à la commission de l’agriculture et de l’agroalimentaire
Étude sur le prochain cadre de politique agricole
Présenté par Stewart Wells, 8 décembre 2016
Je suis ici aujourd’hui pour vous faire part du point de vue de () concernant l’un des domaines du cadre de politique nationale (NPF) qui est à l’étude, à savoir le domaine de la « licence sociale » ou de la « confiance du public ».
Un document appelé
Déclaration de Calgary
publié en juillet 2016, comprend la déclaration suivante :
« Le FNP continuera d’encourager et de soutenir les efforts de collaboration du secteur pour renforcer la confiance du public :
- Examiner comment les programmes gouvernementaux peuvent contribuer à renforcer la confiance du public dans le secteur ; …
- Partager l’histoire de l’importance du secteur et des pratiques modernes, responsables et durables qu’il utilise ».
Le site recommande au gouvernement du Canada d’être extrêmement prudent dans l’interprétation de ces phrases, et encore plus prudent s’il envisage de dépenser l’argent des contribuables dans de tels efforts. La position du site est qu’il est préférable de renforcer la confiance du public en exigeant davantage de tests indépendants et gouvernementaux sur les produits afin d’assurer une réelle transparence : une réglementation appropriée est souhaitable et nécessaire.
Nous ne pensons pas qu’il serait dans l’intérêt du gouvernement, des fermiers ou des Canadiens que le gouvernement finisse par financer les efforts qui tentent simplement de maintenir le statu quo par le biais de campagnes de relations publiques, en publiant des déclarations trompeuses ou en sapant d’autres méthodes de production.
Le site estime que le gouvernement a un rôle majeur à jouer dans la promotion de la confiance dans notre système alimentaire en mettant en place une réglementation, une transparence et des tests appropriés. Mais compte tenu de l’histoire des groupes qui ont défendu leur version particulière de la « licence sociale » et de l’évolution constante de ce que la société considère comme les « meilleures pratiques », il existe un risque extrême que la déclaration de Calgary concernant la confiance du public conduise le gouvernement à financer des messages qui ne sont pas toujours véridiques et qui sont souvent exagérés. Pire encore, cela pourrait conduire le gouvernement lui-même à émettre de fausses déclarations.
Tout d’abord, examinons l’évolution des « meilleures pratiques ». Notre ferme en Saskatchewan est exploitée par trois générations de la même famille depuis 1911. Au cours de cette période, notre famille a appliqué au sol ou aux cultures de nombreux produits chimiques, notamment des insecticides à base d’arsenic et de mercure, de la dieldrine et du lindane, qui ont tous été interdits depuis lors, en utilisant les « meilleures pratiques » de l’époque. Il y a quelques semaines, Santé Canada a décidé d’interdire un type d’insecticide néonicotinoïde. Vous trouverez en page 3 une photographie de l’une des « meilleures pratiques » des années 1960 et 1970.
Et quelle est la raison de l’évolution du statut de ces produits chimiques, qui sont passés du statut de « meilleures pratiques » à celui de produits controversés, puis à celui de produits interdits ? Dans tous les cas, les tests effectués avant leur introduction ont été insuffisants. Par exemple, très peu de tests ont été effectués, et apparemment uniquement par l’entreprise propriétaire, sur le néonic récemment interdit lorsqu’il a été introduit. Avec la multiplication des tests indépendants au cours des deux dernières années, les effets négatifs de l’insecticide, désormais documentés, sont suffisants pour que le produit soit interdit.
Dans de nombreux cas, la notion de « licence sociale » ou de « confiance du public » est mise en avant pour protéger aveuglément les pratiques actuelles au lieu d’apporter plus de transparence et/ou de sécurité au public ou à l’environnement.
Ceux qui utilisent abusivement le concept de « licence sociale » ou de « confiance publique » font plusieurs affirmations courantes, telles que
- Je suis fermiere et je ne ferais jamais rien qui puisse nuire a ma terre ou aux plantes/animaux qui s’y trouvent.
Notre famille aurait soutenu cette affirmation pour toutes les substances interdites qui ont été utilisées dans notre ferme au cours des 105 dernières années. Nous avons fait confiance aux règlements et aux entreprises qui les vendaient à l’époque.
- Je dois nourrir un monde affamé.
Ce raisonnement a été jugé insuffisant. La destruction involontaire du monde naturel compromet notre capacité à produire à long terme. Actuellement, nous produisons 3 200 calories par jour et par personne, soit plus que ce que chacun peut manger. Mais nous avons 1,2 milliard de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire, 1,5 milliard de personnes qui sont suralimentées, et une trop grande partie de notre alimentation est défigurée sur le plan nutritionnel.
- La technologie actuelle (cultures/produits chimiques) nous permet d’utiliser moins de produits chimiques dans l’ensemble.
Le 29 septembre 2016, le Western Producer a rapporté qu' »une vaste étude américaine a révélé que les cultures génétiquement modifiées ont considérablement augmenté la quantité d’herbicides appliquée au soja. En outre, des données provenant de l’Alberta suggèrent que les cultures génétiquement modifiées ont eu un impact encore plus important dans l’ouest du Canada, puisque la quantité d’herbicides vendue dans la province a presque doublé entre 2003 et 2013. »
En outre, au moins un groupe, SaskCanola, a déjà utilisé Cultivons l’avenir 2 (l’argent des contribuables) pour produire une vidéo qui contient de fausses affirmations, oppose les fermières à d’autres fermières et critique les consommateurs, tout cela au nom de la « licence sociale ». La poursuite ou l’augmentation du montant de l’argent des contribuables utilisé pour financer ces activités n’est pas une bonne chose.
Le rôle du gouvernement en matière de test/réglementation et de transparence sera compromis s’il adopte un double mandat contradictoire. Ce double mandat impliquerait de « partager l’histoire des pratiques modernes, responsables et durables » [excerpt from the Calgary Statement] – ce qui peut être interprété comme une protection du statu quo – d’une part, tout en s’engageant dans des tests significatifs et dans la transparence d’autre part.
Respectueusement soumis,
Stewart Wells