Region 8 | Opinion

Le service ferroviaire sur l’île de Vancouver est essentiel pour le développement économique, l’agriculture durable et la souveraineté alimentaire

Les districts régionaux de Nanaimo et de la capitale ainsi que plusieurs bailleurs de fonds des Premières nations sont mécontents de l’absence de progrès réalisés par la Island Corridor Foundation en vue de rétablir le service ferroviaire entre Victoria et Courtenay avec un embranchement vers Port Alberni.

Le service ferroviaire a été développé historiquement pour le transport du charbon, du bois et des passagers. La construction des chemins de fer a été confiée à des investisseurs privés qui ont obtenu des couloirs traversant les territoires des Premières nations et de vastes étendues de terres publiques avec des droits miniers en échange de l’obligation légale d’assurer des services de transport de passagers et de marchandises. L’agriculture s’est développée en même temps que la population de l’île, et une grande partie de la nourriture était produite sur l’île. Les taux de fret réglementés ont soutenu la production de bétail en faisant venir des prairies des céréales fourragères à des prix abordables, livrées par wagons sur des barges et distribuées par de multiples entreprises d’aliments pour animaux dans toute la région.

Le Crow Rate, créé par le gouvernement fédéral en 1897, a joué un rôle crucial dans le développement économique. Il s’agissait d’un faible taux de fret réglementé, qui a malheureusement été supprimé en 1995. Cela a permis aux céréales fourragères de l’île d’être aussi bon marché que partout ailleurs au Canada. En plus du taux de fret, il fixe une valeur de référence pour les céréales dans toutes les régions agricoles du Canada, et certainement sur l’île. Le tarif du Nid-de-Corbeau a profité aux consommateurs et aux acheteurs de céréales dans tout le Canada autant qu’il a aidé les fermières. Depuis la fin du tarif du Nid-de-Corbeau, les céréales fourragères, ainsi que les céréales alimentaires, sont devenues de plus en plus chères dans les régions périphériques du Canada. L’écart s’est creusé depuis que le gouvernement Harper a limogé en 2012 la Commission canadienne du blé (CCB), élue par les fermiers, et a cédé ses actifs à Bunge et à la Livestock Investment Corporation d’Arabie saoudite. La CCB a agi au nom des fermiers des Prairies et a pu exiger que le CN et le CP livrent en temps voulu les wagons chargés aux ports et aux utilisateurs finaux canadiens. Cet arbitre (la CCB) n’existe plus. Le CN et le CP gagnent plus d’argent en tirant 150 wagons jusqu’au port pour l’exportation uniquement et en les déchargeant à un seul endroit qu’en desservant les utilisateurs finaux au Canada, tels que les meuniers et les usines d’aliments pour animaux dans les basses terres continentales et sur l’île. Ces clients sont aujourd’hui mal desservis par des livraisons de wagons irrégulières et inopportunes, ce qui a pour effet d’augmenter le nombre de céréales transportées par camion. Le transport de produits par rail est plus efficace sur le plan énergétique et les émissions de gaz à effet de serre sont réduites de 95 % par rapport au transport par camion. Ainsi, les impacts climatiques d’un mauvais service de fret ferroviaire intérieur sont globaux.

Au cours des dernières décennies, l’agriculture canadienne a souffert de la mondialisation, de la déréglementation, de la consolidation et d’une politique gouvernementale zélée axée sur l’exportation. Les effets néfastes se font particulièrement sentir dans les régions périphériques comme l’île de Vancouver. Par conséquent, seule une très petite partie des aliments consommés sur l’île est effectivement produite ici. Le coût des aliments pour animaux pousse la production de bétail à quitter l’île. Le recensement agricole montre un déclin radical de tous les types d’agriculture. La population augmente régulièrement et nous dépendons de plus en plus des camions d’épicerie qui arrivent chaque jour par des ferries coûteux. Les épiciers pratiquent généralement des prix plus élevés s’il n’existe pas d’autres solutions que de s’approvisionner chez eux.

La production d’œufs, de poulets, de bœuf, de porc et de produits laitiers dans les environs est économiquement rationnelle, car elle génère toutes sortes d’activités économiques saines et est bénéfique pour la terre. Le seul obstacle est l’absence d’un approvisionnement fiable en céréales fourragères acheminées par chemin de fer. L’élevage de bétail, de produits laitiers et de volailles rendrait l’île moins vulnérable aux pénuries alimentaires en cas de changement climatique ou de catastrophes naturelles.

La mise en place d’un service ferroviaire viable sur l’île relève du bon sens économique. Le gouvernement Trudeau a annoncé une préférence pour le financement des infrastructures. Il nous suffit de présenter clairement les arguments économiques en faveur d’un service ferroviaire sur l’île de Vancouver. Cette question doit également être abordée par les ministres provinciaux responsables. Le service de ferry de la Colombie-Britannique est coûteux et les habitants de l’île de Vancouver méritent une infrastructure économique essentielle.

Jan Slomp
About the author

Jan Slomp

Jan Slomp and his spouse, Marian, have been dairy farmers since 1979, first in their native Netherlands and from April 1989 until 2015, in Alberta. They recently moved to BC and set up a new farm on Vancouver Island.

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