Préparé par , mars 2015
The demande aux députés de voter contre le projet de loi C-48 parce qu’il :
- empêche la Commission canadienne des grains de mener à bien ses travaux dans l’intérêt des fermiers céréaliers
- permet au gouvernement de mettre fin au système de cautionnement qui paie les fermiers en cas de défaillance d’une entreprise céréalière agréée
- crée une possibilité d’ingérence politique dans les nominations au comité de normalisation, un élément essentiel du système de classement des céréales
- exige que les céréales importées bénéficient du meilleur grade canadien possible
- confère au gouvernement des pouvoirs accrus qui peuvent être utilisés pour faire respecter les droits des obtenteurs au nom des entreprises de semences
Au minimum, les députés doivent veiller à ce que le mandat de la CCG ne soit pas modifié.
Le projet de loi C-48, Loi modifiant la Loi sur les grains du Canada, déposé le 9 décembre 2014, apporte des changements importants au fonctionnement de la Commission canadienne des grains (CCG), modifie le mandat de la CC G et élimine l’obligation de la CCG de présenter un rapport annuel au Parlement.
Qu’est-ce que la Commission canadienne des grains ?
Créée en 1912 par la Loi sur les grains du Canada, la CCG a pour mission d’établir et de maintenir des normes de qualité pour les grains canadiens et de réglementer la manutention des grains au Canada afin d’assurer la fiabilité des produits sur les marchés intérieurs et d’exportation. La CCG a fourni une base solide à l’industrie céréalière canadienne, en soutenant la qualité de nos produits et l’équité de nos processus. Il :
- a été créée pour protéger les intérêts des fermières;
- administre la loi sur les grains du Canada et ses règlements ;
- résout les litiges entre les fermières et les sociétés céréalières ;
- traite des silos, de la pesée, de la manutention, du transport et du stockage des céréales, y compris le classement et tous les types d’inspection ;
- mène des recherches sur les céréales ;
- attribue les wagons de producteurs[*] et supervise leur administration et leur gestion.
Importance du mandat de la CCG :
Le projet de loi C-48 modifie le mandat de la CCG. Au lieu de travailler dans l’intérêt des producteurs de céréales, la CCG sera chargée d’agir « dans l’intérêt des Canadiens et de leurs familles ».
Canadiens et
des producteurs de grains ». La différence peut sembler minime, mais elle signifie que
la CCG ne sera plus habilitée à faire passer les intérêts des fermières avant ceux des sociétés céréalières multimilliardaires
. Cette simple modification supprime la reconnaissance officielle par le Canada du déséquilibre de pouvoir qui existe lorsque des milliers de fermières doivent traiter individuellement avec les quelques multinationales céréalières qui dominent l’industrie.
C-48 transfère le coût et le risque de la protection des paiements aux producteurs aux fermières :
Le projet de loi C-48 permet de remplacer le système actuel de protection des paiements aux producteurs, fondé sur des obligations, par un système d’assurance administré par le gouvernement, qui peut être mis en place après l’adoption d’un règlement.
Aujourd’hui, toutes les sociétés de silos et tous les négociants en grains agréés sont tenus de maintenir une caution, dont le montant est fixé par la CCG sur la base d’un rapport mensuel obligatoire des dettes en souffrance (paiements dus aux fermières). La CCG utilise cette caution pour verser aux fermières ce qui leur est dû au cas où une société agréée refuserait de payer, deviendrait insolvable ou fermerait ses portes sans avoir payé les céréales qu’elle a reçues.
En 2013, le gouvernement fédéral a tenté en vain de remplacer le système d’obligations par un système d’assurance-crédit privé , car la proposition du gouvernementn’étaitpas conforme aux règles du secteur de l’assurance. (Voir le mémoire de , Commentaires sur les modifications de la Loi sur les grains du Canada relatives à la protection des paiements aux producteurs et
Le plan de remplacement du cautionnement de la Commission des grains est bloqué
Manitoba Co-operator, 8 août 2014).
Le système proposé par le projet de loi C-48 est similaire à l’initiative de 2013 qui a échoué, mais il est administré par le gouvernement fédéral et non par le secteur de l’assurance. Le fonds de protection des producteurs proposé par le projet de loi C-48 permettrait au gouvernement fédéral d’intervenir :
- percevoir des droits (qui peuvent être de 0,00 $) auprès des silos et des négociants en grains agréés, en fonction du risque de non-paiement de la société
- frais de dépôt sur un compte de l’État
- exiger des fermiers qu’ ils remplissent correctement les formulaires de demande et qu’ils les soumettent dans un délai déterminé
- n’ assurer qu’un paiement partiel des sommes dues aux fermiers demandeurs
Les grandes entreprises céréalières bénéficieraient de ce changement, car il leur donnerait accès au capital qu’elles doivent actuellement détenir sous forme de garanties. Les petites sociétés auraient probablement des frais plus élevés – avec des volumes plus faibles et des marchés plus limités, elles seraient considérées comme présentant un risque plus élevé de non-paiement. Des frais plus élevés réduiraient la capacité des petites entreprises à concurrencer les négociants multinationaux et favoriseraient ainsi la concentration de la propriété dans l’industrie céréalière. Les grandes comme les petites sociétés chercheraient à répercuter le coût de la redevance sur les fermières en tant que composante de la base[†]. Il en résulterait que les fermiers subventionneraient les risques commerciaux des sociétés céréalières en échange d’une couverture seulement partielle.
Le projet de loi C-48 ouvre la voie à l’ingérence politique dans le classement des grains :
Actuellement, le commissaire de la CCG nomme les membres du comité de normalisation, qui siègent jusqu’à l’expiration de leur mandat. Le projet de loi C-48 donne toutefois au ministre le pouvoir de nommer et de révoquer les membres des comités de normalisation de l’Ouest et de l’Est, qui sont chargés de recommander des échantillons officiels représentant aussi fidèlement que possible la qualité moyenne des grains de chaque grade reçus dans les silos aux points d’inspection. Ces échantillons standard sont utilisés pour évaluer les grades attribués lorsque les fermières livrent leurs céréales aux silos de collecte. En cas de désaccord entre un fermier et un acheteur sur le grade, la CCG utilise le grade standard pour régler le différend.. Le projet de loi C-48 introduit donc la possibilité d’une influence politique sur le classement des grains en donnant au ministre le pouvoir discrétionnaire d’embaucher et de licencier.
Le règlement C-48 permet aux sociétés céréalières de vendre des céréales importées en utilisant les grades canadiens : Aujourd’hui, les céréales étrangères ne sont pas classées ;elles sont seulement identifiées en fonction de leur pays d’origine. Le projet de loi C-48 crée une nouvelle disposition qui permet de classer les grains importés et oblige lesinspecteurs de la CCG à leur attribuer le grade le plus élevé possible auquel ils sont admissibles. Le projet de loi C-48 ouvre donc la porte aux entreprises qui s’approvisionnent en céréales dans d’autres pays et qui bénéficient des avantages du système de classement canadien lorsqu’elles les revendent.
C-48 renforce la capacité à faire respecter les droits d’obtenteur :
Le projet de loi C-48 étend les pouvoirs de la CCG aux silos de chargement de conteneurs et aux silos de collecte, aux terminaux et aux installations de transformation du grain qui manipulent ou utilisent du grain cultivé dans l’Est du Canada. Grâce à la compétence élargie de la CCG et à ses pouvoirs accrus, le gouvernement fédéral est mieux à même de faire respecter les droits exclusifs accordés aux entreprises de semences par la Loi sur la croissance agricole en utilisant les nouveaux pouvoirs suivants . Projet de loi C-48 :
- permet aux silos de refuser de prendre livraison de tout grain d’une variété non enregistrée en vertu de la loi sur les semencespour la vente ou l’importation au Canada. En vertu de la loi actuelle, les silos ne peuvent refuser la livraison que de grains hors d’état ou susceptibles de devenir hors d’état (c’est-à-dire trop humides et susceptibles de pourrir).
- donne à la CCG le pouvoir d’entrer et d’inspecter les locaux de toute personne soupçonnée d’exercer une activité de négociant en grains sans disposer de la licence requise.
- autorise la CCG à prélever des échantillons dans les établissements agréés afin de vérifier la conformité ou de « promouvoir les objectifs de la présente loi ».
- augmente les amendes, avec un maximum de 500 000 dollars pour les sociétés mises en accusation.
- donne aux tribunaux le pouvoir d’émettre des ordonnances pour empêcher la poursuite ou la répétition des infractions et d’imposer d’autres conditions.
Avec la modification de son mandat par le projet de loi C-48, la CCG devra ignorer la différence entre les intérêts des sociétés céréalières et ceux des fermières. Il n’y a donc aucune garantie que les nouveaux pouvoirs et le nouveau champ d’action de la CCG seront bénéfiques aux fermières ou à l’intérêt public en général.
Nous demandons donc aux députés de voter contre le projet de loi C-48.
Texte intégral du projet de loi C-48
Pour de plus amples informations, veuillez contacter le
Téléphone : (306) 652-9465
Courriel : nfu@nfu.ca
[*]
Les wagons de producteurs
sont des wagons que les fermières ont le droit d’utiliser pour expédier leurs propres céréales au lieu d’utiliser et de payer les services et les installations appartenant aux sociétés céréalières.
[†]
Base
est la différence entre le prix du marché à terme d’une marchandise et le prix au comptant local offert à un silo de collecte. Les niveaux de base sont la prérogative de l’acheteur de céréales et ne sont pas soumis à une réglementation gouvernementale.