Region 6 | Communiqué de presse

Les délégués SARM manquent leur cible

La Saskatchewan Association of Rural Municipalities (SARM) a demandé au gouvernement fédéral d’étendre la justification légale de l’autodéfense. Début mars 2017, 93 % des délégués à sa convention annuelle ont voté en faveur d’une résolution indiquant qu’ils estiment que les résidents ruraux ne disposent pas de droits suffisants pour se protéger ou protéger leurs biens.

Il est extrêmement frustrant de devoir s’habituer à sortir constamment les clés de son véhicule, à verrouiller les portes et les réservoirs d’essence et à être toujours attentif aux risques de vol. Ce que demande SARM n’est cependant pas très judicieux. Peut-être que si plus de cinq pour cent des délégués avaient été des femmes, la SARM aurait pris une décision plus réfléchie.

The n’est pas la seule à rejeter la résolution de la SARM : notre position est partagée par le ministre canadien de la sécurité publique, Ralph Goodale, et par Gordon Wyant, ministre de la justice de la Saskatchewan. Heureusement, nous vivons au Canada, où le bon sens et un système judiciaire fiable prévalent généralement. Nos statistiques sur les crimes graves et les armes à feu sont conformes à celles des pays européens en ce qui concerne la violence. En revanche, les États-Unis, où sont en vigueur exactement les mesures demandées par le SARM, connaissent un nombre stupéfiant d’incidents et de victimes.

S’il est important de protéger les propriétaires contre la criminalité, il est tout aussi important de les protéger contre les tendances à la peur qui conduisent à l’autodéfense et à la justification de leur propre violence. Nous trouvons également déconcertant que la SARM se fasse entendre pour protéger la propriété des habitants des zones rurales, mais semble oublier le plus grand vol de l’histoire qui s’est déroulé dans les zones rurales du Saskatchewan pendant plusieurs décennies.

La voix de SARM n’a pas été très forte lorsqu’il s’est agi de défendre les fermières contre les gouvernements fédéraux, les chemins de fer et les compagnies céréalières qui démantelaient et restructuraient le cadre économique rural de la Saskatchewan. Les délégués SARM d’aujourd’hui se souviennent-ils de l’impact sur les revenus ruraux de la suppression de la subvention du Nid-de-Corbeau ? Ou comment la rationalisation des chemins de fer s’est traduite par l’abandon d’embranchements, la réduction du nombre de points de livraison, l’augmentation de la vitesse de manutention et la réduction des coûts pour les chemins de fer et les compagnies céréalières, mais a laissé les fermières assumer les coûts de livraison supplémentaires sur de plus longues distances et les municipalités payer les réparations des dégâts routiers accrus ? Les personnes qui ont perdu leur emploi ont déménagé et leurs salaires sont maintenant dépensés ailleurs.

Les délégués de la SARM se souviennent certainement de ce qui a été supprimé par le gouvernement Harper : les stations de recherche agricole, les pâturages communautaires de l’ARAP, la ferme arboricole d’Indian Head. Il s’agissait des éléments constitutifs de communautés rurales prospères, aujourd’hui réduites ou disparues. Aussi importants soient-ils, la destruction de la Commission canadienne du blé les éclipse tous.

La CCB vendait le blé et l’orge des fermiers et leur restituait chaque année la totalité du produit de la vente, à l’exception du coût. À l’époque, le fermier recevait 90 % ou plus de la valeur des céréales vendues. Aujourd’hui, cette part est tombée entre 40 et 60 %, le reste étant accaparé par les entreprises céréalières. Par conséquent, plus de 3 milliards de dollars par an ne se retrouvent plus dans les poches des fermières des Prairies, mais sur les comptes offshore des actionnaires des sociétés céréalières.

Le gouvernement Harper a également supprimé l’autorité d’inspection interne de la Commission canadienne des grains. Pendant 100 ans, la CCG a veillé à ce que le poids et la qualité des céréales chargées au silo soient identiques à ceux des céréales déchargées au terminal portuaire. Ce système de contrôle de la qualité et de prévention des fraudes protégeait à la fois le fermiere et le client final. Sans elle, la réputation du Canada en matière de céréales de qualité supérieure est également victime, et avec elle, la possibilité d’obtenir un prix élevé.

Tous ces changements ont été conçus et mis en œuvre pour consolider les profits et le pouvoir des dirigeants au détriment des fermières et de l’économie rurale. Les pertes qui en résultent pour les zones rurales de la Saskatchewan sont stupéfiantes et facilement visibles dans nos villes et nos communautés.

Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Nous pouvons nous inspirer de l’exemple de Henry A. Wallace, secrétaire américain à l’agriculture dans les années 1930, dont les mesures ont contribué à sortir le pays de la Grande Dépression. Chaque dollar de profit réalisé par une fermiere génère sept dollars d’activité économique supplémentaire dans les communautés voisines, grâce à l’effet multiplicateur. En introduisant la tarification paritaire, qui garantit aux fermières un pourcentage minimum du prix à la consommation des produits agricoles, Wallace a revitalisé l’économie rurale américaine.

L’agriculture est la base économique durable de la Saskatchewan et elle peut redevenir prospère pour soutenir des économies rurales dynamiques. Nous n’avons pas besoin d’armes pour empêcher le vol de céréales actuel de se poursuivre. Nous devons simplement réorganiser l’économie pour qu’elle soit rentable dans les exploitations agricoles. En prenant des mesures pour empêcher les propriétaires absents et en abandonnant la philosophie du « plus c’est grand, mieux c’est », les villes rurales pourront prospérer, comme elles l’ont fait dans le passé lorsque les fermières coopéraient et forçaient les gouvernements à mettre en œuvre des politiques publiques essentielles.

La plupart des gens comprennent les difficultés auxquelles sont confrontés les conseillers municipaux à l’heure actuelle. Mais s’ils veulent s’éloigner de l’effondrement économique perpétuel, ils doivent commencer à se former à la vision globale de ce qui crée et maintient la prospérité économique de la base rurale.

Le site est là pour vous aider.

En toute solidarité,
Jan Slomp, président