Dans ce numéro :
L’UNF demande une enquête sur le prix des engrais
Différend sur le commerce des produits laitiers avec l’ACEUM
Les fermières se méfient de l’accord sur l’utilisation des variétés
Nouvelles sur l’édition de gènes
Les fermières sont confrontées à des augmentations massives du coût du fer????lizer. Par exemple, pour la ferme de Don Ciparis, président de la NFUO, les prix du fer????lizer ont augmenté de 144 à 220 % entre le 7 avril et le 13 décembre 2021. Pendant ce temps, les grandes entreprises de fer????lizer – Nutrien, Yara, CF Industries et Mosaic – qui dominent le marché nord-américain du fer????lizer réalisent des bénéfices records. Nutrien prévoit que ses bénéfices de 2021 seront deux fois supérieurs à ceux de 2020, passant de 3,7 milliards de dollars à 7,1 milliards de dollars d’EBITDA.
Au cours de l’année écoulée, les médias n’ont cessé de parler de l’impact sur notre économie de l’augmentation des coûts due aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement, aux problèmes liés au COVID, à l’augmentation des coûts de l’énergie, etc. Pour les fermières, ces problèmes entraînent une baisse de leur revenu net. Pour les agriculteurs, ces problèmes entraînent une baisse de leur revenu net. Comment se fait-il que les revenus des sociétés de fer ???? qui opèrent dans la même économie montent en flèche ? Il s’agit peut-être d’une simple question de profit.
Lorsque les quatre plus grandes entreprises du secteur contrôlent plus de 40 % du marché, elles ont le pouvoir de se comporter de manière monopolistique. Les clients et les fournisseurs qui traitent avec elles sont confrontés à une situation à prendre ou à laisser en ce qui concerne les prix. C’est certainement le cas de fer????lizer au Canada.
L’UNF a déjà montré comment les fabricants d’engrais peuvent manipuler leurs coûts et leurs charges pour augmenter leurs bénéfices au détriment des fermières. Doug Scott, membre du conseil d’administration de l’UNF en Alberta, a fait remarquer que la seule différence constante entre 2020 et 2021 est que le prix des céréales a augmenté. Il semble évident que l’absence de concurrence dans le secteur des engrais permet aux entreprises d’augmenter leurs prix pour égaler ou dépasser les prix des produits de base, indépendamment de leurs structures de coûts internes. Les fabricants d’engrais réalisent des bénéfices exceptionnels, alors que les fermières sont confrontées à une augmentation massive de leurs coûts après que nombre d’entre elles n’ont pas eu beaucoup de récoltes en 2021 en raison de la sécheresse. »
Tous les programmes de gestion des risques de l’entreprise dans le cadre du Partenariat canadien pour l’agriculture dépendent d’un niveau substantiel de soutien de la part des contribuables, ce que les Canadiens acceptent généralement de faire afin de maintenir un secteur agricole viable. Le comportement anticoncurrentiel des entreprises et l’escroquerie conduiront de nombreux fermiers à la faillite, mais, tout aussi important, les prix exorbitants des engrais feront que les programmes de gestion des risques de l’entreprise serviront d’intermédiaire pour transférer des centaines de millions d’argent du contribuable aux entreprises qui se livrent à ces profits. Plutôt que de limiter les comportements anticoncurrentiels, les programmes gouvernementaux peuvent les favoriser, voire les financer.
Nous pensons que la seule façon de faire la lumière sur ces augmentations de prix est qu’un organisme indépendant comme la Commission de l’agriculture de la Chambre des communes enquête sur tous les facteurs qui contribuent à la fixation des prix des fer????lizers au Canada. Le 13 janvier, l’UNF a écrit à la Commission de l’agriculture de la Chambre des communes pour lui demander d’enquêter sur tous les facteurs qui contribuent à la fixation des prix des fer????lizers au Canada dans les plus brefs délais.
Pour lire la lettre de l’UNF????er, rendez-vous sur www.nfu.ca/fer????lizer-inquiry.
Vous pouvez appeler, écrire ou envoyer un courriel à votre député pour lui faire part de vos préoccupations concernant le prix des engrais. Utilisez votre code postal pour trouver les coordonnées de votre député. Aller à : https/www.ourcommons.ca/Members/en
ACEUM DIFFÉREND COMMERCIAL SUR LES PRODUITS LAITIERS
-par Cathy Holtslander, directrice de la recherche et de la politique de l’UNF
Le 4 janvier 2022, la décision concernant le tout premier différend commercial relevant de l’ACEUM (le nouvel ALENA) a été annoncée. Les États-Unis ont déclaré que l’approche du Canada concernant l’attribution de contingents tarifaires pour les importations de produits laitiers n’était pas conforme à l’accord. Le tribunal a tranché en faveur des États-Unis. Mais qu’est-ce que cela signifie pour nos fermières ?
Fiche d’information
Le Canada est le plus grand marché des États-Unis pour les produits alimentaires de grande valeur. Depuis la signature de l’accord de libre-échange de 1988, les accords commerciaux ont ouvert nos marchés aux importations en provenance des États-Unis, au détriment des denrées alimentaires produites au Canada. Notre système de gestion de l’offre se trouve toujours entre les transformateurs alimentaires américains et leurs ambitions d’obtenir un accès encore plus grand à notre marché de consommation rentable. Il n’est pas surprenant que le premier différend commercial dans le cadre de l’ACEUM ait porté sur les produits laitiers.
Dans le cadre de l’ACEUM (le nouvel ALENA ou ACEUM), le Canada a accepté de créer des « contingents tarifaires » (CT) qui permettent d’importer en franchise de droits 14 types de produits laitiers en provenance des États-Unis. La quantité maximale d’importations autorisée dans chaque catégorie est fixée selon un calendrier qui augmente progressivement le volume autorisé de produits d’origine américaine dans chaque catégorie chaque année pendant 19 ans. Toute importation supérieure à ces quantités de CT est soumise à des droits de douane élevés, ce qui la rend non rentable. Jusqu’à 85 % des contingents tarifaires de lait, de crème et de poudre de bu????er et de crème doivent être importés en vrac (pas de vente au détail) pour être transformés en produits laitiers utilisés comme ingrédients pour d’autres transformations. Un tarif est une taxe prélevée sur les importations.
En décembre 2020, l’administration Trump a ini????on ce défi commercial, affirmant que le Canada ne respectait pas l’esprit de l’accord commercial en n’allouant pas les contingents tarifaires de manière à maximiser les avantages pour les intérêts laitiers américains.
En janvier 2021, un groupe de nos alliés américains a exhorté l’administration Biden à abandonner la contestation commerciale. Voir Op Ed : Les groupes agricoles et les syndicats américains demandent à Biden de mettre fin à l’ACEUM aack sur le système de gestion de l’offre du Canada à www.nfu.ca/op-ed-cusma-a????ack. Cependant, les États-Unis sont allés de l’avant, ini????a????ngant un processus de groupe spécial d’arbitrage des différends en mai 2021.
La décision
Le Groupe spécial estime que la pratique du Canada consistant à réserver les pools de CT exclusivement à l’usage des transformateurs est incompatible avec l’engagement pris par le Canada à l’article 3.A.2.11(b) du Traité de ne pas « limiter l’accès à une allocation aux transformateurs ».
Rapport final du groupe spécial sur le contingent laitier canadien
La décision du groupe spécial de règlement des différends porte sur la méthode utilisée par le Canada pour répartir les contingents tarifaires entre les importateurs. Le Canada a créé un groupe d’importateurs potentiels susceptibles de demander une por????on du contingent tarifaire. Dans la plupart des 14 catégories, 85 à 100 % de ces importateurs potentiels sont des transformateurs (qui achètent du lait cru) ou des transformateurs secondaires (qui achètent des produits laitiers à des transformateurs pour en faire des ingrédients pour leurs produits). Le fait d’avoir des groupes distincts pour les importateurs qui sont des transformateurs ou des transformateurs secondaires et ceux qui sont des distributeurs aide le Canada à maintenir la stabilité et la prévisibilité du système laitier.
La décision exige que le Canada modifie la façon dont les contingents tarifaires sont attribués, mais ne dicte pas l’approche que le Canada doit utiliser – tant que les non-transformateurs ont un certain accès aux contingents tarifaires. En outre, la décision n’oblige pas le Canada à veiller à ce que toutes les importations potentielles de produits laitiers disponibles dans le cadre des contingents tarifaires soient satisfaites.
Le délai de mise en conformité du Canada est fixé au 3 février 2022. Le diable sera dans les détails quant au nouveau système d’allocation créé par le Canada. Le lobby laitier américain gagnerait à ce que le Canada importe davantage de produits laitiers et/ou à ce qu’une part plus importante des produits laitiers importés par le Canada soit transformée aux États-Unis, où les transformateurs américains pourraient engranger des bénéfices à valeur ajoutée.
Les détaillants américains opérant au Canada, tels que Walmart, bénéficieraient également de l’importation de lait bo????led, de fromages emballés, etc. directement auprès de leurs fournisseurs américains. Si une nouvelle approche en matière de contingents tarifaires favorise l’augmentation de la transformation aux États-Unis et que les revenus des transformateurs canadiens diminuent en conséquence, il pourrait en résulter une pression sur nos prix à la production et une nouvelle perte de parts de marché pour les produits laitiers canadiens.
LES FERMIERS SE MÉFIENT DE L’ACCORD SUR L’UTILISATION DES VARIÉTÉS
-par David Gehl et Cathy Holtslander
Les guides annuels des semences, attendus avec impatience, sont arrivés, apportant aux fermières des informations fiables sur lesquelles baser le choix des variétés de cette année. Ces publications fournissent depuis longtemps des informations objectives, impartiales et scientifiques. Les données contenues dans les guides de semences permettent de prévoir les performances agronomiques, la qualité des cultures et les réactions aux maladies attendues des cultures dans les champs des fermières. Les guides de semences présentent également des informations sur le statut de la propriété intellectuelle des variétés. Bien qu’elles soient souvent négligées lors du choix d’une nouvelle variété, ces informations doivent être prises en compte, d’autant plus que certaines variétés sont désormais vendues avec un accord d’utilisation de la variété (AIV). L’accord d’utilisation de variété est un projet pilote du groupe industriel Seeds Canada, dans le cadre duquel certaines entreprises mettent à disposition de nouvelles variétés spécifiques uniquement dans le cadre d’un contrat exigeant que le fermier paie une redevance à l’entreprise chaque fois qu’il utilise la variété pour des semences conservées à la ferme.
Les fermiers doivent connaître l’histoire de la loi sur les semences et ce qu’elle implique pour leur droit d’utiliser des semences de ferme.
Avant le 27 février 2015, le Canada fonctionnait selon le cadre de la protection des obtentions végétales (POV) de l’UPOV 78, qui ne restreint pas l’utilisation par les fermiers des semences conservées à la ferme pour plan????nger des cultures ultérieures. Depuis que le gouvernement a modifié la Loi sur la protection des obtentions végétales du Canada le 27 février 2015, de nouvelles variétés ont été mises en circulation dans le cadre de la protection des obtentions végétales de l’UPOV 91. L’UPOV 91 confère aux obtenteurs de végétaux des droits étendus sur les semences, mais inclut le privilège des fermiers en????tant les fermiers à reproduire, condi????on et stocker les varie????es pour les utiliser comme semences sur leurs propres fermes sans autre paiement de redevance.
En vertu de l’UPOV 91, les redevances au titulaire du droit d’obtenteur ne peuvent être perçues qu’une seule fois par vente, généralement lorsque la semence ini????al est vendue, mais si cela n’est pas possible, la loi autorise les entreprises à percevoir une redevance sur la culture récoltée à la place.
Les fermiers se souviennent probablement des consultations de 2019 au cours desquelles on leur a demandé s’ils voulaient que le privilège des fermiers soit éliminé et qu’ils paient à la place des « redevances de fin de campagne » obligatoires sur leur récolte en????re ou qu’ils aient des « contrats de suivi » qui les obligeraient à payer une redevance sur leurs semences conservées à la ferme. La réponse a été un « non » retentissant.
Malgré la réponse claire des fermières, Seeds Canada teste actuellement un système de contrat de suivi volontaire dans le cadre de son projet VUA. Les fermiers qui par????cipent signent un contrat par lequel ils acceptent de payer l’entreprise chaque fois qu’ils utilisent des semences de la variété conservée à la ferme. Le système VUA permet à l’entreprise semencière de percevoir des revenus de ces fermières chaque année après leur achat initial de la variété. Lorsque le Parlement a débattu des amendements à la loi UPOV 91 sur les droits d’obtenteur, les fermières se sont battues avec acharnement pour protéger la possibilité d’utiliser librement les semences de ferme. Les fermiers qui acceptent les DAV sont apparemment prêts à renoncer à ce principe.
La comparaison du statut de la propriété intellectuelle (PI) des céréales répertoriées dans le guide des semences actuel avec celui des années précédentes montre une tendance à l’augmentation des variétés génératrices de redevances. En 2015, le Saskatchewan Seed Guide a répertorié 193 variétés de cultures céréalières : 21% (41) sans droit d’obtenteur et 79% (152) avec UPOV 78. Aucun n’a imposé de restrictions à la capacité des producteurs de conserver et de planter les semences dans leurs exploitations. Dans le guide des semences de la Saskatchewan de 2022, 15,2 % (30 variétés) n’ont pas de droit d’obtenteur, 20,8 % (41) ont un droit d’obtenteur UPOV 78 et 61,4 % (121) ont un droit d’obtenteur UPOV 91 – et 5 (2,5 %) de ces variétés sont répertoriées comme ayant un accord d’utilisation de variété (VUA), auquel ne peuvent accéder que les fermières qui signent un con- traire acceptant de payer à l’entreprise une redevance annuelle afin d’utiliser leurs propres semences conservées à la ferme pour semer des récoltes ultérieures.
Le Saskatchewan Seed Guide 2022 contient une explication des droits d’obtenteur, y compris une description des ZIVU. Elle stipule que l’acheteur d’une variété d’AAV s’engage à payer au propriétaire de la variété une « redevance d’utilisation de la variété » annuelle chaque fois qu’il cultive des semences de ferme de cette variété, affirmant à tort que cette redevance est un « droit d’auteur ». Cette restriction de l’utilisation des semences de ferme semble être une tentative d’utiliser les contrats commerciaux pour remplacer les dispositions relatives au privilège des agriculteurs en vertu de l’UPOV 91. En effet, la loi canadienne sur la protection des obtentions végétales contient des clauses qui permettent d’adopter des règlements visant à supprimer ou à restreindre les privilèges des fermières. Ainsi, le projet pilote VUA pourrait également avoir pour but de normaliser le paiement des entreprises pour les semences conservées à la ferme afin de permettre à Semences Canada de convaincre le gouvernement fédéral d’introduire des changements réglementaires qui rendraient obligatoire le paiement de redevances sur les semences conservées à la ferme pour toutes les variétés de l’UPOV 91. Même sans modification de la réglementation, si, comme le propose Semences Canada, les DAV sont largement appliqués lors de l’introduction de nouvelles variétés, on assistera à un transfert massif de richesses des fermières vers les entreprises de semences. Les fermières ont clairement le choix. Il est temps que les fermiers canadiens votent avec leurs pieds et rejettent les variétés VUA !
David Gehl est producteur de semences et fonctionnaire régional. Il a dirigé pendant vingt-cinq ans l’unité d’augmentation des semences d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Indian Head, en Saskatchewan. Actuellement, il représente l’UNF au sein de l’équipe de travail sur l’enregistrement des variétés, dans le cadre du processus de modernisation de la réglementation des semences de l’ACIA.
Cathy Holtslander est directrice de la recherche et de la politique à l’Union Fermière Nationale. Elle fournit un soutien à la recherche pour faire avancer les recommandations politiques de l’UNF et, en collaboration avec les membres de l’UNF, analyse et critique les politiques agricoles et connexes existantes.
ÉDITION DE GÈNES NOUVELLES
Le Dr Ricarda Steinbrecher, biologiste et généticienne moléculaire basée à Oxford, au Royaume-Uni, a donné une explication extrêmement informative et accessible du fonctionnement des nouvelles techniques d’édition de gènes et de ce qu’elles peuvent faire – ainsi que de leurs limites et de leurs risques – lors de notre cours NFUniversité du 27 janvier. Si vous l’avez manqué, vous pouvez le visionner à l’adresse suivante : www.nfu.ca/nfuniversity/past-classes/ .
En mars, l’ACIA a l’intention d’annoncer la version finale de ses orientations réglementaires, largement inchangée par rapport à la version présentée lors des consultations publiques. La plupart des semences génétiquement modifiées seraient ainsi exemptées de toute surveillance réglementaire et des variétés de semences génétiquement modifiées seraient mises sur le marché sans qu’elles soient identifiées en tant que telles. Pour envoyer un message à la ministre Bibeau l’exhortant à empêcher ce changement, visitez le site www.nfu.ca/GMseedacti????on . Des informations supplémentaires sur cette question sont également disponibles sur cette page.