Région 1, Region 1-District 1 | Opinion

Parlons d’une garantie d’aide au revenu pour les fermiers

Par Rita Jackson, Directrice de la Région 1 de la Nationale des Fermiers
Publié à l’origine dans Atlantic Farm Focus, juin 2025

L’UNF-PEI a tenu son congrès annuel du District 1, Région 1 en avril 2025. Dans le cadre de ce congrès, les membres ont débattu et voté sur plusieurs résolutions, qui sont des positions politiques officielles guidant la défense des intérêts et les priorités de l’UNF. L’une des résolutions qui a suscité beaucoup d’attention était une proposition de garantie de soutien au revenu – un revenu annuel pour soutenir les futures fermières. Notre résolution propose un montant de 50 000 dollars par an pendant 10 ans pour les nouveaux fermiers. Quoi que vous pensiez de ces chiffres, il est temps que nous discutions de la possibilité de changer de cap.

Nous avons tout entendu. Pas de fermes, pas de nourriture. Les fermières nourrissent les villes. Pas de terres, pas de fermes. Des autocollants pour pare-chocs et des clichés. Des clichés parce que tout est vrai. Nous devons tous manger, et pour cultiver des aliments, nous avons besoin de terres arables – mais il y a très peu de terres arables disponibles. Ici, à l’Île-du-Prince-Édouard, si nous continuons à perdre des terres arables au rythme actuel, nous en perdrons la moitié d’ici 2050. Cela ne représente que vingt-cinq ans ! Un clin d’œil quand on y pense.

Où voulons-nous que notre nourriture soit produite, ici ou à 4 000 kilomètres de chez nous ? Quelle est l’empreinte carbone du seul transport ? Les aliments seront-ils conformes aux normes canadiennes ? Qui fera respecter nos normes et nos réglementations ? Le climat politique actuel nous montre que lorsque nous devons importer nos aliments, nous sommes à la merci des caprices des autres. Voulons-nous être souverains ? Un pays qui ne peut pas nourrir sa population ne sera pas un pays très longtemps.

Comme moi, notre cohorte actuelle de fermières vieillit. Nous devrons être remplacés dans les 10 à 20 prochaines années. Nous avons besoin de nouvelles fermières et de nouveaux fermiers, mais nombre d’entre eux ou de futurs fermiers se heurtent à des obstacles : le prix des terres, s’il y en a de disponibles, le coût des équipements et de tous les intrants nécessaires au fonctionnement d’une exploitation agricole. Comment faire pour que cela fonctionne ?

Tout d’abord, nos nouveaux fermiers auront besoin de terres. Nous devons protéger les terres arables dont nous disposons et les préserver pour nos futurs fermiers.

Deuxièmement, si nous préservons les terres pour l’agriculture, nos futurs fermiers doivent pouvoir y accéder. Prenons l’exemple d’une petite ferme biologique de 120 acres. Actuellement, le prix demandé pour une ferme biologique de 120 acres ici à l’Î.-P.-É. est d’environ 1 000 000,00 $. Un million de dollars, juste pour la terre, une maison et quelques bâtiments, mais pas d’équipement. Une hypothèque d’un million de dollars amortie sur 25 ans coûtera 5 816,05 $ par mois si les taux d’intérêt se maintiennent à 5 %. Les seuls paiements hypothécaires s’élèveront à près de 70 000 dollars par an.

Troisièmement, un prêt pour l’équipement – disons 500 000,00 $. Le futur fermier doit acheter du carburant, des semences et d’autres intrants, et attendre la récolte. Si notre fermiere plante des arbres fruitiers, elle devra attendre au moins 5 ans pour une récolte de fruits. Entre-temps, notre fermiere doit payer l’électricité, la nourriture, les vêtements – peut-être acheter un livre de temps en temps. Comment notre fermière fait-elle pour couvrir toutes ces dépenses ? Notre fermiere et son partenaire devront-ils tous deux travailler en dehors de la ferme pour subvenir à leurs besoins ? Beaucoup le font aujourd’hui : pourquoi est-ce ce que nous attendons de nos fermières ? Après avoir fait le calcul, je pense que 50 000 dollars ne suffisent pas.

La garantie de soutien au revenu contenue dans notre résolution UNF-PEI s’inspirait en partie du système de subventions mis en place par la province de Québec, qui utilise des critères tels que le niveau d’éducation d’un fermiere. Nous devons aller plus loin. Notre fermiere de demain ne cultive pas seulement de la nourriture pour nos citoyens, mais elle pourrait aussi améliorer le sol en ajoutant de la matière organique, en prévenant le ruissellement et la mort des poissons, en aidant à filtrer l’eau et à purifier l’air, en fournissant un abri pour la faune, les oiseaux et les insectes et une vue panoramique pour les touristes qui s’arrêteront pour prendre des photos des vaches qui traînent dans le pâturage. Je n’ai jamais vu un touriste prendre des photos d’un centre commercial ou d’une maison à l’emporte-pièce.

Nos fermières ont besoin de dignité économique. Leurs efforts pour produire des aliments sont à peine reconnus, sans parler de leur contribution au bien-être de l’air, des animaux sauvages, du sol et de l’eau.

Il n’est pas facile de fixer le bon montant pour une garantie de soutien au revenu, et je ne suis pas sûr d’avoir la réponse, mais je suis certain que nous devons en discuter.