Le Canada a besoin d’une agence pour le changement climatique
Nous sommes dans une situation d’urgence climatique. Pour ralentir le réchauffement et stabiliser le climat, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030 et à atteindre le niveau zéro d’ici à 2050, soit dans 28 ans seulement. Il s’agit là d’un défi considérable.
En outre, la réduction des émissions agricoles est l’une des tâches les plus complexes auxquelles le Canada est confronté en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voici pourquoi. La plupart des secteurs peuvent se concentrer sur un seul GES : le dioxyde de carbone. Mais les émissions agricoles se répartissent entre trois GES : le dioxyde de carbone, l’oxyde nitreux et le méthane.
Dans d’autres secteurs, il existe souvent une source principale d’émissions (comme la combustion dans les moteurs), mais les GES agricoles proviennent de diverses voies, notamment la digestion animale, l’utilisation d’engrais et la manipulation du fumier.
Dans d’autres secteurs, la réduction des émissions peut être simple (remplacer les voitures conventionnelles par des véhicules électriques), mais les actions à la ferme sont spécifiques au type, à la taille et au lieu de l’exploitation, ce qui signifie que les solutions pour une exploitation céréalière du Manitoba seront différentes de celles d’une exploitation laitière de Colombie-Britannique, par exemple.
Enfin, dans de nombreux secteurs, les changements peuvent être apportés par quelques entreprises seulement, mais le Canada compte plus de 200 000 exploitations agricoles, qui doivent toutes comprendre leurs émissions particulières et mettre en œuvre des solutions spécifiques.
Voici le point le plus important : les défis, importants aujourd’hui, augmenteront chaque année.
Au cours des trois prochaines décennies, nous devrons passer à une économie à faibles émissions. Les fermières et les gouvernements sont au début d’une entreprise de plusieurs décennies au cours de laquelle la pression pour des réductions d’émissions toujours plus importantes s’intensifiera, chaque cycle de réduction étant plus difficile que le précédent.
Les ministères fédéraux et provinciaux de l’agriculture sont au début de décennies de travail en constante expansion et doivent renforcer leurs capacités de manière significative.
Pour créer cette capacité, nous avons besoin d’une Agence canadienne de résilience agricole (ACRA). S’inspirant des enseignements de l’Administration du rétablissement agricole des Prairies, efficace et respectée, mais actualisée pour le XXIe siècle, une ARFC pourrait diriger et coordonner la réduction des émissions, le renforcement de la résilience, l’adaptation au climat, la collecte de données, la recherche, l’éducation et la vulgarisation.
Tout comme la création de l’ARAP était la bonne réponse politique aux défis des années 1930, la création d’une ARFC est la bonne réponse à l’horizon 2030 et au-delà.
L’ARFC pourrait être une super ARAP, dotée d’un mandat élargi et conçue pour opérer dans l’ensemble du Canada. Une ARFC pourrait assurer une présence importante dans les campagnes et mener une réflexion et une recherche intégrées à long terme pour aider à tracer la voie de l’agriculture dans la perspective du Canada à zéro émission nette en 2050.
Plus précisément, un CFRA pourrait :
- Embaucher, former et déployer des agrologues fonctionnaires (indépendants des vendeurs d’intrants) pour aider les fermières à optimiser l’utilisation des engrais, à trouver des alternatives aux intrants achetés, à prendre d’autres mesures pour réduire les émissions, à se connecter aux programmes gouvernementaux et à accéder aux mesures d’incitation.
- Créer un réseau de fermes de démonstration afin d’affiner et de présenter des techniques de production à faibles émissions et de servir de centres où les chercheurs, les fermières et d’autres personnes peuvent se rencontrer pour élaborer des solutions.
- Effectuer des analyses complètes des sols afin d’optimiser les doses d’engrais et de maximiser la santé des sols, le piégeage du carbone et les gains de matière organique, ce qui favorise la rétention d’eau, l’atténuation des inondations et la résistance à la sécheresse.
- Collecter des données, contribuer à la mesure des GES, vérifier les conclusions des recherches et les résultats des modèles, et documenter l’adoption par les fermières de pratiques de gestion bénéfiques.
- Collaborez avec les fermières pour protéger et restaurer les zones humides, les prairies et les zones boisées.
- Fournir des plants d’arbres pour soutenir le boisement, les sylvopastures, les rangées d’arbres et les brise-vent et fournir des semences pour la restauration des prairies.
- Gérer les programmes de mise en jachère et de couverture permanente des terres.
- Rétablir les pâturages communautaires et créer des réserves stratégiques d’aliments pour animaux.
Il est urgent de mettre en place un CFRA afin de soutenir les fermières dans leur transition vers des systèmes de production à faibles émissions et compatibles avec le climat.