoir les wagons de producteurs au port et les diriger vers le silo terminal qui a de la place. Les sociétés céréalières disposant d’une capacité de terminal portuaire seraient mandatées par la CCG pour accepter une certaine partie de leur approvisionnement auprès du réceptionnaire de wagons de producteurs. La CCG classait les céréales au port, puis les proposait à l’entreprise céréalière qui les achetait. Tout écart entre les allocations d’espace et les ventes pourrait être corrigé mensuellement par le producteur et le receveur des wagons.
CGC Research
La capacité de recherche de la CCG est une composante essentielle et nécessaire de son rôle dans la sauvegarde des normes de qualité des grains canadiens. Les statistiques de la CCG sont également un élément clé de la transparence du système céréalier canadien, ce qui est dans l’intérêt des producteurs de céréales.
Le laboratoire de recherche sur les grains de la CCG effectue tous les tests analytiques pour les nouvelles variétés publiques et classe tous les échantillons de contrôle. Il organise et gère le processus d’analyse de la qualité pour les essais coopératifs d’enregistrement des variétés. La qualité, la cohérence et l’intégrité de cette étape du processus d’enregistrement des variétés sont essentielles à la validité des décisions d’enregistrement des variétés et au maintien des normes de qualité pour les céréales canadiennes. Les scientifiques du laboratoire de recherche sur les céréales siègent également dans les comités de recommandation pour les cultures d’oléagineux et de légumineuses. Leur expertise garantit que les nouvelles variétés sont correctement évaluées au stade de la recommandation.
Le laboratoire de recherche sur les céréales étudie et publie également des informations scientifiques sur la production, le stockage et l’utilisation finale des céréales au Canada qui n’auraient pas été étudiées autrement. Ces recherches sont à la base de toutes les normes d’inspection, de tous les processus et de toutes les mesures de la CCG, de sorte que les fermiers, les clients et les décideurs politiques peuvent avoir la certitude que notre système est fondé sur des données probantes et qu’il a la capacité de suivre l’évolution des conditions et d’y répondre au fur et à mesure qu’elles se présentent.
Cet examen de la CGA et de la CCG doit permettre de s’assurer que la capacité de recherche et le champ d’application de la CCG sont pleinement soutenus en tant que fonction réglementaire de base.
Extension des compétences de la CCG à l’est du Canada
La CCG offre aux fermiers céréaliers de l’Ouest de nombreux avantages dont ne bénéficient pas les agriculteurs de l’Est du Canada. Nous encourageons la CCG à étudier la possibilité d’étendre son autorité à tous les producteurs de céréales du Canada. Nous recommandons à la CCG de mener d’abord une campagne d’information, puis un processus de consultation publique auprès des fermières et fermiers de l’Ontario, du Québec et des provinces atlantiques. Si les fermiers de l’Est sont favorables à l’extension de l’autorité de la CCG à leur région, la CGA devrait être modifiée pour les inclure.
En conclusion, nous ne saurions trop insister sur l’importance de la Loi sur les grains du Canada en tant que cadre législatif sous-tendant l’économie céréalière du Canada, et de la Commission canadienne des grains dont le mandat consiste à « dans l’intérêt des producteurs de grains, établir et maintenir des normes de qualité pour les grains canadiens et réglementer la manutention des grains au Canada, afin d’assurer un produit fiable pour les marchés intérieurs et d’exportation ». Depuis plus d’un siècle, la CCG est l’organisme de réglementation de la filière céréalière au Canada. La loi est le fondement solide de notre économie céréalière, des moyens de subsistance de nos fermières et de la confiance de nos clients nationaux et internationaux. Nous avons le plaisir de vous présenter nos recommandations pour renforcer encore davantage la CGA et la CCG.
Tout ceci est respectueusement soumis par
L’Union Nationale des Fermiers
Avril 2021