Des renégats récompensés aux dépens du public dans la décision relative au barrage du site C
Lorsque le nouveau gouvernement de la Colombie-Britannique a prêté serment au printemps dernier, nombreux étaient ceux qui espéraient un respect renouvelé des droits issus des traités et des communautés des Premières nations. La promesse d’un rapport de la commission des services publics de la Colombie-Britannique sur les plans de construction du site C était encourageante. Lorsque le rapport a été publié en octobre, les raisons d’annuler ce projet mal conçu se sont multipliées.
La raison invoquée par le gouvernement du premier ministre John Horgan pour poursuivre la construction du site C est erronée. Selon eux, l’annulation de la construction du barrage du site C alourdirait immédiatement la dette provinciale, car les coûts irrécupérables ne permettraient pas d’amortissement, puisqu’il n’y aurait pas d’actifs à déprécier.
Cependant, BC Hydro est une société d’État appartenant à la province, dont les bénéfices nets contribuent au budget provincial annuel. Si le gouvernement Horgan souhaitait fermer le site C, les bénéfices nets, la dette et les capitaux propres de BC Hydro permettraient d’établir un calendrier interne de recouvrement des coûts déjà encourus pour le site C. Ces paiements n’affecteraient que très marginalement le budget de la Colombie-Britannique et permettraient aux habitants de la province de réaliser des économies à long terme, que ce soit en termes d’impôts ou de tarifs de l’électricité. D’un point de vue strictement financier, il serait plus prudent d’annuler un projet dont les coûts irrécupérables s’élèvent à 2 milliards de dollars que d’enfermer les habitants de la province dans un projet gigantesque à durée indéterminée, dont le budget dépasse les 10 milliards de dollars et dont les coûts de construction sont imprévisibles. C’est une décision terrible, surtout si l’on considère l’approche de la production d’énergie renouvelable à plus petite échelle, désormais bloquée, qui devient rapidement plus attrayante en tant qu’alternative.
Le gouvernement de Christie Clark a fait tout ce qui était en son pouvoir pour pousser le projet du site C au-delà du soi-disant point de non-retour. Ignorer les droits des Premières nations, négliger l’importance des terres agricoles de premier choix et faire preuve d’un manque général de planification et de procédure est impardonnable et imprudent dans le cadre de projets de cette ampleur. Clark devrait être tenu personnellement responsable d’une telle incompétence dans la gestion de la confiance du public.
Le pire, c’est qu’avec la décision du nouveau gouvernement d’aller de l’avant, elle est récompensée et un précédent est créé pour ignorer les procédures appropriées.
Les microclimats et les riches sols alluviaux de la vallée de la Paix, qui sera bientôt inondée, permettraient à la Colombie-Britannique de devenir facilement autosuffisante en matière de production de fruits et de légumes. Ce potentiel agricole devrait être considéré comme une ressource renouvelable importante, mais au lieu de cela, il est détruit et considéré comme un coût marginal pour le site C.
Le Canada devient de plus en plus un fournisseur de ressources brutes au détriment de la valeur ajoutée nécessaire et du développement économique communautaire. La croissance régulière des exportations de produits agricoles canadiens est considérée comme un succès. Ce que nous n’entendons pas, c’est que les importations de denrées alimentaires augmentent encore plus rapidement. Ce processus de croissance des exportations et des importations entraîne non seulement une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, mais rend également le Canada plus vulnérable et moins apte à se nourrir. Les communautés rurales canadiennes prises dans ce processus sont laissées pour compte et subissent un déclin économique rural chronique du fait de la perte des avantages économiques de la production, de la transformation et de la distribution à valeur ajoutée.
L’électricité produite par le site C rendra les autres sources d’énergie peu attrayantes pour les décennies à venir, au moment même où de nouvelles possibilités d’énergie renouvelable deviennent plus accessibles et plus abordables. Bien que l’énergie hydroélectrique soit en soi renouvelable, les mégaprojets pilotés par les entreprises, tels que le site C, ne sont plus considérés comme progressistes en raison de leurs impacts sociaux et écologiques négatifs. La création d’énergies renouvelables à petite échelle et à l’échelle de la communauté permet non seulement de stabiliser le climat, mais aussi de ramener l’emploi, le profit et l’ingéniosité au niveau de la communauté.
La construction du barrage Site C exclut la Colombie-Britannique de cette nouvelle ère très attrayante de production d’électricité renouvelable et de moteurs économiques communautaires. Le gouvernement de la Colombie-Britannique devrait reconsidérer la situation dans son ensemble et revenir sur sa décision inconsidérée concernant le site C.