National | Communiqué de presse

La nourriture ne peut pas être une arme de guerre à Gaza : Déclaration de la coalition des organisations sur le siège de Gaza

Nous, soussignés, condamnons la situation catastrophique qui prévaut actuellement à Gaza, où les populations civiles sont illégalement privées de nourriture. Il n’est en aucun cas justifié d’utiliser la nourriture comme arme de guerre.

Le siège israélien de la bande de Gaza prive 2,2 millions de Palestiniens, dont près de la moitié sont des enfants, de nourriture, de carburant, d’eau, d’électricité et de médicaments essentiels. En outre, la poursuite des frappes aériennes empêche l’accès en toute sécurité aux quelques provisions qui arrivent dans la bande de Gaza. Tôt dans la matinée du 29 février, plus de 100 personnes ont été massacrées par les forces israéliennes et au moins 700 autres ont été blessées dans le nord de Gaza alors qu’elles attendaient la livraison de l’aide alimentaire.

Le refus d’accès à la nourriture et à l’eau constitue une violation du droit international humanitaire relatif à la protection des civils en temps de guerre, y compris les conventions de Genève et leurs protocoles. La Cour internationale de justice a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter de commettre un génocide, qu’elle a jugé « plausible » au vu des déclarations de faits fournies par l’Afrique du Sud.

En 2018, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2417, qui condamne fermement le fait d’affamer les civils comme méthode de guerre, ainsi que le refus illégal d’accès humanitaire privant les civils des « objets indispensables à leur survie ». Cela inclut la nourriture et l’eau. Cinq ans plus tard, nous constatons que la situation déplorable de Gaza est le dernier exemple en date de l’utilisation permanente de la nourriture comme arme dans les conflits à travers le monde.

Gaza avait déjà subi un blocus dévastateur de 16 ans et une occupation de longue durée, et 62 % de la population avait besoin d’une aide alimentaire. Le 19 octobre, les experts de l’ONU ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant au renforcement du siège et ont rappelé que « le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné à plusieurs reprises le recours à la famine des civils comme méthode de guerre, ce qui est interdit par le droit international humanitaire et pénal ». Le fait de priver de nourriture et d’eau une population entière, comme Israël le fait actuellement à Gaza, équivaut à une punition collective, également illégale au regard du droit international.

Ce cercle vicieux de conflits et d’insécurité alimentaire doit être brisé. Le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental et universel.

Afin d’éviter d’autres conséquences catastrophiques, nous demandons que soit rétabli pour les civils de Gaza un accès sûr, sans entrave et durable à la nourriture, à l’eau et à d’autres formes d’aide humanitaire. Les flux d’aide doivent être accélérés et augmentés de toute urgence, et doivent inclure du carburant pour faire fonctionner les hôpitaux et les pompes à eau. Nous soutenons le rétablissement du financement de l’UNRWA, qui est la meilleure organisation pour fournir l’aide humanitaire, de l’avis même des responsables israéliens et américains. Mark Miller, porte-parole du département d’État américain, a déclaré : « Il n’y a pas d’autre acteur humanitaire à Gaza qui puisse fournir de la nourriture, de l’eau et des médicaments à l’échelle de l’UNRWA ».

En outre, nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, à la fin de la violence et au retour des otages et des prisonniers, en tant que précurseurs d’un processus politique juste qui permettra d’instaurer une paix et une sécurité durables et de jeter les bases d’une sécurité alimentaire durable.

Enfin, nous appelons au respect du droit international et à la fin de l’utilisation de la nourriture comme arme de guerre.

Nous remercions le Groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) qui a publié une déclaration sur laquelle nous basons ce texte, mis à jour à partir de l’original publié le 24 octobre.